L'inspecteur part en chasse 9

L’inspecteur part à la chasse 9,
A peine passé la porte de son bureau, le téléphone sonna. Il répondit aussitôt à son interlocuteur qui n’était autre que le procureur de la République. Ce dernier s’impatientait de n’avoir de nouvelles positives mais, quand il apprit que le dit Luc Chatier s’était suicidé, il fut un peu rassuré : un pédophile de moins à abuser des enfants. Bien sûr la mort d’un homme n’était jamais réjouissante mais là, il s’agissait d’un prédateur sexuel et il était à jamais hors état de nuire. Par contre, il fut contrarié pour l’autre abuseur infantile. Il fallait absolument l’interpeller dans la journée. Les bien-pensants de la ville commençaient à se plaindre. L’affaire faisait trop de bruit et la gazette locale en faisait ses choux gras. Il fallait absolument faire cesser ce tapage médiatique. Cela nuisait à la ville qui vivait essentiellement de tourisme. La courbe des vacanciers étrangers commençait déjà à baisser.
Qui plus est, la polémique battait son plein à quelques jours des élections. L’inspecteur lui promit de faire de son mieux pour enrayer la crise et arrêter le pédophile. Ses hommes étaient sur le terrain et les cyber gendarmes fouillaient les réseaux sociaux. Le magistrat lui donna le feu vert pour mener l’enquête et lui dépêcha une équipe supplémentaire ainsi qu’une brigade cynophile pour ratisser la ville et sa banlieue.
La conversation terminée, l’inspecteur raccrocha. Quelque peu excédé par les remontrances du procureur, il réfléchit à son affaire tout en se faisant un énième café. Il espérait que le piège « Julie » fonctionnerait ; c’était une question de temps et il en avait si peu devant lui. C’est alors que l’on tapa à la porte et après l’acquiescement d’usage, son collègue de la cybercriminalité entra, le sourire aux lèvres : il avait hameçonné Marcel Duchamp et une équipe de super gendarmes était sur le point de l’interpeller. Il ne manquait plus que l’accord de l’inspecteur. Ce dernier était content et il se dépêcha sur les lieux du flagrant délit, en l’occurrence le domicile du multirécidiviste. Il devait faire diligence pour le prendre en flagrance en train de discuter avec la pseudo adolescente.
En moins d’une demi-heure, ils étaient rendus sur les lieux et, après la sommation d’usage, pénétrèrent dans le vieil appartement. L’individu surpris, n’eut pas le temps d’éteindre son ordinateur : il était en plein chat avec « Julie ». Il s’était fait passer pour « Alexandre », jeune homme de dix-huit ans. Il faisait du chantage sur ses victimes en menaçant de publier leurs photos et sept d'entre eux, qui avaient succombé aux pressions, avaient rencontré le pédophile et avaient été agressés sexuellement. A la vue des chiens, l’individu pâlit soudain : l’inspecteur savait qu’il en avait une phobie, cela avait été consigné sur son dossier. Le pédophile tenta le tout pour le tout afin d’éviter d’être conduit au commissariat. Il supplia la police de le relâcher, promettant même de se repentir. En vain. Ils avaient découvert de nombreux montages photographiques ainsi que des vidéos le représentant lors d’ébats sexuels avec des enfants mineurs. Il s’agissait d’une détention illégale d’images pédopornographiques et  d’une consultation habituelle d'un site, mettant à disposition du public, l'image ou la représentation pornographique de mineurs. Enfin, l’inspecteur avait retenu, également, la diffusion de l'image d'un mineur, dans une pose à caractère équivoque, en utilisant un réseau de communication électronique. Alors, poussé dans ses retranchements par les gendarmes, il finit  par reconnaître ses relations sexuelles avec des mineurs de moins de quinze ans qu’il alpaguait sur les réseaux sociaux en se faisant passer pour un adolescent au pseudo d’ »Alexandre ». Les techniciens de l’informatique avaient fait parler son ordinateur et mirent en évidence la consultation régulière d’images pornographiques qui mettaient en scène des enfants.
L’inspecteur le fit arrêter sur le champ, confisqua tout le matériel compromettant : vidéos pornographiques, photo à caractère pédophile, ordinateur, téléphone portable…
Il n’avait pas eu besoin d’utiliser la force : l’intervention des bergers allemands avait suffi pour intimider et appréhender l’individu multirécidiviste.
La vice-présidente du tribunal de grande instance de Meurthe et Moselle félicita par lettre l’inspecteur et les policiers de la brigade des recherches et mandats pour cette interpellation d’un pédophile «dangereux».
A présent, la ville pouvait dormir tranquille, les enfants jouer dans les jardins et les parcs en toute sécurité et les touristes revenir visiter cette charmante région.
L’inspecteur était satisfait de son enquête et de son arrestation sans coup férir. Pour ces faits commis, le pédophile multirécidiviste risquait trente ans de réclusion assortis d’une peine de sûreté de vingt ans au moins !
Lucienne le 23.02.2016