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| LES EXQUIS MOTS À LA RIME S'ARRIMENT | |
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Auteur | Message |
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André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: LES EXQUIS MOTS À LA RIME S'ARRIMENT Mer 19 Sep - 19:56 | |
| Alphonse ALLAIS
L'EXPLORATEUR
Ah ! j'en puis raconter, de tragiques histoires !!! Lorsque nous traversions les déserts du Thibet, Nous n'étions pas mariols et nous faisions des poires ! Pensez : c'était la boustifaille qui manquait !
Pas de restaurant dans ces immensités noires ! Pas de Duval ! Pas de Chartier ! Pas de Buffet ! Pour calmer les cris de mes dents attentatoires, Je songeai que mon boy était bien grassouillet.
L'un de nous, bon tireur, couche un yack sur le sable. Un yack ! Voilà de quoi calmer notre estomac ; Et, sans tergiverser, nous nous mettons à table.
Nous mangeâmes un quart de l'animal ; mais diable ! Le soir, nos coeurs battaient de façon effroyable ! Ça devait arriver : c'est le mal du "quart d'yack".
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| | | Flamme Admin
Messages : 5250 Date d'inscription : 04/01/2011 Age : 77 Localisation : Près Bordeaux
| Sujet: Re: LES EXQUIS MOTS À LA RIME S'ARRIMENT Sam 22 Sep - 18:59 | |
| Je le dis bien : Ne pas tuer les animaux ...on risque d'y passer... Bel humour d'Alphonse Allais. | |
| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: LES EXQUIS MOTS À LA RIME S'ARRIMENT Lun 24 Sep - 12:05 | |
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| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: LES EXQUIS MOTS À LA RIME S'ARRIMENT Lun 24 Sep - 12:24 | |
| Michèle CORTI
LE CON
À vous traiter de con, Monsieur, je ne m’avance… Vous m’avez ébloui de votre suffisance Sachant parler de tout, en scandant vos propos, Portant la vérité comme on porte un drapeau, Foulant sans hésiter l’opinion des couillons, Au pied de vos idées et de vos convictions. Il monte en moi, Monsieur, l’énorme envie de rire Qui, si je l’exprimais, déchaînerait votre ire ! Juste un pétillement au fond de ma prunelle Pourrait vous intriguer, vous mettre sur la voie, Mais vous lancez déjà une autre ritournelle Et pour m’impressionner, vous donnez de la voix ! A quoi bon espérer troubler vos certitudes Je vous laisse planer : à si haute altitude On ne peut voir que l’aigle, et nous sommes moutons A vos yeux orgueilleux, pleins de satisfaction ! Plus impatient que moi vous fera la leçon N'hésitant pas, Monsieur, à vous traiter de CON!
Moralité :
Dire tout bonnement à quelqu'un qu'il est con Ne le convainc jamais, c'est une certitude... Sa connerie lui plaît, il en a l'habitude Il se vautre dedans, et de mille façons Vous démontre illico que c'est vous l'imbécile. Pour mieux vous le prouver il convoque en concile Tous les concitoyens qu'il a pu rassembler Se promeut orateur de la dite assemblée Mais commence d'abord par des conciliabules Pour mieux se rassurer et faire des émules Puis, très sûr de son fait, il harangue les foules Commande la hola, en de superbes houles Et vous vous retrouvez déconfit et sans voix Face au con triomphant qui vous montre du doigt! _________________
Alfred de MUSSET
S'auto-critiquant pour les défauts de son texte
J’ai fait un hiatus indigne de pardon ; Je compte là-dessus rédiger une note. J’en suis donc à te dire… Où diable en suis-je donc ? Ensuite, après avoir utilisé le mot « mahométanisme » : Diable ! j’ai du malheur, – encore un barbarisme. On dit mahométisme, et j’en suis bien fâché. Il fallait me lever pour prendre un dictionnaire, Et j’avais fait mon vers avant d’avoir cherché. Je me suis retourné, – ma plume était par terre. J’avais marché dessus, – j’ai soufflé, de colère, Ma bougie et ma verve, et je me suis couché. Tu vois, lecteur, jusqu’où va ma franchise. _________________
ANONYME
Ma poche à fonds secrets, ma bourse a son mystère Que, pour mieux la remplir, mon génie a conçu. Tardieu, comme Laval, promettait de se taire Et les bons Croix de Feu n’en ont jamais rien su.
Ainsi, sans rien donner de ce que j’ai perçu, Renvoyant mes amis aux soupes populaires, J’aurai, moi, jusqu’au bout de l’argent sur la terre Car, ayant demandé, j’ai chaque fois reçu.
Réconciliateur, la main qu’on m’a vu tendre J’ai sur la refermer et chacun put entendre Les applaudissements soulevés sous mes pas.
Ma Ligue, à mes desseins obstinément fidèle, Ne saura pas qu’ainsi je me suis foutu d’elle : Elle attendra l’heure H et ne la verra pas. __________________
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| | | Flamme Admin
Messages : 5250 Date d'inscription : 04/01/2011 Age : 77 Localisation : Près Bordeaux
| Sujet: Re: LES EXQUIS MOTS À LA RIME S'ARRIMENT Mar 25 Sep - 8:38 | |
| Michel Corti dit en de beaux vers ce que l'on constate bien souvent !!!! Bien des personnes affirment des choses, sur des personnes ou des faits sans en avoir chercher des preuves, sans même en connaitre le sujet ! Et si on conteste leurs dires ils rétorquent en vous traitant de tous les noms !!! Cela devient un discourt de sourds basés sur des insultes ! L''ignorance et l'orgueil en sont bien souvent les causes ! Merci André du temps que tu passes pour nous déposer des poèmes bien souvent inconnus ! | |
| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: LES EXQUIS MOTS À LA RIME S'ARRIMENT Mar 25 Sep - 17:59 | |
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| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: LES EXQUIS MOTS À LA RIME S'ARRIMENT Jeu 27 Sep - 12:45 | |
| Pierre LOUYS
L'actrice qu'on vint à choisir Pour ce beau rôle d'Andromède Passait pour prendre son plaisir Par où l'on prend plutôt remède C'est pourquoi l'on dit que, rêvant De nous fournir double carrière, Elle est Andromède en avant Et Persée aussi par-derrière. __________________
Alphonse ALLAIS
LE GARDIEN DE MUSÉE.
De tout ce saint-frusquin antique, - Gallo-romain ou gallo grec, - Le gardien avait le respect, L'admiration frénétique.
Et le visiteur britannique Ayant - d'un geste net et sec - Planté son couteau fanatique Dans une table en bois de teck,
Le sensible uniformifère Entre les pleurs et la colère Quelques secondes balança ;
Puis, montrant l'arme abominable Que l'autre en la table enfonça, Il lamenta : c'est "lame en table" !! _________________
Pierre BERTHELOT
Depuis que Madelon m'a vu Porter lunettes et calotte, Elle a secrètement pourvu À trouver un autre pilote.
Je ne l'en trouve pas trop sotte, Car il faut, pour vrai, confesser Que le navire branle et flotte Quand le mât ne peut plus dresser. _________________
Pierre Arturo AZERTY
AUTOPORTRAIT AU RAPPORTEUR
Traître typo arrête et tire ta rature Ta pure pitrerie aurait treize errata Raye tout titre auteur patati patata Trop petit papetier porte au trou ta pâture
Prote au rare toupet apparaît ta rupture Oui ta torte utopie atterrit et rata Tout autre trope eut tort et au pire tâta Pour perpette ta tare irrite et te torture
Prie apôtre ou pater pour ôter ta terreur Pour payer peu ou prou ta patriote erreur Et taire a priori tout trait prioritaire
Ô reporter au trot ta tête a pu tarir Opte pour ta retraite au pupitre ou par terre Ta roture oratoire ira partout pourrir. _________________
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| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: LES EXQUIS MOTS À LA RIME S'ARRIMENT Jeu 4 Oct - 11:55 | |
| Charles MONSELET
POTAGE À LA BARRIÈRE
Lorsqu'il fallut dîner dans cette auberge atroce, Le front de mon ami se rembrunit soudain. On mit notre couvert dans le fond du jardin Près d'un jeu de tonneau disloqué. Quelle noce !
Le potage manqua complètement d'attrait. Comme un lac d'un blanc terne. Alors rempli d'alarme Mon ami s'écria : "Quel bouillon ! Il faudrait Pour lui percer les yeux un fameux maître d'armes."
Je ne l'écoutais pas. Mon caprice suivait La fillette au jupon rouge qui nous servait. Opulente beauté - seize ans et du corsage !
Et j'allais répétant : "Vois donc quels yeux, mon cher !" Lui, tout à son idée et d'un accent amer : "Que n'a-t-elle jeté ses yeux dans le potage !" __________________
Charles-Timoléon de SIGOGNE (1560-1611)
SONNET
Votre tête ressemble au marmouset d'un cistre, Vos yeux au point d'un dé ; vos doigts un chalumeau ; Votre teint diapré l'écorce d'un ormeau ; Votre peau le revers d'un antique registre.
Votre gorge pendante un bissac d'un bélître ; Votre vieil embonpoint à celui d'un rameau ; Votre longue encolure à celle d'un chameau ; Votre bras à du plomb qui soutient une vitre ;
Vous passez soixante ans, faux fourreau de hautbois ; Vous avez vu régner neuf papes et cinq rois, Et vous êtes encor vêtue à la moderne !
Troussez votre paquet, vieille, c'est trop vécu : On vous fera servir à Paris de lanterne, Si vous pouvez souffrir un flambeau dans le c.. ! __________________
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| | | Flamme Admin
Messages : 5250 Date d'inscription : 04/01/2011 Age : 77 Localisation : Près Bordeaux
| | | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: LES EXQUIS MOTS À LA RIME S'ARRIMENT Ven 5 Oct - 12:15 | |
| - Flamme a écrit:
- Ils étaient un cru au 16ème siècle !!!
Charles-Timoléon de SIGOGNE un noble un peu vulgaire quand même ! Oui, tu as tout à fait raison. Fils du gouverneur de la ville de Dieppe, le sieur de SIGOGNE a pris part aux guerres de religion dans les rangs de la Ligue avant de se rendre, lors de la bataille d'Ivry à SULLY et de se rallier à HENRI IV. Vers 1593, il devient gouverneur du Dunois et de Châteaudun. Gravitant dans l'entourage de la favorite d’HENRI IV Henriette d'ENTRAGUES, marquise de VERNEUIL, dont il a fort probablement obtenu les faveurs, il était l’un des poètes favoris du roi qui le fit vice-amiral de Normandie.
Les poèmes du Sier SIGOGNE ne sont ni des modèles de style, ni des modèles de bon goût. Par leur mélange de précieux et de trivial, de vigueur et d'obscénité, d'éloquence et de maladresse, elles s'apparentent intimement à ces productions d'almanachs, qui furent la pâture du populaire jusqu'au milieu du XVII siècle. C'est, avant la plénitude de la culture gréco-latine, la décadence de l'esprit français, qui nargue en mourant l'école de MALHERBE. Cet art, cependant, a sa valeur, me semble-t-il, car il est le reflet fidèle d'une société pittoresque.
UN GRAND MERCI POUR TES FIDÈLES LECTURES ET COMMENTAIRES, FLAMME.
DE DE NOUS TROIS.
CARPE DIEM
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| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: LES EXQUIS MOTS À LA RIME S'ARRIMENT Lun 8 Oct - 12:25 | |
| Isaac du RYER
SONNET
M’étant pour le présent une chose impossible De vous payer le pet que j’ai perdu au cent, En voici un tout frais dont l’odeur rien ne sent, Contre son naturel, maniable et visible.
Prenez-le donc de moi plutôt qu’un invisible, Qui vous irait soudain par le nez saisissant, Ou bien si vous voulez que je m’aille efforçant, Vous entendrez tonner d’une façon terrible.
Toutefois, puisqu’un pet n’est sinon qu’un sont net, En vous faisant présent de ce petit sonnet, Je pense n’être plus envers vous redevable.
Puis un pet ne peut-être entièrement payé, D’autant que telle dette est si grande et notable, Que toujours le detteur en retient la moitié . __________________
Jean PELLERIN
LA GROSSE DAME CHANTE...
Manger le pianiste ? Entrer dans le Pleyel ? Que va faire la dame énorme ? L'on murmure... Elle râcle sa gorge et bombe son armure : La dame va chanter. Un œil fixant le ciel
- L'autre suit le papier, secours artificiel - Elle chante. Mais quoi ? Le printemps ? La ramure ? Ses rancœurs d'incomprise et de femme trop mûre ? Qu'importe ! C'est très beau, très long, substantiel.
La note de la fin monte, s'assied, s'impose. Le buffet se prépare aux assauts de la pause. " Après, le concerto ?... - Mais oui, deux clavecins. "
Des applaudissements à la dame bien sage... Et l'on n'entendra pas le bruit que font les seins Clapotant dans la vasque immense du corsage. _________________
Jules JOUY
LE SONNET DES HYDROPATHES
Quitte le restaurant discret ù vous soupâtes Niniche et toi, bourgeois vide et prétentieux ; Profitant du lorgnon que le vin sur tes yeux Pose, viens avec moi t’asseoir aux Hydropathes.
Pourtant, avant d’entrer, un mot : que tu t’épates Ou non, garde-toi bien des mots sentencieux Devant ce défilé de profils curieux ; L’endroit est sans façon, on n’y fait point d’épates.
Certes ne t’attends pas à trouver un goût d’eau Au Parlement criard que préside Goudeau ; Laisse à ton nez poilu monter l’encens des pipes ;
Et moins sot que Louis, aux canons bien égaux, Foudroyant les Téniers et leurs drôles de types, Du Cercle hydropathesque admire les magots. __________________
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| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: LES EXQUIS MOTS À LA RIME S'ARRIMENT Lun 22 Oct - 13:01 | |
| Alphonse ALLAIS
LE GARDIEN DE MUSÉE.
De tout ce saint-frusquin antique, - Gallo-romain ou gallo grec, - Le gardien avait le respect, L'admiration frénétique.
Et le visiteur britannique Ayant - d'un geste net et sec - Planté son couteau fanatique Dans une table en bois de teck,
Le sensible uniformifère Entre les pleurs et la colère Quelques secondes balança ;
Puis, montrant l'arme abominable Que l'autre en la table enfonça, Il lamenta : c'est "lame en table" !!
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| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: LES EXQUIS MOTS À LA RIME S'ARRIMENT Jeu 1 Nov - 18:12 | |
| Fabien JANSSENS
UN MOT D'ELLE
Juste un mot d’elle Qui me modèle Un cœur d’ idylle En aquarelle. Qui me maquille Des mots crus Ou des moqueries Qu’un mal accrut.
Juste un mot d’elle Qui m’aide au mieux Un peu de miel Si malicieux Un mot d’émoi Qui me démode L’humeur d’un moi Si peu commode.
Juste un chant d’elle Pour m'éclairer Beauté nouvelle Dans mes pensées Un chant d’amour Un champ de cœur Où le vent court Dans les saveurs.
Juste un chant d’elle Pour essaimer De l’éternelle Félicité Juste un peu d’elle Pour m’envoler Dans l’aquarelle De son été. _________________
Jules JOUY
LE SONNET DES HYDROPATHES
Quitte le restaurant discret où vous soupâtes Niniche et toi, bourgeois vide et prétentieux ; Profitant du lorgnon que le vin sur tes yeux Pose, viens avec moi t’asseoir aux Hydropathes.
Pourtant, avant d’entrer, un mot : que tu t’épates Ou non, garde-toi bien des mots sentencieux Devant ce défilé de profils curieux ; L’endroit est sans façon, on n’y fait point d’épates.
Certes ne t’attends pas à trouver un goût d’eau Au Parlement criard que préside Goudeau ; Laisse à ton nez poilu monter l’encens des pipes ;
Et moins sot que Louis, aux canons bien égaux, Foudroyant les Téniers et leurs drôles de types, Du Cercle hydropathesque admire les magots. _________________
Raoul PONCHON
LA PROIE POUR L’OMBRE
Bien souvent, deux époux assortis corps et âme N’ont, à certains moments, l’un pour l’autre plus d’yeux ; La femme va trouver un amant odieux. Et le mari s’impose une maîtresse infâme.
Vous me direz : « Mon dieu ! Changement de programme, Car le même toujours devient fastidieux. » Sans doute. Mais pourquoi changer en mieux… Tant qu’à faire, et s’il doit en résulter un drame !
Ces époux assortis, aux appétits changeants, Me font toujours l’effet de ces petites gens Qui profitent de leur repos hebdomadaire,
Pour - dans un restaurant assurément chanceux, Manger quelque infamie à la sauce madère, Pouvant faire un repas confortable chez eux. __________________
Edouard GUY
Lorsqu’il rencontre sur l’asphalte Une Manon qui lui sourit, L’œil allumé, Théo fait halte, Théo rit.
Et bientôt, n’étant pas de bois, Théo goûte un plaisir extrême Dont il se délecte… trois fois : Théor…aime.
Puis, un peu las de sa prouesse, Du sommeil du juste et du fort, Tournant le dos à son hôtesse, Théo dort.
Et quand arrive le matin, Le corps dispos, l’âme tranquille, En peinard, posant un lapin, Théo file. _________________
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| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: LES EXQUIS MOTS À LA RIME S'ARRIMENT Jeu 8 Nov - 12:32 | |
| Raoul PONCHON
LE VIN SUISSE
Il paraîtrait que les Anglais, Dont on connaît la tempérance, Pour se venger de nos pamphlets, Ne veulent plus des vins de France !
Ni Bourguignon, ni Bordelais. Je veux que m’emporte le Diantre, S’ils ne boudent pas leur palais, S’ils n’en veulent point à leur ventre.
Nos vins généreux et subtils, Ils vont nous les laisser pour compte, Ils ne boiront plus — disent-ils — Que du Vin Suisse, à notre honte. Je ne sais si vous avez bu Jamais du vin de l’Helvétie, Ou seulement même entrevu ? Quant à moi, je vous remercie…
N’en déplaise au docteur Pelet, Qui l’insinue à ses victimes, C’est un vin quelconque, incomplet, Sans nulles qualités intimes.
Il est lunaire, sépulcral, Et de dégustation brève ; Aussi vague que l’amiral Croisant sur le lac de Genève.
C’est à boire du « Cortaillod » Et du « Vinzel » et de l’ « Yvorne », Peut-être bien qu’Édouard Rod Est, en somme, un auteur si morne.
C’est grâce à son vin malplaisant Que la Suisse est pauvre en esthètes, Et qu’on trouve si peu d’accent Aux meilleurs chants de ses poètes.
__________________
RÉPONSE DU POÈTE TISSOT dans un Journal Suisse.
Monsieur Ponchon, dans son « Journal » Dénigre les vins Helvétiques. Il faut croire que l’animal N’en a jamais bu d’authentiques. Il plaisante le « Dézaley » Et se gausse de nos « Yvornes ».
Qu’il vienne donc dans nos caveaux, Tâter un peu de nos bouteilles. Il verra bien si ses Bordeaux Valent le nectar de nos treilles,
Il jugera si nos « Cully » Méritent ses calembredaines Et je l’attends aux clairs « Vinzel » Aux « Féchy », au doux « Villeneuve ».
C’est ce vin-là, méchant vantard, — On en garde ici souvenance — Qui jadis sauva vos lignards Par l’Allemand chassés de France. _________________
RÉPONSE DE PONCHON au poème de TISSOT
Ne fais donc pas tant de musique. Voui, mon vieux Tissot, j’en ai bu Du vin Suisse, et de l’authentique. Et j’en suis encore fourbu.
Je l’ai dit et je le répète : Qu’il soit du Vaud ou du Valais, Ton pinard ne vaut pas tripette, C’est le pire des reginglets. Que dis-je ? il rend bête. Et, la preuve Est pour moi faite à tout jamais De sa non-vertu. Je la treuve Dans cette rage où tu te mets.
Je ne me mets pas en colère, Moi. Je te le dis sans accès De fureur : ton vin ne peut plaire À mon estomac de Français.
Tes « Neuchâtels » et tes » Yvornes » Sont aussi plats que des valets ; Et tes « Villeneuve » sont mornes Comme les crétins du Valais.
Au « Montreux » que chante ta lyre Je préfère l’eau de Vichy. Je n’ai pas besoin de te dire Quoi me font faire tes… « Féchy ».
C’est du jus de queue de cerises, Tes « Pully » comme tes « Cully ». Autant vaut qu’on se gargarise Avec l’air de Funiculi…
Ton « Vinzel » n’a pas raison d’être. Quant à ton triste « Dézaley » Il est bon, au plus, pour y mettre Une morue à dessaler. Où tu perds quelque peu la tête, Mon vieux Tissot, c’est quand tu dis Qu’à l’heure de notre défaite, En dix-huit cent soixante-dix,
Votre vin sauva du naufrage Nos malheureux petits lignards. Outre que tu tiens un langage Peu généreux à tous égards ;
C’est précisément le contraire. Car, si je suis bien renseigné, Il acheva ceux que la Guerre Avait jusqu’alors épargnés. _________________
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| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: LES EXQUIS MOTS À LA RIME S'ARRIMENT Sam 8 Déc - 12:34 | |
| Raoul PONCHON
À M. LOUIS DIDON qui avait envoyé une terrine de foie gras du Périgord au Courrier Français, à l'occasion du Réveillon
Un poème, Didon, ta terrine de foie ! Des gens seraient sortis volontiers de prison Pour flairer seulement sa douce exhalaison. A son seul souvenir l'oeil du Courrier flamboie.
Pour payer ce chef d'œuvre il n'est point de monnoie, Et c'eût été trop peu de l'antique Toison : La truffe ambrosiaque y tenait garnison Et l'emplissait de grâce et d'amour et de joie.
Aussi, pour cet envoi gracieux, ô Didon, Nous te remercions en masse, mais, dis donc, Je vais te dire ici, - la vérité m'y pousse -
Quel est mon désespoir et le regret que j'ai : Je n'en eus, pour ma part, que gros comme le pouce ; Ce bougre de Quinzac a presque tout mangé. _________________
Raoul PONCHON
Le sonnet de Félix Arvers a son mystère. Les uns le trouvent bien, les autres mal conçus. Je suis de ces derniers et ne saurais m'en taire, Car ce fameux sonnet n'est pas d'un métier su.
Il aurait pu passer cent fois inaperçu Dans un tas de sonnets, mais il est solitaire. C'est ainsi qu'il a fait tant de potin sur terre, Et que par les badauts il fut si bien reçu.
Certe, on y voit des mieux à quoi l'auteur veut tendre : D'une il est amoureux qui ne veut pas entendre, Et dans son désespoir on le suit pas à pas.
Mais le poète doit toujours rester fidèle A la règle. Ainsi donc puisque Arvers fait fi d'elle, Son sonnet en tant que sonnet n'existe pas. _________________
Raoul PONCHON
LA PROIE POUR L’OMBRE
Bien souvent, deux époux assortis corps et âme N’ont, à certains moments, l’un pour l’autre plus d’yeux ; La femme va trouver un amant odieux. Et le mari s’impose une maîtresse infâme.
Vous me direz : « Mon dieu ! Changement de programme, Car le même toujours devient fastidieux. » Sans doute. Mais pourquoi changer en mieux… Tant qu’à faire, et s’il doit en résulter un drame !
Ces époux assortis, aux appétits changeants, Me font toujours l’effet de ces petites gens Qui profitent de leur repos hebdomadaire,
Pour - dans un restaurant assurément chanceux, Manger quelque infamie à la sauce madère, Pouvant faire un repas confortable chez eux. _________________
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| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: LES EXQUIS MOTS À LA RIME S'ARRIMENT Dim 13 Jan - 18:12 | |
| Raoul PONCHON
QU’EST-CE QUE TU FAIS CETTE ANNÉE ?…
Ce jour de l’an, un camarade Que je n’attendais du tout point, Vint me régaler d’une aubade, Et me dire à brûle-pourpoint :
« — Qu’est-ce que tu fais cette année ? » Sur le même ton qu’il m’eût dit : Quel est l’emploi de ta journée ? Ah ! la canaille ! le bandit !
Puis, réfléchissant qu’une année Est, hélas ! sans nulle merci, Presque aussitôt morte que née, Je lui répondis donc : « Voici : Bien entendu, ma vieille branche, Nous laissons de côté Janvier, Qui n’est guère qu’un long dimanche. Je commence par Février.
Or, en Février, j’ai la flemme. Je ne saurais rien combiner, C’est un mois trop court. On n’a même Pas le temps de se retourner.
En mars, si je bouge d’un pouce, C’est bien par curiosité ; Je vais voir si la feuille pousse À l’arbre de la Liberté.
Mais quoi ! tous les ans, je constate Qu’il n’est toujours qu’un échalas. En Avril, mon Dieu !… je me tâte Et j’attends les premiers lilas
De Mai. L’âpre désir me gagne, Alors, de fuir loin de Paris, Et de distraire à la campagne Si j’ose dire… mes esprits.
À ces fins, en juin, je consulte L’Indicateur, lequel, pour moi, Est comme une science occulte. J’y renonce, et je me tiens coi. En Juillet, si le soleil brille, Avec tout un peuple fringant, Je vais reprendre la Bastille… C’est mon mois le plus fatigant.
Si bien qu’en Août, mon petit père, Je bois, et j’y suis bien forcé. Faut-il pas que je récupère Sang et sueur que j’ai versés ?
En Septembre ?… voyons… que fais-je ?… Je ne puis pas me rappeler. Mais sois sûr que, comme au collège, Je ne dois guère me fouler.
En Octobre, encore qu’en panne Au sein de mon appartement, Comme le vulgaire profane, Je rentre officiellement.
En Novembre, mois triste et blême, Afin d’honorer mieux les morts, Ne voulant pas poser moi-même Pour un être vivant, je dors.
Et, pendant le mois de Décembre, À l’instar de Chose et Machin, Je fais, ce qu’ils font à la Chambre, De beaux projets pour l’an prochain. »
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