Pas de repos pour l'inspecteur 12

Pas de repos pour l’inspecteur 12,
Les deux policiers ne revenaient pas de leur découverte. Ainsi Alexandre avait abandonné son année universitaire à laquelle il tenant tant. Il était peut-être nécessaire de convoquer sa petite amie du moment. Elle était étudiante elle aussi et c’était elle qui avait alerté la police pour cause de disparition inquiétante. Heureusement, elle avait laissé ses coordonnées au commissariat. Les deux enquêteurs repartirent au bureau prestement et cherchèrent à la joindre sur son portable mais ils tombèrent aussitôt sur la messagerie. Ils patientèrent un peu pensant qu’elle était peut-être sur le trajet de retour de l’université, coincée dans la circulation ou le métro. En attendant, ils refirent une fois de plus leur enquête qui avait pris une tournure mois inquiétante que la veille. Ils avaient de nouveaux éléments qui les confortaient dans l’idée que les jeunes gens étaient encore en vie. Restait à déterminer le pourquoi du comment. S’il s’agissait d’une fugue amoureuse comme le laissaient croire les témoignages des adolescents, ceci risquait d’impliquer pour Alexandre un enlèvement de mineur. Et il risquait pour ce délit cinq ans de prison. Mais qui avait décidé l’autre de cette disparition soudaine et de quelle façon s’y étaient-ils pris ? La ville était quadrillée par la police et des avis de recherche avaient été placardés de partout. Comment avaient-ils pu passer à travers les mailles du filet. Des patrouilles cynophiles parcouraient les rues de Poitiers, quartier par quartier ainsi que des brigades en vélo et motorisées. Des voitures banalisées circulaient en ville à leur recherche. Il était quasiment impossible de pouvoir faire un pas dans Poitiers sans tomber sur des gendarmes. Les deux policiers avaient néanmoins un poids de moins à supporter. A priori, leur vie n’était pas en danger : il ne restait plus qu’à découvrir leur cachette, sans doute dans une campagne ou en bord de mer. Il fallait élargir les recherches jusqu’au port de plaisance. Il pouvait y avoir de vieux entrepôts désaffectés qui servaient de refuge aux sans-abris et autres populations marginalisées.
Les enquêteurs en étaient là de leurs supputations quand le téléphone sonna, les faisant sursauter. C’était la petite amie d’Alexandre au bout du fil. Elle semblait très inquiète. Le commissaire lui donna rendez-vous dans le pub irlandais le Caveau situé sur le port, plus accueillant et convivial pour mettre à l’aise qu’un bureau de police. Il se mit en route avec l’inspecteur et arrivèrent au pas de charge à l’estaminet. La jeune femme était restée debout près de la porte à les attendre. Elle était très jolie et assez élégante : les yeux bleus à peine maquillés, des cheveux noirs lui tombant jusqu’aux épaules, une bouche qui attirait les regards par sa finesse et son côté pulpeux, une silhouette gracile et élancée. Elle ressemblait un peu à Mélanie avec quelques années de plus. Elle portait un manteau rouge sur un jean noir et des escarpins assortis à sa pèlerine. Elle paraissait un peu perdue et le commissaire la rassura par une accolade chaleureuse et amicale. Ils s’assirent dans un coin de la salle principale, loin des regards indiscrets et du brouhaha du comptoir. Et la discussion s’engagea à parler d’Alexandre puisqu’elle était venue exprès pour cela. L’inspecteur lui montra la photo de Mélanie et elle parut pâlir soudain. Elle l’avait déjà vue, plusieurs fois aux abords de la faculté à attendre un ami sans doute. Elle n’était pas des leurs, bien trop jeune. Elle était en compagnie d’un groupe d’adolescents à chahuter et à crier dans la rue, à caillasser les grilles du portail, à vouloir grimper sur les murets…
Mais elle ne comprenait pas le rapport d’avec son fiancé officiel. Alors, le commissaire avec délicatesse lui fit part des témoignages recueillis et lui demanda gentiment de décrire ses affinités et ses projets avec Alexandre, sans rien omettre ni vouloir cacher quoi que ce soit, c’était de la plus haute importance. Et la jeune femme s’effondra soudain, en larmes et le visage barbouillé du rimmel qui coulait sur ces joues…
Lucienne le 30.03.2016