L'inspecteur part en chasse 7

L’inspecteur part en chasse 7,
Il avait mis, par précaution, son réveil à sonner à cinq heures du matin : il se voulait fin prêt pour interpeller le dit Chatier à son domicile à six heures tapantes, heure légale du la procédure du code pénal. Il requerrait un cyber gendarme et un médecin psychiatrique ayant une qualification technique et scientifique, pour les nécessités de l'enquête. Il demanderait l’autorisation de faire une perquisition et de réquisitionner tout matériel et indices compromettant pour étayer ses soupçons. Le prendre en flagrant délit de possession de photos et vidéos pornographiques ou le surprendre sur les réseaux pédophiles serait pour l’inspecteur une belle réussite de son travail.
Pour l’heure, son plan bien établi, il ferma les yeux et s’endormit presque aussitôt : il était déjà deux heures du matin et il n’avait que trois heures devant lui. Mais sa courte nuit fut agitée de cauchemars. Il s’avançait, tremblant de peur dans une ville abandonnée… On disait d’elle qu’elle était hantée… Entre les bâtiments en ruine il crut entendre des bruits anormaux. Il essaya de calmer son pauvre cœur qui faisait des bonds dans sa poitrine. Pour une raison qu’il ignorait, il voulait faire le moins de bruit possible, se fondre dans la nuit. Sa torche à la main, il marchait à pas de loup en rentrant la tête dans ses épaules… Il regardait de droite à gauche, et se rendait compte qu'il n’avait jamais vu un lieu aussi sinistre… Avec les bâtisses poussiéreuses et à demi-effondrées, entre les carcasses de voitures en rouille, les petites rues effrayantes plongées dans le noir complet…
Et le réveil sonna le libérant de sa nuit mouvementée : il était en sueur, le cheveu hirsute, les vêtements froissés avec un mal de crâne insupportable à en avoir le vertige et des nausées, les yeux fatigués et troubles du manque de sommeil et l’esprit encore confus par son rêve horrible.
Il se leva lentement, se dégourdit les membres, bailla deux trois fois et passa dans son cabinet de toilette pour se réveiller définitivement. Il s’aspergea rapidement la figure, remit ses cheveux en ordre, se changea de propre et mit son stetson sur la tête avant de prendre son premier petit noir de la journée. A n’en pas douter, elle serait très longue et la cafetière risquait d’exploser !
Il se mit en rapport avec ses hommes sur le terrain pour savoir ce qu’il en avait été de leur surveillance : l’homme n’était pas sorti, les lumières avaient brillé toute la nuit et ils n’avaient vu ni entendu quoique ce soit d’anormal ou d’inquiétant.
L’inspecteur se fit amener rapidement au domicile de Luc Chatier et à l’heure légale, il donna l’assaut. Le mandat lui avait été accordé en hauts lieux. Le Procureur de la République lui avait donné carte blanche pour interpeller l’individu, par la force s’il le fallait.
Mais l’homme ne répondit pas aux sommations d’usage alors l‘inspecteur et son équipe défoncèrent la porte et la surprise fut de taille. il n’y aurait pas d’arrestation ni de poursuites judiciaires : l’homme s’était pendu  sans laisser d’explications à son geste. L’inspecteur était déçu et énervé de n’être arrivé à temps. Il manda le médecin légiste sur place pour constater le décès par strangulation. Mais la perquisition fut positive dans le sens où ils trouvèrent des photos de nus d’enfants, des vidéos et revues pornographiques à foison. Ils réquisitionnèrent le matériel informatique en vue d’analyse approfondie. Peut-être y trouveraient-ils un lien avec le pédophile récidiviste, Marcel Duchamp ? Ils se connaissaient tous plus ou moins dans ce milieu jusqu’à faire du sexting, pratique commune et très répandue sur le net. D’après le technicien en cybercriminalité, une nouvelle application était devenue le terrain de chasse préféré des collectionneurs de photos hot.
L’inspecteur ne pouvait plus rien faire pour le présumé pédophile Luc Chatier. Il quitta les lieux et se rendit chez son ami retraité et ancien  commissaire de police. L’air vif et frais de l’aube lui fit du bien et il se dirigea d’un bon pas vers les beaux quartiers de la ville  encore endormie…
Lucienne le20.02.2016