André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: La condensation (Prosodie) Ven 27 Fév - 19:52 | |
| PETIT LEXIQUE POÉTIQUE
LA CONDENSATION Rien à voir avec un assemblage de molécules chimiques ou encore de l'accumulation d'un gaz. En poésie la "condensation" est un procédé pseudo-littéraire qui consiste à diminuer la longueur du texte en sauvegardant, toutefois, les proportions de chacune des parties. C'est le contraire de la "dilatation" qui, elle, l'agrandit par des ajouts plus ou moins habiles, selon l'adresse technique du poète. Dans ce cas, on parle aussi "d'amplification ou d'expansion". Mais il faut avoir de l'imagination et de l'humour pour procéder avec quelque succès à la condensation, et ce n'est pas à la portée du premier venu. Quelques humoristes de talent en ont tiré parti en l'adaptant aux poèmes. Cependant, il convient de dire que la "condensation" d'une oeuvre littéraire n'a pratiquement aucun sens.
Raymond Queneau a tenté l'expérience sur des poèmes de Stéphane Mallarmé, avec plus on moins de bonheur, en se contentant des fins de vers, sauvegardant sinon le sens, du moins un sens. Je vous cite, ci-dessous un exemple sur le célèbre sonnet en "ix" :
Leur onyx ? Lampadaphore ! Le Phénix ? Amphore !
Nul Ptyx Sonore Au Styx S'honore.
Un or, Décor Contre une nixe.
Encor Se fixe : Septuor !
Cette libre adaptation est extraite de : "La redondance chez Phane Armé". "Oulipo. La Littérature potentielle'".
On remarquera, au passage, que dans cette version abrégée, le sonnet de Mallarmé n'a rien perdu de son mystère ni de la rime en "ix" de son charme.
Encore plus convaincante est la démonstration de Tristan Derème qui a pu condenser la "Ballade du duel de Cyrano de Bergerac" du poète Edmond Rostand (28 vers), en un sonnet [14 vers).
Élégant comme Célaron, Je jette avec grâce mon feutre ; Du grand manteau qui me calfeutre Je fais lentement l'abandon.
Où vais-je vous larder dindon, Qui n'avez voulu rester neutre ? Sous le cordon ? Sous la malheurtre ?
Agile comme Scaramouche, J'ouvre la ligne, - je la bouche... Tiens bien ta broche, Laridon :
Je quarte du pied, j'escarmouche, Je coupe, je feinte... Hé ! là, donc... À la fin du sonnet...
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Auguinou
Messages : 111 Date d'inscription : 01/03/2015 Age : 45
| Sujet: Re: La condensation (Prosodie) Mar 3 Mar - 0:30 | |
| Une préférence pour le second exemple.
Merci André pour ces explications.
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