L'inspecteur n'est pas au bout de ses peines 5

L’inspecteur n’est pas au bout de ses peines 5,
L’inspecteur était maintenant fourbu. Sa journée avait été très longue et il n’avait pas pris un seul instant de repos. Après une succincte toilette, il se jeta sans tarder dans le lit au carré parfaitement ajusté par le précédent occupant. Et il s’endormit comme une masse.
Ce furent des coups assénés à la porte qui le réveillèrent brusquement. C’était le divisionnaire en personne qui lui apportait un bol de café bien chaud et un croissant : il était déjà huit heures du matin. L’inspecteur n’avait pas vu la nuit passer, rompu de fatigue qu’il était. Le commissaire avait des nouvelles fraîches à lui communiquer. Les résultats d’analyse étaient tombées : la petite fille n’était pas morte noyée, elle n’avait pas d’eau dans les poumons mais présentait des signes probants d’asphyxie post-mortem par strangulation. Et le commissaire de rajouter que c’était le même mode opératoire pour les autres victimes. De plus, d’après les photos prises sur les lieux des crimes, les enfants se ressemblaient par leur blondeur, leur jeune âge, leur corpulence maigrelette… il s’était fait faire parvenir les dossiers des autres districts par fax ainsi que les résultats d’ADN : toutes les victimes avaient été violentés et il s’avérait que c’était par le même individu qui sévissait dans la région. Ne restait plus qu’à visionner les films de toutes les caméras de surveillance des districts concernés pour les comparer et rechercher éventuellement le serial killer dans les parages des lieux de crimes. Il leur faudrait attendre un peu plus longtemps pour avoir les résultats des bornes relais et des liaisons internet mais le fait semblait d’ores et déjà bien établi : l’homme serait peut-être cerné voire arrêté dans la journée. L’affaire prenait bonne allure, se disait l’inspecteur mais méfiance.
Le commissaire rejoignit son bureau en attendant que l’inspecteur se préparât. Ce dernier avait le cheveu hirsute car il n’avait pas eu le temps de se donner ne serait-ce qu’un coup de peigne pour accueillir son homologue. Il profita de ce petit intermède pour récapituler mentalement l’affaire en cours.
Donc il s’agissait sans aucun doute d’un serial killer. Une étude plus approfondie en matière psycho criminologique pourrait amener les enquêteurs à identifier la signature de ce criminel, qui se distinguait du mode opératoire en ce qu'elle était inconsciente. Si ce type de criminel semblait agir sans mobile apparent, une motivation profonde était pourtant à l'œuvre dans chacun des passages à l'acte. Psychiatres, psychologues et criminologues s'employaient donc à décrypter cette motivation. En effet, le tueur en série ne tuait pas par idéologie (même s'il put parfois sélectionner ses victimes sur des critères ethniques, religieux, sexuels ou autres), par fanatisme, et généralement pas non plus par appât du gain. Le moteur du tueur en série avait fréquemment le sentiment de toute-puissance que lui procuraient ses crimes, qui mêlaient généralement le sexe et la mort. Il était vrai qu'une forte proportion de tueurs en série avait subi des violences ou des agressions sexuelles durant l'enfance. Ce psychopathe était passé trop de fois au travers des mailles du filet. Il fallait absolument l’empêcher de faire encore appel à ses pulsions meurtrières. Il demanderait au procureur de diligenter une équipe cynophile pour faire faire des battues à proximité des lieux de crime. Quelquefois, ce genre de dyssocial retournait sur les lieux de leurs forfaits pour voir avancer l’enquête et proposait même leur aide dans la recherche.
Sa toilette terminée, le cheveu sagement lissé et gominé, l’inspecteur rejoignit son collègue. Ils établirent des plans d’action pour la journée et passèrent quelques coups de fils essentiels aux différents services de gendarmerie concernés. Ils devaient être en parfaite corrélation pour agir efficacement. L’individu devait être appréhendé le plus rapidement possible pour éviter un nouveau meurtre et pour apaiser la population valentinoise de ce déballage déjà trop médiatisé….
Lucienne le 13.03.2016