L'inspecteur n'est pas au bout de ses peines 7

L’inspecteur n’est pas au bout de ses peines 7,
Ils dépêchèrent des brigades spéciales pour repérer les deux propriétaires de labradors : un à proximité de Mirmande et l’autre dans un canton de Valence à Bourg Lès Valence plus précisément. Ils espéraient bien pouvoir les interroger dans la journée sur leur emploi du temps à la date des crimes. Et pourquoi pas, les appréhender en tant que présumé coupables, tout du moins un des deux.
Pour l’heure, il était midi trente et ils avaient grand besoin de se restaurer et de faire une petite pause. Ils se rendirent à la brasserie et s’offrirent une bière en guise d’apéritif avec quelques tapas, histoire de se dégourdir les mâchoires et de combler un peu leur creux d’estomac.
Ils s’assirent confortablement dans leur petit coin tranquille de la veille et discutèrent cordialement de la pluie, du beau temps, des affaires non classées, de la petite délinquance, des grands caïds de la drogue qui commençaient à sévir dans la région, de la prostitution montante dans les vieux quartiers de la ville, des braquages tout azimut : ils étaient intarissables sur leurs enquêtes respectives.
Ils se régalèrent d’un succulent risotto d’épeautre à la truffe suivi d’un plateau de fromages de la région et pour le dessert les fameuses profiteroles au nougat, le tout arrosé d’un délicieux Hermitage.
Une fois les ventres bien repus et le petit noir avalé, ils repartirent rapidement en direction du commissariat. Les analyses du laboratoire médico-légal étaient sur le bureau. Les empreintes prélevées sur les indices récoltés avaient été identifiées grâce au fichier automatisé, le FNAEG et elles appartenaient à un certain Emilien TROUVIER, résidant à Valence et dont la profession était chauffeur de taxi. Il avait été appréhendé plusieurs fois pour excès de vitesse mais aussi pour coups et blessures sur la personne de son ex-femme. Elle avait porté plainte contre son mari et avait demandé le divorce. L’affaire était passée en jugement : il avait écopé de trois de prison avec sursis et quarante-cinq mille euros d‘amendes, avec l’interdiction d’approcher le domicile conjugal. Ils avaient une petite fille de huit ans, restée à la garde de la mère.
Ceci correspondait au profil d’un individu mal à l’aise envers les enfants de l’âge de sa fille qu’il avait perdue dans la bataille juridique. Peut-être se vengeait-il de sa femme en s’en prenant aux enfants ? Sa profession aussi correspondait parfaitement sachant que les courses pouvaient être demandées par des clients pressés sur des distances de cent kilomètres voire beaucoup plus. Si le client le demandait, la note devait mentionner son nom, le lieu de départ et le lieu d'arrivée de la course. Elle devait être établie en double exemplaire : un était remis au client, le double étant conservé par le prestataire pendant une durée de deux ans. Ils pouvaient donc remonter les faits incriminés sur ce laps de temps dans la région : le taximètre serait une preuve légale de ses séjours à proximité des lieux de crime.
Les deux hommes se congratulèrent mutuellement : l’affaire prenait un très bon chemin d’élucidation. Ils ne leur restaient plus qu’à arrêter ce chauffeur de taxi, de confisquer son véhicule en fin d’analyse au Blue star et de relever le compteur de la voiture pour vérification de courses.
Mais le commissaire était dans ses petits souliers : pourquoi ne pas avoir pensé plus tôt à toutes ces techniques de recherche d’un individu ? Il avait du pain sur la planche pour se mettre au goût du jour pour ne pas renouveler pareille bavure. Il aurait évité peut-être quelques nouvelles victimes. Il avait très mal apprécié la situation et les informations des autres districts de police ne lui étaient pas parvenues correctement. Il lui faudrait remédier à tout cela rapidement pour qu’il n’y est pas déballage en place publique : il risquait d’y laisser sa réputation et ses galons d’officier…
Lucienne le 16.03.2016