Pas de repos pour l'inspecteur 14

Pas de repos pour l’inspecteur 14,
Seulement voilà, les preuves étaient accablantes et les parents, décontenancés, ne pouvaient qu’accepter la situation. Ils repartirent quelque peu furieux et moins imbus de leur personne qu’à l’arrivée. Le commissaire leur avait asséné le coup de grâce. Ils rejetaient catégoriquement ce cas de figure : leur petite fille chérie et si bien éduquée ne pouvait pas s’être enfuie avec un homme. C’était impensable !
Le commissaire revint s’assoir au bureau : il réfléchit longuement et posément avant d’apostropher l’inspecteur. Il lui demanda ce qu’il pensait et comment il appréhendait la suite à donner à cette enquête. Il voulait être rassuré par son homologue. Mais ce dernier acquiesça et lui démontra a plus b qu’il avait fait son travail de policier dans les normes et qu’il n’était en rien responsable de la réaction des parents, trop Bcbg lui semblait-il. Il les avait un peu analysés pendant la discussion. C’était des gens très orgueilleux de leur situation sociale et ils n’admettaient pas qu’un des leurs puisse salir leur renommée. C’était sans doute la raison pour laquelle la jeune fille ne leur avait pas parlé de sa rencontre avec Alexandre : pas du même monde certainement ! Mais les jeunes gens d’aujourd’hui n’avaient pas du tout le même feeling ni le caractère d’autrefois. Ils étaient obstinés et très rebelles à la discipline parentale, surtout si elle datait d’un autre âge. Et puis, les lois avaient évolué et la majorité sexuelle étant fixée à quinze ans, Amélie n’était pas en infraction pénale conformément au droit national. Et il fallait encore prouver s’il y avait consentement ou non de la part de la jeune fille. Mais ceci était l’affaire des tribunaux.
Les deux hommes étaient lessivés de leur journée pleine de rebondissements. Ils attendaient les nouvelles des maitres-chiens diligentés à la villa abandonnée. L’heure n’était pas encore aux congratulations mais quelque chose disait aux deux hommes qu’elle s’approchait. Les deux fugitifs ne pouvaient plus aller bien loin maintenant. Les forces de l’ordre avaient quadrillé les plages et prenaient sans doute assaut de la villa à l’instant même. Ce n’était plus qu’une question de patience et d’attente pour les deux policiers. Ils posèrent alors, les pieds sur le bureau pour se détendre un peu les jambes. Le commissaire demanda au planton d’aller visiter la cellule de dégrisement pour savoir où en était l’homme de sa décuvaison. Il n’était plus suspect puisque, à priori, il n’avait enlevé personne. Il était dégrisé et le divisionnaire le fit remettre en liberté avec le conseil de se faire soigner et d’entamer une cure de désintoxication. Ce dernier, ne demandant pas son reste, sortit du commissariat presque en courant. Peut-être aurait-il enfin compris la leçon. Néanmoins, il était sous surveillance judiciaire et devait se rendre à ses convocations plus régulièrement sous peine de poursuites et pour parer à tout risque de récidive.
Les officiers, d’un commun accord, décidèrent d’aller manger un bout au resto du coin. Ils ne pouvaient rien faire d’autre qu’attendre et il était presque vingt heures. Ils avaient tous deux l’estomac dans les talons et avaient un grand besoin de changer d’air. Une fois les instructions données à ses subalternes, le commissaire emboîta le pas de l’inspecteur et ils se dirigèrent vers un snack encore ouvert. Ils commandèrent un sandwich et une bière et ils s’installèrent en terrasse. L’inspecteur en profita pour lui demander des informations supplémentaires sur les petits coins sympathiques à découvrir dans la région : il n’avait pas perdu de vue ses vacances charentaises. Le commissaire était très disert et lui donna quelques tuyaux sur des sites qui ne figuraient pas sur les guides touristiques. Il voulait lui faire découvrir l’arrière-pays, des endroits fort intéressants délaissés par les touristes et où il pourrait prendre de magnifiques photos en souvenir. Il lui parla de la baie d’Ars en Ré et de ses marais salants incontournables, son port de plaisance avec ses superbes voiliers, son fabuleux coucher de soleil, son écosystème remarquable entouré de zones de marais comme la réserve de Lileau…
Le commissaire était intarissable sur sa région et l’inspecteur ravi de ses renseignements qui lui éviteraient la ville et son chahut. Il n’avait pas l’âme citadine et préférait les chemins de traverse…
Lucienne le 02.04.02016