André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Le Zutisme (Prosodie) Jeu 7 Mai - 11:07 | |
| PETIT LEXIQUE POÉTIQUE
LE ZUTISME Nom masculin. Fondé en 1871 par Charles CROS et quelques amis, le groupe des poètes "zutistes", dits aussi "poètes zutiques" (ou encore : le "cercle du zutisme") succéda aux dîners des "Vilains Bonshommes" qui avaient réuni, de 1869 à la guerre de 1870, quelques jeunes Parnassiens turbulents.
Après la guerre, les "Zutistes" regroupaient une douzaine des poètes les plus remuants, et notamment CABANER, CARJAT, les frères CROS, FORAIN, Germain NOUVEAU, Camille PELLETAN, Raoul PONCHON, Jean RICHEPIN, Arthur RIMBAUD, Léon VALADE, VERLAINE, etc... Les réunions aveint lieu à l'Hôtel des Étrangers (au coin de la rue Racine et de la rue de l'École-de-Médecine, à Paris).
Ces jeunes gens s'amusèrent à écrire et à dessiner dans un grand carnet intitulé "Album zutique". On y trouve vingt-quatre pièces de RIMBAUD, vingt-quatre de VALADE, douze de VERLAINE, une petite dizaine de Germain NOUVEAU, etc... Beaucoup d'entre elles ne respectent guère la décence, comme le sonnet consacré à l'anus par VERLAINE et RIMBAUD.
De nombreux poèmes sont des "pastiches" parodiques d'œuvres de poètes alors célèbres, comme Louis RASTIBONNE, Léon DIERX, Armand SYLVESTRE, etc. Le plus parodié dans cet "Album zutique" est François COPPÉE dont les dizains sont imités et ridiculisés. Ces poèmes sont en général signés (faussement) du nom du pastiché, avec des initiales qui permettent de connaître le véritable auteur. C'est dans cet album que figure le délicieux "Pantoum négligé" de Paul VERLAINE , attribué sans vergogne à Alphonse DAUDET.
Souvenir d’une enfance austèrement bébête — Ô les commencements chétifs d’un grand poète : — J’ai dans ma chambre deux images d’Épinal Naïves que commente un texte marginal Où la simplicité se mèle à l’énergie : C’est Napoléon III terrassant l’Anarchie Et c’est le plus clément des lions florentins. — Soyez bénis, doux bois affreux, d’où je retins Pour braver les dangers de cette vie amère, L’amour de mon Pays et l’amour de ma Mère.
François COPPÉE (en réalité : Paul VERLAINE) _____________________
SONNET
DORS-TU CONTENT, VOLTAIRE ?
Si nous étions morts quand nous étions mômes Dites-moi, serions-nous plus malheureux ? À quoi donc nous sert de devenir hommes Si c’est pour souffrir des maux plus nombreux !
Les petits plaisirs laissent désireux, Tous nos petits sous ne sont pas des sommes Et c’est pour un X encor plus affreux Qu’il nous faut quitter le monde où nous sommes.
Et nous avons beau nous mettre à genoux Et beau t’implorer, tu ne tends vers nous Jamais tes deux mains, Sainte Providence !
— C’est pourquoi, crois-moi, pauvre genre humain, Chante et ris, sans trop croire au lendemain ; Va, saute, Arlequin ; danse, Pierrot, danse !
Alfred de MUSSET (en réalité : Germain NOUVEAU) _____________________ | |
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