Un petit coin de campagne pour l'inspecteur 6

Un petit coin de campagne pour l’inspecteur 6,
Il se dépêcha de regagner la table dressée pour lui. Il avait demandé à dîner dans un petit coin à l’écart pour pouvoir travailler tranquillement après le repas. Ce dernier était à la hauteur de son appétit, buffet campagnard à volonté composé de quiches et pizzas pour l’entrée, d’une pièce de bœuf sauce bordelaise, de salades et d’un plateau de fromages, le tout arrosé d’un vin blanc du pays. Une fois le dessert englouti, une tarte tatin meringuée au caramel et beurre salé maison et le petit noir avalé, il se pencha sur ses notes pour récapituler les faits. Il passa quelques coups de fil très importants et demanda l’aide d’Interpol pour retrouver le véhicule en question. Son immatriculation semblait être le canton de Vaud en Suisse : il ne devait pas y avoir des tonnes de Bentley noires à circuler aux alentours de Lausanne et du Lac Léman ! Ceci étant fait, il rappela ses collègues policiers du bourg voisin pour leur donner rendez-vous l’après-midi même pour faire un petit briefing. Il aurait sans doute besoin d’eux dans les jours à venir et surtout, d’une voiture de fonction pour se déplacer dans la campagne. Il était à pied depuis son arrivée et s’était déjà pris une belle gamelle de vouloir aller plus vite que la lumière : il était un peu rouillé, l’inspecteur et n’aimait pas les bains de boue, les caillasses encore moins !
Il compulsa son carnet et reprit mentalement l’affaire par le début. Il fallait absolument que les indices recueillis parlent et surtout soient fiables. Il savait qu’une affaire, pour être élucidée, devait être dirigée de main de maître dans les premières heures du forfait. Mais, dans les circonstances présentes, le meurtre avait eu lieu un mois plus tôt, ce n’était pas la scène du crime ; il avait plu à seau d’eau ce qui était très néfaste pour les relevés d’empreintes, il ne connaissait pas l’identité de la victime : bref, tous ces contretemps rendaient l’affaire plus compliquée à résoudre.
L’inspecteur était nerveux pour le coup : il tenait absolument à boucler l’enquête le plus rapidement possible pour enfin prendre quelques jours de repos et de farniente dans cette belle région des Vosges. Il comptait bien prendre quelques sentiers pour admirer de plus près ces massifs montagneux, faire le tour des plans d’eaux et tourbières lacustres réputées, puis un petit détour par la Route des Crêtes si elle n’était pas trop enneigée. Mais pour le moment, tout cela restait dans ses rêves : l’heure était au travail et à la résolution de son énigme ! Il ne devait pas s’éparpiller sous peine de perdre trop de temps.
Donc, la victime s’appelait Carlotta, d’origine italienne peut-être mais qui était l’enfant citée par la serveuse et que venait-elle faire dans cette sordide histoire ?
Sur ces entrefaites, le portable vibra : c’était les services des cartes grises suisses qui l’appelaient. Ils avaient l’identité du propriétaire de la voiture, un certain Omar KAFY. La police helvétique avait retrouvé ses traces : il était originaire de Syrie et naturalisé en Helvétie depuis peu. Il habitait dans une immense propriété de Lausanne, à l’abri des regards. Ils n’en savaient pas plus mais ils avaient dépêché une brigade d’intervention pour le cueillir à son domicile à fin d’interrogatoire.
L’affaire commençait à prendre bonne tournure pour l’inspecteur : il ne restait plus qu’à attendre les résultats et éventuellement l’extradition de ce ressortissant syrien si l’homicide lui était reconnu.
C’est alors qu’arrivèrent les policiers, à l’heure exacte du rendez-vous et le sourire aux lèvres
…
Lucienne le 28.02.2016