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| La Loire vue par les poètes (Compilation) | |
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André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: La Loire vue par les poètes (Compilation) Lun 11 Juil - 13:04 | |
| LA LOIRE VUE PAR LES POÈTES
(Compilation) La Loire est un fleuve aux couleurs changeantes. Elle offre une grande variété de sentiments et d'images. Fleuve-dieu, à la puissance paternelle, la Loire est aussi fleuve-femme, séductrice aux caprices souverains et dévastateurs, aux langueurs estivales, sous la luminosité qui met en valeur sa blondeur sablonneuse.
De Charles d'ORLÉANS à René Guy Cadou en passant par MAROT, RONSARD, du BELLAY, La FONTAINE, PÉGUY ou encore Gaston COUTÉ, les poètes ont fait de la Loire leur lieu d'élection. Son climat, sa lumière, son esprit de mesure et son épicurisme font de ce fleuve de la civilisation un motif unique d'inspiration.
Le château de Talcy, en Loir-et-Cher, est une demeure Renaissance construite au XVIe siècle par un banquier italien, Bernard SALVIATI.
Aujourd’hui propriété du "Centre des Monuments Nationaux", le château de Talcy est un château poétique, marqué dans son histoire par la littérature.
Le "Prince des Poètes", Pierre De RONSARD s’est inspiré de son histoire d’amour avec Cassandre SALVIATI (la fille du propriétaire de Talcy) pour écrire son célèbre poème "Mignonne, allons voir si la rose"...
La nièce de CASSANDRE deviendra la muse du poète Théodore Agrippa d’AUBIGNÉ, qui fait référence au château de Talcy dans ses Tragiques.
Et plus tard, la fille de CASSANDRE comptera dans sa descendance directe le poète romantique Alfred De MUSSET.
L’ Ecole de Rochefort
Rochefort sur Loire, petite ville du Maine et Loire porte fièrement son patrimoine littéraire, "l’école de Rochefort." Fondée en 1941 par Jean BOUHIER et Pierre PÉNON, ce courant poétique constitue, après le surréalisme, un des principaux mouvements de la poésie du XXème siècle.
À ses débuts, "l’Ecole de Rochefort" se réunit autour d’un groupe de jeunes poètes et peintres originaires de l’Ouest (René Guy CADOU, Michel MANOLL, Pierre PÉNON, Jean BOUHIER et Marcel BÉALU, Luc BÉRIMONT …). Puis elle s’ouvre progressivement à d’autres auteurs et artistes venus des différentes régions de France (Roger TOULOUSE, Serge WELLENS, Pierre GARNIER…).
Tous contribuèrent à la diffusion et à l’élaboration des cahiers de l’Ecole de Rochefort, cahiers consacrés à la publication d’une œuvre inédite d’inspiration littéraire, poétique, musicale ou encore artistique.
Créé en pleine occupation allemande, ce mouvement, en réaction à la "poésie nationale" prônée par le Gouvernement de Vichy, s’inscrit d’abord dans une démarche de liberté d’expression individuelle, d’humanisme proche de la nature. René Guy CADOU qualifiait d’ailleurs ce mouvement de "surromantisme" .
Charles Pierre PÉGUY est né à Orléans, le 7 janvier 1873 ; et est mort à Villeroy, 5 septembre 1914. Il fut un écrivain, poète et essayiste français. Il est également connu sous les noms de plume de Pierre DELOIRE et Pierre BAUDOIN.
L'œuvre de PÉGUY célèbre avec flamme des valeurs qui pour lui sont les seules respectueuses de la noblesse naturelle de l'homme, de sa dignité et de sa liberté : d'abord, son humble travail, exécuté avec patience, sa terre, cultivée avec respect, sa famille : "Il n'y a qu'un aventurier au monde, et cela se voit très notamment dans le monde moderne : c'est le père de famille", écrit-il. Ce sont là ses valeurs essentielles, liées à son patriotisme et à sa foi dans une République qui serait enfin forte, généreuse et ouverte. Et c'est précisément là, pour lui, que dans une action résolue, se rencontre Dieu. À ce titre PEGUY peut apparaître comme un théologien, chantre des valeurs de la nature créée par un Dieu d'amour. C'est ce ton de respect et d'amour pour toutes les créatures vivantes que l'on trouve dans les quatrains d’Ève, au seuil de ce grand poème, où se développe un tableau du paradis terrestre50. D'où aussi son attachement profond à Marie : il aurait passé la nuit précédant sa mort à fleurir la statue de la Vierge dans la chapelle de la butte de Montmélian près de Vémars, où stationnait son unité.
Charles PÉGUY
CHÂTEAUX DE LOIRE
Le long du coteau courbe et des nobles vallées Les châteaux sont semés comme des reposoirs, Et dans la majesté des matins et des soirs La Loire et ses vassaux s'en vont par ces allées.
Cent vingt châteaux lui font une suite courtoise, Plus nombreux, plus nerveux, plus fins que des palais. Ils ont nom Valençay, Saint-Aignan et Langeais, Chenonceau et Chambord, Azay, le Lude, Amboise.
Et moi j'en connais un dans les châteaux de Loire Qui s'élève plus haut que le château de Blois, Plus haut que la terrasse où les derniers Valois Regardaient le soleil se coucher dans sa gloire.
La moulure est plus fine et l'arceau plus léger. La dentelle de pierre est plus dure et plus grave. La décence et l'honneur et la mort qui s'y grave Ont inscrit leur histoire au coeur de ce verger.
Et c'est le souvenir qu'a laissé sur ces bords Une enfant qui menait son cheval vers le fleuve. Son âme était récente et sa cotte était neuve. Innocente elle allait vers le plus grand des sorts.
Car celle qui venait du pays tourangeau, C'était la même enfant qui quelques jours plus tard, Gouvernant d'un seul mot le rustre et le soudard, Descendait devers Meung ou montait vers Jargeau. ____________________
Joachim Du BELLAY est un poète français né vers 1522 à Liré en Anjou et mort le 1er janvier 1560 à Paris. Sa rencontre avec Pierre de RONSARD fut à l'origine de la formation de l"a Pléiade", groupe de poètes pour lequel du BELLAY rédigea un manifeste, "la Défense et illustration de la langue française". Son œuvre la plus célèbre, "Les Regrets", est un recueil de sonnets d'inspiration élégiaque et satirique, écrit à l'occasion de son voyage à Rome de 1553 à 1557.
Joachim DU BELLAY (1522-1560) AU FLEUVE DE LOIRE Ô de qui la vive course Prend sa bienheureuse source, D'une argentine fontaine, Qui d'une fuite lointaine, Te rends au sein fluctueux De l'Océan monstrueux, Loire, hausse ton chef ores Bien haut, et bien haut encores, Et jette ton oeil divin Sur ce pays Angevin, Le plus heureux et fertile, Qu'autre où ton onde distille. Bien d'autres Dieux que toi, Père, Daignent aimer ce repaire, A qui le Ciel fut donneur De toute grâce et bonheur. Cérès, lorsque vagabonde Allait quérant par le monde Sa fille, dont possesseur Fut l'infernal ravisseur, De ses pas sacrés toucha Cette terre, et se coucha Lasse sur ton vert rivage, Qui lui donna doux breuvage. Et celui-là, qui pour mère Eut la cuisse de son père, Le Dieu des Indes vainqueur Arrosa de sa liqueur Les monts, les vaux et campaignes De ce terroir que tu baignes. Regarde, mon Fleuve, aussi Dedans ces forêts ici, Qui leurs chevelures vives Haussent autour de tes rives, Les faunes aux pieds soudains, Qui après biches et daims, Et cerfs aux têtes ramées Ont leurs forces animées. Regarde tes Nymphes belles A ces Demi-dieux rebelles, Qui à grand'course les suivent, Et si près d'elles arrivent, Qu'elles sentent bien souvent De leurs haleines le vent. Je vois déjà hors d'haleine Les pauvrettes, qui à peine Pourront atteindre ton cours, Si tu ne leur fais secours. Combien (pour les secourir) De fois t'a-t-on vu courir Tout furieux en la plaine? Trompant l'espoir et la peine De l'avare laboureur, Hélas! qui n'eut point d'horreur Blesser du soc sacrilège De tes Nymphes le collège, Collège qui se récrée Dessus ta rive sacrée. Qui voudra donc loue et chante Tout ce dont l'Inde se vante, Sicile la fabuleuse, Ou bien l'Arabie Heureuse. Quant à moi, tant que ma Lyre Voudra les chansons élire Que je lui commanderai, Mon Anjou je chanterai. Ô mon Fleuve paternel, Quand le dormir éternel Fera tomber à l'envers Celui qui chante ces vers, Et que par les bras amis Mon corps bien près sera mis De quelque fontaine vive, Non guère loin de ta rive, Au moins sur ma froide cendre Fais quelques larmes descendre, Et sonne mon bruit fameux A ton rivage écumeux. N'oublie le nom de celle Qui toutes beautés excelle, Et ce qu'ai pour elle aussi Chanté sur ce bord ici. ___________________
À SUIVRE...
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| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: La Loire vue par les poètes (Compilation) Mar 12 Juil - 15:42 | |
| LA LOIRE VUE PAR LES POÈTES
(Compilation) Jean de La FONTAINE
Jean de la FONTAINE n’est pas un tourangeau, et s’il a sa place dans ces rencontres littéraires, c’est par ricochet, pour avoir parlé de la Touraine dans ses « Lettres à sa femme » écrites lors d’un voyage dans le Limousin. Ce personnage est si étonnant et si connu de tous, qu’il fallait bien trouver un moyen de l’unir à ce beau pays de Touraine.Jean De LA FONTAINE
LA LOIRE EST DONC UNE RIVIÈRE.
La Loire est donc une rivière Arrosant un pays favorisé des cieux, Douce, quand il lui plaît, quand il lui plaît, si fière Qu’à peine arrête-t-on son cours impérieux. Elle ravageroit mille moissons fertiles, Engloutiroit des bourgs, feroit flotter des villes, Détruiroit tout en une nuit : Il ne faudroit qu’une journée Pour lui voir entraîner le fruit De tout le labeur d’une année, Si le long de ses bords n’étoit une levée Qu’on entretient soigneusement : Dès lors qu’un endroit se dément, On le rétablit tout à l’heure ; La moindre brèche n’y demeure Sans qu’on n’y touche incessamment ; Et pour cet entretènement, Unique obstacle à tels ravages, Chacun a son département, Communautés, bourgs, et villages.
Mais le plus bel objet, c’est la Loire sans doute : On la voit rarement s’écarter de sa route ; Elle a peu de replis dans son cours mesuré ;
Elle répand son cristal Avec magnificence ; Et le jardin de la France Méritait un tel canal. » ___________________ Joachim Du BELLAY est un poète français né vers 1522 à Liré en Anjou? et mort le 1er janvier 1560 à Paris. Il est originaire d'une famille de cardinaux, de diplomates et de gouverneurs. Orphelin de père et de mère avant qu'il n'ait 10 ans, il est confié à la tutelle de René, son frère aîné. Ce dernier le néglige. Si l'on en croit les propres affirmations de Joachim du BELLAY, il a une enfance triste, solitaire à la Turmelière dans le manoir paternel. Il devient un adolescent fragile qui apprend à se recueillir dans la solitude des forêts et à rêver sur les bords de la Loire.
il est un jour d'été déterminant dans la vie de DU BELLAY, celui où, dans une auberge, sur les bords de la Loire, il rencontre Pierre de RONSARD. Celui-ci est fin, élégant, et parle avec aisance. Les deux jeunes hommes ont une vingtaine d'années. Ils ont des parents et amis communs. Après avoir rêvé l'un et l'autre à une carrière militaire, ils ont du renoncer tous deux pour cause de surdité précoce. Pierre de Ronsard écrit des vers et veut devenir un grand poète. Il explique à DU BELLAY, qu'il rentre à Paris, au collège de Coqueret, où il étudie les auteurs anciens. Joachim avoue qu'il compose des poèmes, lui aussi. Ronsard convainc DU BELLAY de venir avec lui. Au collège de Coqueret, ils auront Jean DORAT, un brillant helléniste comme professeur. RONSARD et DU BELLAYY forment alors un groupe d'amis, qui prendra en 1549 le nom de "Brigade" avant d'adopter en 1553 celui de "La Pléiade".
Ce groupe souhaite définir de nouvelles règles poétiques. Ils décident de publier un manifeste que DU BELLAY sera chargé d'écrire : "La Défense et Illustration de la langue française". Ce livre, animé d'un souffle énergique mais un peu hautain, se veut l'acte de fondation de la poésie française. Aventure courageuse, qu'il mèneront avec intelligence, talent, et aussi ironie.
Puis DU BELLAY publie un recueil d'une cinquantaine de sonnets, intitulé :" l'Olive". Ces sonnets "à la manière" de PÉTRARQUE, connaissent un grand succès. Malgré des problèmes de santé, DU BELLAY accompagne son oncle le cardinal Jean DU BELLAY à Rome pour une mission diplomatique. Cet exil de quatre ans commencera dans l'enthousiasme. Mais Rome qu'il avait tant magnifié dans ses rêves, le décevra. De retour à Paris, en 1558, il publie Les Regrets, un recueil de 191 sonnets (dont le célèbre : "Heureux qui comme Ulysse", en alexandrins. Sa santé se détériore. Sourd et malade, il meurt le 1er janvier 1560 à 37 ans.Joachim DU BELLAY
Si fruits, raisins et blés, et autres telles choses Si fruits, raisins et blés, et autres telles choses, Ont leur tronc, et leur cep, et leur semence aussi, Et s'on voit au retour du printemps adouci Naître de toutes parts violettes et roses :
Ni fruits, raisins, ni blés, ni fleurettes décloses Sortiront, viateur, du corps qui gît ici : Aulx, oignons, et porreaux, et ce qui fleure ainsi, Auront ici dessous leurs semences encloses.
Toi donc, qui de l'encens et du baume n'as point, Si du grand Jules tiers quelque regret te point, Parfume son tombeau de telle odeur choisie :
Puisque son corps, qui fut jadis égal aux dieux, Se soulait* paître ici de tels mets précieux, Comme au ciel Jupiter se paît de l'ambroisie.
(*) avait l'habitude ____________________
Joachim DU BELLAY
Magny, je ne puis voir un prodigue d'honneur Magny, je ne puis voir un prodigue d'honneur, Qui trouve tout bien fait, qui de tout s'émerveille, Qui mes fautes approuve et me flatte l'oreille, Comme si j'étais prince ou quelque grand seigneur.
Mais je me fâche aussi d'un fâcheux repreneur, Qui du bon et mauvais fait censure pareille, Qui se lit volontiers, et semble qu'il sommeille En lisant les chansons de quelque autre sonneur.
Celui-là me déçoit d'une fausse louange, Et gardant qu'aux bons vers les mauvais je ne change, Fait qu'en me plaisant trop à chacun je déplais :
Celui-ci me dégoûte, et ne pouvant rien faire Qu'il lui plaise, il me fait également déplaire Tout ce qu'il fait lui-même et tout ce que je fais. ___________________
À SUIVRE...
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| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: La Loire vue par les poètes (Compilation) Mer 13 Juil - 19:46 | |
| LA LOIRE VUE PAR LES POÈTES
(Compilation) Pierre-Jean de BERANGER est né le 19 août 1780 à Paris, et est mort dans cette même ville le 16 juillet 1857. Il fut un chansonnier français prolifique qui remporta un énorme succès à son époque.
BERANGER va exploiter les thèmes du respect de la liberté, de la haine de l’Ancien Régime, de la suprématie cléricale, du souvenir des gloires passées et de l’espoir d’une revanche. Alors que la presse n’est point libre, il renouvelle la chanson dont il fait une arme politique, un instrument de propagande : il attaque la Restauration et célèbre les gloires de la République et de l’Empire. C’est le temps de La Cocarde blanche et du Marquis de CARABAS. BÉRANGER apporte la poésie dont ont besoin ceux qui ont déserté la cause royale. Le cercle de ses amitiés s’élargit et on le voit dans de nombreux salons. Il accepte de collaborer à la Minerve avec Étienne de JOUY, Charles-Guillaume ETIENNE et Benjamin CONSTANT.
En 1820, le Vieux Drapeau est clandestinement répandu dans les casernes. BÉRANGERr devient vraiment la voix du peuple ou « l’homme-nation » comme le dira Lamartine. Son œuvre de poète pamphlétaire est déjà considérable : il a attaqué les magistrats dans "Le Juge de Charenton", les députés dans "Le Ventru", les prêtres et les jésuites partout. Ses chansons paraissent en deux volumes le 25 octobre 1821. En huit jours, les dix mille exemplaires sont vendus et l’imprimeur Firmin Didot prépare une nouvelle édition.
En 1821, il est privé de son modeste emploi. Au début de décembre de la même année, poursuivi et condamné à trois mois de prison et 500 francs d’amende, il est incarcéré à la prison Sainte-Pélagie, où il occupe la cellule quittée quelques jours plus tôt par le pamphlétaire Paul-Louis COURIER.
Prenant ses distances avec la Monarchie de Juillet et la vie parisienne en 1834, il passe par la Touraine où il séjourne à Tours et Saint-Cyr-sur-Loire, avant de rejoindre la capitale en 1840. Il y meurt en 1857, et son enterrement se fait sous escorte militaire… des fois que le peuple aurait eu envie de s’exprimer un peu trop vivement, une fois son chansonnier préféré trépassé…
Pierre-Jean de BERANGER
Deux saisons règlent toutes choses, Pour qui sait vivre en s'amusant : Au printemps nous avons les roses, A l'automne un jus bienfaisant. Les jours croissent, le cœur s'éveille ; On fait le vin quand ils sont courts. Au printemps, adieu la bouteille ! En automne, adieu les amours !
Mieux il vaudrait unir sans doute Ces deux penchants faits pour charmer Mais pour ma santé je redoute De trop boire et de trop aimer. Or, la sagesse me conseille De partager ainsi mes jours : Au printemps, adieu la bouteille ! En automne, adieu les amours !
Au mois de mai, j'ai vu Rosette, Et mon cœur a subi ses lois. Que de caprices la coquette M'a fait essuyer en six mois ! Pour lui rendre enfin la pareille, J'appelle octobre à mon secours. Au printemps, adieu la bouteille ! En automne, adieu les amours !
Je prends, quitte et reprends Adèle, Sans façons comme sans regrets. Au revoir, un jour me dit-elle ; Elle revient longtemps après. J'étais à chanter sous la treille : Ah ! dis-je l'année a son cours. Au printemps, adieu la bouteille ! En automne, adieu les amours !
Mais il est une enchanteresse Qui change à son gré mes plaisirs. Du vin elle excite l'ivresse, Et maîtrise jusqu'aux désirs. Pour elle ce n'est pas merveille De troubler l'ordre de mes jours, Au printemps avec la bouteille, En automne avec les amours. ___________________
Eugène BIZEAU est un poète et chansonnier anarchiste français, né le 29 mai 1883 à Véretz et mort le 16 avril 1989 à Tours. Il collabora à de nombreux périodiques et journaux libertaires de son époque, parmi lesquels Le Libertaire. Il appartint au groupe de la Muse rouge avec Gaston Couté et Aristide Bruant. Il cultiva ses vignes jusqu'à quatre-vingt-dix ans. La salle des fêtes de Véretz porte son nom.
Il alla à l’école laïque où il fut raillé par ses petits camarades car il n’était pas baptisé. Il a écrit son premier poème à sept ou huit ans et avait de très bons résultats scolaires mais il a dû gagner sa vie très tôt, dès le certificat d’études, à treize ans. Il est devenu domestique jardinier au « Verger » (aujourd’hui maison de retraite) à quinze ans pour un salaire insignifiant (vingt-cinq sous par jour), puis casseur de pierres sur les routes avec son père pendant l’hiver 1898, puis apprenti vigneron.
Ayant arrêté toute étude pour travailler, il s’intéressait malgré tout à l’actualité et il nous confie dans son journal personnel, qu’il lisait toujours le journal de son patron avant de lui donner. Plus tard, il lit Paul-Louis COURIER, PROUDHON, BLANQUI, RENAN, VIGNY, ESQUIROS, BÉRANGER, et de vieux recueils populaires qu’il trouve chez son père. Des journaux libertaires circulaient et il les lit grâce à des ouvriers de passage, d’anciens paysans, des employés du chemin de fer… Ses poèmes sont censurés comme "Franchise" (dans le « Libertaire » du 29 juin 1919).
Très tôt, il affirme ses convictions politiques : à quatorze ans, il est déjà abonné au "Libertaire" puis il s’abonne au "Père Peinard" d’Émile POUGET, l’un des fondateurs de la CGT et il rimaille, mettant sa plume au service de ses convictions politiques. Il est attaché à la paix, à la démocratie et au progrès social comme d’ailleurs ses ancêtres proches. Il est révolté de voir le salaire dérisoire de certains face à des riches cousus d’or et qui se croient tout permis. À vingt-quatre ans, en 1907, il est vigneron et poète libertaire. Il collabore à la revue "L’Anarchie". En 1910, il participe à "La Muse Rouge ", groupe de poètes et chansonniers révolutionnaires. Nombreux sont ses poèmes mis en musique dans les années 1912 – 1924.
Il épousa en 1916, en Auvergne, Adélaïde CHAMBONNIÈRE, appelée Anne, institutrice et poète qui partageait ses idées anarchistes. Eugène BIZEAU émigre comme jardinier à Massiac en Auvergne car sa femme n’a pas pu obtenir sa mutation en Touraine pour raison syndicale. Il eurent deux enfants, Max et Claire cinq ans plus tard.
Ayant vécu pendant presque cent-six ans, il a suivi l’évolution du monde sur plus d’un siècle. Lui qui aime l’humour, il a ri d’avoir enterré de nombreux militaires, lui le pacifiste ! Et il a encore ri d’avoir été réformé en 1914, au moment du service militaire pour faiblesse de constitution. Une manière de faire un pied de nez à tous ceux dont il ne partage pas les idées…
Eugène BIZEAU
« Lutter, puisque la vie est une âpre mêlée Où l’on se bat sans fin contre plus fort que soi, Et marcher le front haut sous la voûte étoilée Sans se décourager des coups que l’on reçoit. Lutter de tout son cœur et de toute son âme, Sur tous les points du globe, et par tous les moyens, Contre la renaissance et le retour de flamme De ce qui reste en nous de préjugés anciens. Lutter contre la peur, contre la maladie, Contre la profondeur de l’égoïsme humain, Contre la pauvreté d’un peuple qui mendie, Contre le désespoir, la misère et la faim. Lutter contre le joug des maîtres de la terre Masquant leur dictature en tapageurs discours ; Contre les trublions, les criminels de guerre, Aigles noirs de haut vol et répugnants vautours… Lutter contre les fous qui jouent à pigeon vole En jetant vers le ciel d’affreux engins de mort… Et, sans cesse assoiffés de gloire et d’auréoles, Enchaînant l’avenir au culte du veau d’or. Lutter pour le succès des causes généreuses, Pour l’idéal de paix dont on a la fierté, Pour le destin meilleur des plèbes douloureuses, Pour le bonheur du monde et pour la liberté. Lutter jusqu’à la fin du rève ou du poème Qui soutient notre cœur et l’enflamme en secret… Et quant on n’est plus rien que l’ombre de soi même, Sourire à la jeunesse et partir sans regret ! ». ___________________
Marc Papillon, seigneur de LASPHRISE, dit aussi le Capitaine LASPHRISE et parfois nommé Marc de PAPILLON est né près d'Amboise vers 1555 et est mort vers 15991. Il fut un poète baroque satirique et érotique français très prisé à son époque.
Issu d'une famille méridionale appauvrie par les guerres, orphelin de père, il s'engagé très jeune dans les armées catholiques. Il fait de nombreux séjours à la Cour avant de se retirer à Lasphrise, près de Tours, vers 1587. Amoureux peu soucieux des tabous et des conventions, il reste le poète "Des Amours de Théophile", composées en l'honneur d'une religieuse, et de "L'Amour passionnée de Noémie", composé pour une cousine, Noémie-la-TOURANGELLE, remarquables par leur ton libertin.
Ce qui frappe dans l’œuvre de Marc Papillon de LASPHRISE, sont des incarnations les plus truculentes, c’est la verdeur luxuriante, aussi, de son style. Et comment s’en étonner chez un poète lyrique et gaillard qui s’est placé sous le double patronage de François RABELAIS et de Pierre de RONSARD, ses aînés et compatriotes. A croire que ce terroir ligérien fut — en un siècle où l’Académie n’avait pas encore imposé ses quarante cerbères à la gloire rien moins qu’immortelle, comme gardiens du bon parler françoys — le terreau d’une langue à la liberté foisonnante et jubilatoire.
La vieillesse précoce du Capitaine LASPHIRE est plutôt triste. Désabusé et sans ressources, il s’adresse plusieurs fois au «bon roi» Henri pour réclamer le loyer de ses vingt années de fidèle et loyal service. Rien n’y fait. Vécut-il après 1600 ? On l’ignore et il est permis d’en douter.
Marc de PAPILLON DE LASPHRISE Un jour le Ciel était superbement ému Un jour le Ciel était superbement ému, Quand l'odorante Flore étale sa richesse : Moi - comme bon Chrétien - m'en allé à la Messe Proposant d'amortir l'audace de mon feu :
Mais que m'en advint-il ? pardonne-moi, ô Dieu ! J'ai changé ton image en ma belle Maîtresse, Et encore, ô malheur ! si grande était la presse, Qu'on me vit pris d'Amour qui commande en tout lieu.
Adoncques j'entendis au milieu de l'Eglise Une sourde rumeur du malheureux Lasphrise, L'un le disait méchant, l'autre plus avisé
Remontrait qu'on ne peut surmonter l'indomptable, Qu'Amour, enfant du Ciel, veut être plus prisé, Qu'on doit donc l'accuser, non l'Amant misérable. __________________
À SUIVRE...
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| | | Luthoriental
Messages : 539 Date d'inscription : 22/08/2012
| Sujet: Re: La Loire vue par les poètes (Compilation) Mer 13 Juil - 22:21 | |
| Bonsoir Cher André
Merci infiniment pour ce beau travail de riche histoire littéraire écrite avec art et goût, qui touche par son exotisme exquis aux grands thèmes de la littérature des Voyages,et qui me rappelle en certaines touches le fameux Cours Familier de Littérature De Lamartine..
Merci encore une fois de plus bel et cher ami André Luthoriental | |
| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| | | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: La Loire vue par les poètes (Compilation) Ven 15 Juil - 9:38 | |
| LA LOIRE VUE PAR LES POÈTES
(Compilation) Honorat de BUEIL, seigneur (dit marquis) de RACAN, est né au manoir de Champmarin à Aubigné-Racan dans la région du Pays de la Loire le 5 février 1589 et est mort à Paris le 21 janvier 1670 (à 80 ans). Il un poète et écrivain français. RACAN était baron de Longaulnay, mais il dut vendre cette baronnie en 1615 au marquis de LAVARDIN. Cette vente avait pour but d'effacer ses dettes les plus criantes, dettes relevant principalement des suites de la dot de sa demi-sœur, et de celles concernant l'équipement de son père quand celui-ci fut fait, par HENRI IV, Grand Maître de l'Artillerie au siège d'Amiens, en 1597, siège ou il fut tué, et moins de trois semaines après.
Ses premiers essais poétiques commencent juste un peu avec sa rencontre avec MALHERBE en 1605. Ce dernier demeura toute sa vie son ami et son maître.
il compose sa "pastorale dramatique Arthénice ou les Bergeries", où transparaît l'influence italienne, qui le rend célèbre. Au cours des années 1621 et 1622 il fait la guerre contre les Protestants, se trouve au siège de la Rochelle, puis au pas de Suse. Entre-temps, il épouse en 1628 Madeleine du BOIS. Retiré sur ses terres de Touraine en 1630, il ne les quitte que pour remplir ses fonctions de soldat.
En 1635, il entre à "l’Académie française", où il occupe le fauteuil 30, et quitte l'armée définitivement aux alentours de 1639. Il compose ses "Mémoires pour la vie de Malherbe" ainsi que diverses adaptations des psaumes (Sept Psaumes, 1631 ; Odes sacrées, 1651 ; Cent neuf psaumes, 1654).
Honorat de Bueil, seigneur de RACAN
LES BERGERIE -ALCIDOR
Que cette nuit est longue et fâcheuse à passer ! Que de sortes d'ennuis me viennent traverser ! Depuis qu'un bel objet a ma raison blessée, Incessamment je vois des yeux de ma pensée Cet aimable soleil auteur de mon amour, Qui fait qu'incessamment je pense qu'il soit jour, Je saute à bas du lit, je cours à la fenêtre, J'ouvre et hausse la vue, et ne vois rien paraître, Que l'ombre de la nuit, dont la noire pâleur Peint les champs et les prés d'une même couleur : Et cette obscurité, qui tout le monde enserre, Ouvre autant d'yeux au ciel qu'elle en ferme en la terre. Chacun jouit en paix du bien qu'elle produit, Les coqs ne chantent point, je n'entends aucun bruit, Sinon quelques zéphirs, qui le long de la plaine Vont cajolant tout bas les nymphes de la Seine. Maint fantôme hideux, couvert de corps sans corps, Visite en liberté la demeure des morts. Les troupeaux, que la faim a chassés des bocages, À pas lents et craintifs entrent dans les gagnages. Les funestes oiseaux, qui ne vont que la nuit, Annoncent aux mortels le malheur qui les suit. Les flambeaux éternels, qui font le tour du monde, Percent à longs rayons le noir cristal de l'onde, Et sont vus au travers si luisants et si beaux Qu'il semble que le ciel soit dans le fond des eaux. Ô nuit ! dont la longueur semble porter envie Au seul contentement que possède ma vie : Retire un peu tes feux, et permets que le jour Vienne sur l'horizon éclairer à son tour, Afin que ces beaux yeux pour qui mon cœur soupire Sachent avant ma mort l'excès de mon martyre. ___________________
Né à Marly-le-Roi, André THEURIET travailla à Tours de 1859 à 1863, comme rédacteur à la Direction des Domaines. Il a habité rue de la Grandière à Tours. Certains de ses romans se déroulent en partie en Touraine, comme "Boisfleury", "L'Amoureux de la Préfète", "Eusèbe Lombard", "Le Fils Maugard", "Souvenirs des vertes saisons". Le village de Villaines-les-Rochers lui a inspiré "La chanson du vannier". Il fut élu à l’Académie Française en 1896. Il fait partie de la dernière génération du Parnasse. Une rue de Tours porte son nom.
En matière de poésie ses préférences vont à HUGO, MUSSET, VIGNY et LAMARTINE. Il fait son entrée en 1843 au collège Gilles de Trèves. On raconte qu'en rhétorique, il fait des vers. Il compose en grand secret des odes, des satires, des épîtres, et c'est dans un de ses cahiers de classe, (celui qui était réservé aux mathématiques,) qu'il transcrit ses premières productions. Il s'avise même de faire publier, par un journal de la ville, une de ses poésies. Mais il en est sévèrement puni1. Son professeur, ayant eu vent de la chose, s'amuse en classe à se moquer de ses vers. Il est à Civray en 1849, bachelier ès lettres le 19 juillet 1851[réf. nécessaire]. Il s'inscrit à la faculté de droit et participe au concours de l'Académie1, en 1853, en présentant un poème de 400 vers sur l'Acropole, qui sera fort remarqué. Quelques mois après, il fait la connaissance de la fille du sous-préfet de Civray qui mourra en 1855 d'une angine de poitrine. Après avoir fait ses études à Bar-le-Duc (bachelier en droit le 28 novembre 1855), il est employé à la direction des Domaines à Auberive (Haute-Marne) de 1856 à 1859, au poste de surnuméraire de l'enregistrement et des domaines ; à Tours de 1859 à 1863, puis à Amiens, avant de devenir chef de bureau à l'enregistrement en 1863, au ministère des Finances. Il commence à publier des poèmes et des nouvelles à la Revue des deux Mondes. En 1859, il fait la connaissance de celui qui allait être son meilleur ami : Camille FISTIE.
Il est mort à Bourg-la-Reine le 23 avril 1907. Il fut poète, romancier et auteur dramatique français.
André THEURIET
LA LOIRE À LANGEAIS Large et lente, la Loire aux eaux éblouissantes Se répand dans les prés aux clartés de midi. Le sol brûle, là-bas les grèves blanchissantes Sèchent au grand soleil leur limon attiédi.
Et sur les flots moirés dorment de vertes îles, Ceintes de peupliers, d’aulnes et de bouleaux : Rameaux flottants, feuillée épaisse, frais asiles, Se bercent reflétés dans la splendeur des eaux.
Ouvrant ses bras d’argent, la royale rivière Sur son sein qui frémit les presse avec amour ; L’eau vers les saules gris, les saules vers l’eau claire, Attirés et charmés s’avancent tour à tour.
Des vignes aux blés mûrs, tout parle de tendresse. C’est un murmure sourd, un chant voluptueux ; La Loire, tout entière à sa muette ivresse, Baise avec passion les vieux saules noueux…
Vous revenez la nuit : vos amants, vos poètes Marchent à vos côtés. Fiers, souriants et beaux, Contant de gais propos, chantant des odelettes, Les couples enlacés glissent sous les bouleaux.
FIN
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| | | fripou Admin
Messages : 3365 Date d'inscription : 17/10/2010 Age : 60 Localisation : Gironde
| Sujet: Re: La Loire vue par les poètes (Compilation) Mer 20 Juil - 9:41 | |
| Des poètes qui me sont inconnus mais qui méritent le détour... | |
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