Pas de repos pour l'inspecteur 11

Pas de repos pour l’inspecteur 11,
Les deux policiers reprenaient espoir. Si ces faits s’avéraient réels et confirmés, cela voulait peut-être dire que la jeune fille était encore en vie. Mais il fallait prendre ces renseignements avec de très grandes précautions. Ce pouvait être une erreur voire une blague d’adolescents en manque de sensations fortes. Le commissaire composa le numéro du portable mis à sa disposition. Il eut comme interlocuteur un père de famille qui semblait abasourdi par ce coup de fil. Il n’était pas du tout au courant de cette histoire : son fils ne lui en avait pas parlé. Bien sûr, il savait pour Mélanie ; toute la ville d’Oléron ne parlait plus que de cette disparition. Et puis, il avait lu les médias et vu les informations à la télévision. Mais il n’en savait pas davantage. Néanmoins, il accepta de venir au commissariat avec son rejeton pour en discuter. En attendant leur arrivée, les officiers de police s’octroyèrent une petite pause cigarette : la première de la journée. Ils étaient tous deux impatients de cette entrevue qui serait déterminante pour la suite de leur enquête. Enfin, ils sauraient peut-être vers quel côté se tourner pour élucider cette affaire qui avait pris des proportions gigantesques et qui commençait à faire bouger le gotha de la ville. Les bien-pensants n’aimaient pas le regard malsain des médias sur leur localité qui vivait presque exclusivement de tourisme.
Sur ces entrefaites, on toqua à la porte du bureau : le père et le fils se tenaient droits, un peu inquiets sans doute de se retrouver dans un local de police. Le commissaire leur serra la main et les fit assoir. Le jeune homme semblait tourmenté, le visage pâle, les cheveux en broussaille, ses lunettes posées de travers sur le nez, les mains tremblantes et la voix quelque peu timide, presque timorée. Le commissaire lui soumit la photographie de Mélanie pour s’assurer que c’était bien elle qu’il avait vue dans les rues marchandes de Poitiers, il y a deux jours. Mais le garçon sembla tout à coup hésiter, il ne savait plus très bien, il n’était plus sûr.il y avait beaucoup de monde dans les rues ce jour-là : période de soldes dans les boutiques de prêt-à-porter et fête foraine sur la grand place qui avait attiré toute une foule hétéroclite de badauds. Alors l’inspecteur, mû par l’instinct lui montra le portrait d’Alexandre. Et le garçon, fronçant les sourcils, regardant de plus près la photo tressauta sur sa chaise. C’était lui qu’il avait aperçu en compagnie de la jeune fille : il était catégorique. Il ne pouvait pas se tromper. Il le reconnaissait à son énorme piercing à l’oreille droite et à son tatouage de dragon sur le bras. Cependant les officiers de police ne voulaient pas rester sur les dires d’un adolescent. Il leur faillait des preuves, voire d’autres témoignages pour étayer ces renseignements. Le commissaire se leva afin de signifier la fin de l’entrevue. Il les raccompagna à la porte et leur demanda de rester disponibles à fin d’un nouvel entretien. Le commissaire retourna se caler dans son fauteuil : il paraissait perplexe. Se pouvait-il qu’ils se soient trompés sur toute la ligne ? Que ce ne fut pas un enlèvement mais plutôt une fugue amoureuse ? Mais comment les deux jeunes gens avaient-ils pu se rencontrer ? Et pourquoi donc se cacher et laisser croire la famille à un kidnapping ? Les policiers voulant en être certains, se dirigèrent d’un commun accord vers l’établissement scolaire de Mélanie, munis des photos pour interroger les autres lycéens qui avaient posté sur Facebook. Cela tombait bien, c’était la fin des cours. Ils montrèrent les photos aux jeunes gens qui confirmèrent les dires du jeune homme. C’était bien eux qu’ils avaient vu déambulé dans les rues piétonnes de Poitiers. Ils étaient tous formels.
Alors les officiers de police foncèrent à l’université pour s’entretenir avec le recteur. Ils avaient besoin de savoir si l’étudiant était encore dans leurs murs. Le responsable alla fouiller dans ses dossiers pour en ressortir la fiche du jeune homme le portant démissionnaire depuis un peu plus d’un mois…
Lucienne le 30.03.2016