Un petit coin de campagne pour l'inspecteur 17

Un petit coin de campagne pour l’inspecteur 17, Fin
Après deux heures supplémentaires d’audition, de questions très orientées et de contre interrogatoire pour vérifier la cohérence des réponses, les policiers mirent fin à l’interrogatoire.  De toute manière, l’homme ne leur en dirait pas davantage qui pourrait leur être utile. Ils savaient l’essentiel de l’affaire et cela corroborait parfaitement aux éléments à charge qu’ils avaient en leur possession. En faisant leur enquête approfondie sur le prévenu, la connaissance de ses antécédents judiciaires et psychologiques les aida à choisir leurs questions afin d'obtenir des réponses concrètes et précises. Les questions ouvertes avaient été formulées avec soin. Ils s’étaient assurés des réponses données. Ils avaient réuni les indices et fait les vérifications nécessaires. Le résultat de la perquisition établie en présence du prévenu avait donné des résultats concluants et plutôt compromettants pour lui. Tout avait été minutieusement consigné dans les procès-verbaux. De la sorte, ils purent le mettre en garde à vue en confiance pour l’amener graduellement à faire ses aveux. Sa version des faits s’avérait convaincante avec les éléments qu’ils détenaient. Le prévenu gardait maintenant le silence et avait perdu son sourire narquois. Il se dandinait maladroitement sur sa chaise et attendait, semble-t-il, le signal pour regagner sa cellule. Il savait qu’il prendrait pour plus de vingt ans de prison pour proxénétisme aggravé et homicide volontaire, les menaces de mort contre Carlotta et sa fille: là, il avait menti sur ce point en affirmant que la mort était accidentelle.
A n’en pas douter, lors de son futur procès, le doute en sa faveur ne résisterait pas longtemps. Le jury serait certainement sans pitié pour ce tortionnaire récidiviste qui avait incité des jeunes filles mineures à la prostitution, roué de coups et assassiné de sang-froid la belle Carlotta en laissant orpheline une petite fille trisomique.
Il ne lui restait plus qu’à chercher un très bon avocat et attendre le verdict de la Cour d’Assise : il risquait la perpète sans remise de peine.
L’inspecteur était épuisé mais très satisfait. Il avait, avec l’appui et la compétence de son collègue, élucidé cet homicide en moins de soixante-douze heures : il lui restait quelques jours de vacances à prendre pour profiter de cette belle région vosgienne. A lui les échappées belles, les repas gastronomiques, les musées, les montagnes enneigées, le Lac Blanc, les abbayes, les petits sentiers de randonnée pour faire de grandes promenades, les bistrots typiques, les discussions avec l’habitant et pourquoi pas faire un tour par le parc d’attraction Fraispertuis et son far West  …  avant de retourner dans l’enfer de la ville. Il aurait du mal à tout faire en cinq jours mais il se lèverait en conséquence pour profiter au maximum de cette région.  
Il laissa les tâches administratives et judiciaires à son collègue et le saluant très chaleureusement, partit en direction du gîte. Son travail était terminé, le coupable était sous les verrous.  Il s’empressa à la salle de restauration en espérant qu’on le servirait encore : il était déjà vingt-deux heures et le déjeuner pris sur le pouce était déjà loin. Heureusement pour lui, le service était non-stop.
Il put ainsi se régaler d’une assiette de foie gras de canard poêlé, de topinambours, d’un pigeonneau rôti aux bluets des Vosges suivi d’un plateau de fromage et de desserts au choix, tout cela arrosé d’une bonne bouteille de vin du pays. Le repas achevé, il monta dans la chambre faire un petit somme d'une heure pour se requinquer un peu avant de commencer son périple et ses promenades si prometteuses et tellement attendues. De nuit, ce serait assez pittoresque de visiter ce petit coin de campagne.
Lucienne le 10.03.2016