Lucienne MARTEL
Messages : 3013 Date d'inscription : 14/10/2015 Age : 70 Localisation : LIMOUX
| Sujet: Un petit coin de campagne pour l'inspecteur 16 Jeu 10 Mar - 7:57 | |
| Un petit coin de campagne pour l’inspecteur 16, Alors, excédé, l’inspecteur changea sa méthode d’interrogatoire. L’entretien se devait d’être souple pour ne pas énerver davantage le suspect. Il savait où il voulait en venir et ne devait pas perdre son objectif de vue. Il respecta donc les pauses sans interrompre son interlocuteur. La précipitation dans le cas présent était mal venue : l’homme était un récalcitrant et connaissait les rouages de la machine judiciaire. Si les phrases de l’inspecteur contenaient plusieurs questions, ce dernier prendrait le risque de voir son suspect ne répondre qu’à celles qui l’intéressaient en omettant les questions essentielles pour l’enquête. Il choisirait donc ses mots en conséquence quitte à prolonger l’audition. De connivence avec le commissaire, il s’adapta au sujet pour acquérir une connaissance suffisante de son caractère. Ainsi, la technique méthodique de l’interrogatoire ne prendrait son véritable développement que dans des conditions de nature psychologique qui se rapportaient principalement à l’examen de l’inculpé. Cet examen était réclamé de plus en plus pour la constitution d’un dossier de personnalité qui serait à la base du jugement répressif. Mais son utilité se faisait sentir dès le début de l’instruction, sans pouvoir faire de coupure entre le jugement et l’instruction, l’un étant la suite de l’autre, ni de séparation entre les preuves morales et les preuves matérielles, les unes éclairant les autres. La connaissance d’un individu ne s’acquerrait pas d’un coup, mais progressivement, à mesure de l’information et de l’observation et cela d’autant plus que l’inculpé se montrait sous un jour emprunté, voire arrogant comme dans le cas présent. Ils n’obtiendraient rien en mettant une pression continuelle, sauf éventuellement de faux aveux. L’interrogatoire était un moment épuisant mais fort, une source énorme de gratification ou de frustration. C’était comme une partie d’échecs. L’inspecteur referait ensuite les coups dans sa tête. Et la tactique fonctionna à merveille. Le présumé coupable fut soudain décontenancé par la nouvelle tournure de l’interrogatoire et lorsque les policiers lui montrèrent les photos de la victime, il sembla chanceler, se ramollir soudainement. Le coup de grâce lui fut porté avec les résultats d’ADN à l’identique du sien. Son ordinateur aussi avait parlé en sa défaveur ainsi que les photos récupérées à son domicile. L’homme fut acculé dans ses retranchements : il se montra moins cassant et moins agressif envers les policiers. Il avait perdu son air goguenard et ses petits mots d’esprit. Pour l’inspecteur ce fut payant d’expliquer au prévenu les bénéfices qu’il retirerait à dire la vérité: une procédure plus courte, moins d’interrogatoires, un droit de visite des familles … L’homme savait qu’il avait perdu la partie et face aux deux policiers tenaces, il se tassa sur sa chaise et avoua les faits tels qu’ils les avaient vécus. Ces mensonges ne prenaient plus prise sur les interrogateurs avertis et bien décidés à obtenir la vérité sur ce meurtre sordide. « Je connaissais Carlotta depuis à peu près quinze ans, elle avait travaillé pour moi et était mon meilleur élément. Mais elle s’était retirée du métier pour se marier et je l’ai perdue de vue le temps de mon incarcération. Lorsque j’en suis sorti, je n’avais plus un sou vaillant et j’avais besoin de me remettre à flot. Je lui ai alors demandé de reprendre du service mais elle ne voulait plus. Une dispute violente s’ensuivit alors ; j’avais trop bu ce soir-là, Monsieur l’inspecteur et j’ai vu rouge. Elle voulait porter plainte à la gendarmerie pour coups et blessures, incitation à la prostitution et me dénoncer pour faire tomber mon réseau : je savais que j’en aurai pour plus de dix ans pour récidive et je l’ai attrapée par le cou pour la faire taire. Et j’ai serré, serré jusqu’à ne plus rien entendre. C’était un accident, Monsieur l’inspecteur, je n’avais pas l’intention de la tuer. Mais mes affaires allaient si mal et elle seule savait former les filles et les amener sur le métier. Je savais qu’elle avait une enfant malade et je lui fis pression pour qu’elle acceptât ma proposition mais il n’y eut rien à faire. Vous savez la suite, Monsieur l’inspecteur. » Et l’homme de continuer sa litanie à n’en plus finir, cherchant à se disculper d’un meurtre prémédité, auquel cas il en aurait pour perpète. Il le savait pertinemment et se défendait comme un beau diable. L’important pour les policiers était de ne pas en rester là. L’aveu n’était qu’un début. Il fallait continuer à écouter, continuer à chercher le pourquoi et le comment du crime, pour verrouiller et consolider l’enquête… Lucienne le 09.03.2016
| |
|
fripou Admin
Messages : 3365 Date d'inscription : 17/10/2010 Age : 60 Localisation : Gironde
| Sujet: Re: Un petit coin de campagne pour l'inspecteur 16 Jeu 10 Mar - 8:04 | |
| L'homme a beau se trouver des excuses, il ne semble pas regretter ses actes ignobles. L'inspecteur fait montre d'une belle psychologie face à l'assassin. Un travail rondement mené une fois encore. | |
|
Claude3240
Messages : 1135 Date d'inscription : 25/11/2015 Age : 88 Localisation : Dans les Landes
| Sujet: Re: Un petit coin de campagne pour l'inspecteur 16 Jeu 10 Mar - 8:46 | |
| Cet interrogatoire mené de mains de maître, aboutit à des aveux, dont le prévenu essaie d'en minimiser les faits. Notre fin limier ne s'en laisse pas compter et veut prolonger pour connaître les raisons de ce crime affreux. | |
|
Flamme Admin
Messages : 5250 Date d'inscription : 04/01/2011 Age : 77 Localisation : Près Bordeaux
| Sujet: Re: Un petit coin de campagne pour l'inspecteur 16 Jeu 10 Mar - 12:11 | |
| Belle façon de faire parler les arrogants ! Bravo à la psychologie de l'inspecteur !...et à toi ! | |
|
Lucienne MARTEL
Messages : 3013 Date d'inscription : 14/10/2015 Age : 70 Localisation : LIMOUX
| Sujet: Re: Un petit coin de campagne pour l'inspecteur 16 Jeu 10 Mar - 14:07 | |
| - fripou a écrit:
- L'homme a beau se trouver des excuses, il ne semble pas regretter ses actes ignobles. L'inspecteur fait montre d'une belle psychologie face à l'assassin. Un travail rondement mené une fois encore.
merci pour ce commentaire flatteur Fripou et ravie de ton appréciation de lecture A demain pour la suite Bisous | |
|
Lucienne MARTEL
Messages : 3013 Date d'inscription : 14/10/2015 Age : 70 Localisation : LIMOUX
| Sujet: Re: Un petit coin de campagne pour l'inspecteur 16 Jeu 10 Mar - 14:09 | |
| - Claude3240 a écrit:
- Cet interrogatoire mené de mains de maître, aboutit à des aveux, dont le prévenu essaie d'en minimiser les faits. Notre fin limier ne s'en laisse pas compter et veut prolonger pour connaître les raisons de ce crime affreux.
Oui Claude, mon inspecteur est assez obstiné et ne se contente pas d'approximatif Merci pour la lecture et les mots pertinents déposés Amitiés | |
|
Lucienne MARTEL
Messages : 3013 Date d'inscription : 14/10/2015 Age : 70 Localisation : LIMOUX
| |
Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Un petit coin de campagne pour l'inspecteur 16 | |
| |
|