L'inspecteur n'est pas au bout de ses peines 3

L’inspecteur n’est pas au bout de ses peines 3,
L’inspecteur et le commissaire, leur tâche achevée, s’assurèrent que le site fut encore bien quadrillé pour la nuit. Ceci étant contrôlé, ils s’éloignèrent pour discuter. Ils choisirent un endroit sympathique et plus discret à l’écart de toute intrusion. Un petit banc de bois érodé leur offrit l’hospitalité dans un petit carré d’herbe, à l’ombre d’un saule pleureur. Ils conversèrent une dizaine de minutes sur les éventuels indices récupérés. Le commissaire semblait très inquiet et en fit part à son homologue. Il avait plusieurs meurtres à élucider dans un périmètre de cent kilomètres dont trois dans le même secteur et le modus operandi semblait le même : jeunes mineures retrouvés dans un ruisseau ou une rivière, les membres attachés et pas de traces exploitables pour trouver le ou les coupables. L’affaire commençait à faire grand bruit dans la ville. Les notables voulaient des explications et l’arrestation du responsable et les habitants avaient peur maintenant pour leur progéniture. Les écoles, les stades, les salles d’entraînement sportif et les piscines, tous les lieux fréquentés par des enfants étaient étroitement surveillés par des brigades spéciales. La police municipale était sur tous les fronts. Les gens avaient peur et saturaient les services de secours d’appels incongrus et de coups de fils anonymes : bref, une grande confusion proche de la panique régnait dans le centre-ville de Valence. La police était dépassée par les évènements tragiques d’autant qu’elle n’avait aucune piste fiable à ce jour. Le procureur de la République commençait à se fâcher sérieusement, poussé par l’élite de la ville. Il fallait que ces affaires soient bouclées le plus rapidement possible afin de calmer les esprits et rassurer les riverains. C’était la raison pour laquelle ce dernier avait dépêché en renfort l’inspecteur auprès du commissaire valentinois pour l’aider à élucider cette enquête épineuse et délicate le plus rapidement possible.
L’inspecteur se sentit très flatté : sa renommée de fin limier l’avait précédée. Il est vrai que ses dernières affaires avaient donné de bons résultats et sans doute était-ce la raison pour laquelle le procureur faisait appel à lui. Il travaillait encore à l’ancienne et cela s’était révélé payant. Il savait prendre les bonnes initiatives et taper sur la table quand cela s’avérait nécessaire. Quelquefois, il détournait un peu les lois sous couvert de son supérieur hiérarchique mais les résultats étaient toujours à la hauteur de ses espérances.
Pour l’heure, il mit sa fierté de côté et commença à réfléchir à cette affaire sordide. Qui était cette petite fille, où habitait-elle, était-elle scolarisée et où, que faisaient et ou étaient les parents à l’heure du crime, pourquoi n’étaient-ils pas sur les lieux, avaient-ils averti la police de sa disparition, de quand datait-elle, quelle était l’heure du crime, comment avait-il été commis, était-elle encore en vie quand elle a été jetée à l’eau, s’agissait-il d’un crime de maraudeur, d’un proche, d’un pédophile récidiviste, d’une vengeance ou d’un secret de famille ? Les crimes étaient-ils le fait du même individu, avait-il des antécédents judiciaires, auquel cas, la police le retrouverait dans les archives grâce aux empreintes prélevées et pourrait-les comparer avec celles des autres meurtres commis alentour. Etait- ce des crimes prémédités ou au hasard des rencontres ? Toutes ces questions demeuraient pour l’instant sans réponses et le temps pressait pour éviter d’autres jeunes victimes.
Alors, pour plus d’informations utiles et vitales, il leur fallait analyser les caméras de surveillance présentes à proximité des scènes de crime : cela leur permettrait peut-être d’établir le trajet du ou des tueurs. S’il s’agissait du même individu, était-il à pied ou motorisé ? Ils devaient aussi tenter de repérer grâce aux bornes relais si le même téléphone portable avait été localisé près des lieux des meurtres au moment des faits ainsi que les adresses IP reliées aux réseaux sociaux via internet.
L’inspecteur n’était pas au bout de ses peines …
Lucienne le 12.03.2016