L'inspecteur n'est pas au bout de ses peines 8

L’inspecteur n’est pas au bout de ses peines 8,
L’inspecteur n’était pas mécontent : l’affaire prenait belle tournure et le suspect était en passe d’être appréhendé. Il espérait que ce fut leur serial killer et qu’il fut à son domicile. Dans le cas contraire et par mesure de précaution, il téléphona à l’entreprise qui l’exploitait pour savoir sa destination actuelle. Ainsi il pouvait l’intercepter avec son véhicule de fonction sur son lieu de course. Puis il appela le procureur pour obtenir un mandat d’amener et de perquisition. Mais il s’intéressa aussi au deuxième propriétaire de chien pour éviter toute bavure policière. Il obtint son nom et son adresse par l’intermédiaire d’un vétérinaire de Valence : le chien était pucé électroniquement et c’était un excellent moyen d’identification pour en retrouver le maître. Il ignorait encore s’il y eut complicité entre les deux hommes ou un simple fait dû au hasard. Il dépêcha donc une brigade mobile à Mirmande pour s’assurer de son alibi le jour des crimes. Il n’avait rien trouvé de particulier sur lui dans les fichiers de police mais il ne devait écarter aucune piste.
Le commissaire se rasséréna et il proposa à son homologue un petit intermède. Une petite pause-café leur ferait le plus grand bien. Il était déjà dix-sept heures et ils avaient bien travaillé. Ils se dirigèrent alertement vers un petit salon de thé qui jouxtait le commissariat. C’était un endroit charmant pour manger en toute convivialité. Ils s’offrirent une pâtisserie typique de Valence, le Suisse, petit biscuit en forme de bonhomme avec des écorces d’oranges confites et parfumé à la fleur d’oranger, accompagnée d’une belle part de Pangée, un gâteau savoureux à base de miel et d'amandes.
Ils discutèrent longuement de leur enquête commune, très satisfaits de son avancée et des résultats obtenus. A n’en pas douter, avant la fin de la journée, le psychopathe serait sous les verrous. La commune valentinoise pourrait dormir sur ses deux oreilles. Les enfants pourraient vaquer à leur occupation quotidienne et jouer dans les rues en toute tranquillité. La surveillance policière serait alors levée et la ville pourrait retrouver sa quiétude normale.
Le petit en-cas terminé, les deux hommes rejoignirent d’un bon pas le commissariat : ils étaient en pleine forme, l’esprit serein pour accueillir le présumé coupable. Ils se concertèrent pour monter un plan d’action en vue de l’interrogatoire. La manière d’approcher et de communiquer avec un serial killer était assez différente de la norme d’un tueur dit « normal » : ils auraient besoin de médecins spécialistes pour savoir ce qu’il avait dans la tête. Pour les deux hommes, c’était la première fois dans leur carrière qu’ils avaient à faire à un tel individu. Mais l’inspecteur était confiant et il redonna du cœur à l’ouvrage et de la confiance à son homologue. Celui-ci saurait aborder les questions adéquates secondé dans sa tâche par les psychologues et psychiatres mandés pour cette affaire. Ces tueurs-là étaient très manipulateurs et ils lisaient dans les médias tout ce qui paraissait à leur sujet. Ils avaient, par conséquent, le don d’anticiper à merveille toutes les questions posées. Grâce au profilage effectué, les policiers savaient l’essentiel sur ce tueur en série. Ils ne leur restaient plus qu’à savoir le pourquoi de ses crimes.
Il semblerait que son périple meurtrier eut commencé à la suite de son divorce tumultueux et à la perte de la garde de sa fille. Ceci expliquait-il cela ou était-il déjà prédestiné ? Il leur faudrait fouiller dans sa petite enfance. Avait-il subi des dégâts psychologiques irréversibles qui s’étaient réveillés subitement à la suite de son traumatisme de séparation ? Aurait-il été soumis à des actes de torture, des abus sexuels, du harcèlement scolaire ou parental ? L’audition le confirmerait sans doute mais il faudrait y aller avec prudence pour ne pas le retrancher dans ses aveux.
Les deux policiers devenaient impatients. Ils avaient hâte de se retrouver en présence du prévenu et de l’interroger sur ses actes pour le moins horribles…
Lucienne le 17.03.2016