Il promenait son chien en scrutant les étoiles,
Fantasmes et illusions perdus entre deux astres
L’un remuait la queue, l’autre se grattait les poils,
Le maître dit à son chien : « Nos vies sont un désastre. »
Il fumait son cigare feignant l’indifférence,
Le bonheur programmé sur les chaînes de télé,
Au rythme des saisons d’émotions fabriquées,
Le maître dit à son chien : « Je sais à quoi tu penses. »
Il attendait la pluie, gonflé d’incertitudes,
Suspendu à sa faim, au flou de son destin,
Il hait les gens heureux et la béatitude,
Le maître dit à son chien : « On ne vaut vraiment rien. »
Il parlait aux nuages dans une langue inconnue,
Les heures insipides passaient sans faire de bruit,
Puis divaguait nu au milieu des avenues,
Le maître dit à son chien : « Sort-on l’après-midi ? »
Il préparait la table seul avec son ennui,
Essoufflé, étourdi, un tantinet aigri,
Il aboie sur les pauvres mais en bave pour les riches,
Le chien dit à son maître : « Retourne donc dans ta niche. »