Marcel Pagnol est un écrivain, dramaturge, cinéaste et producteur français, né le 28 février 1895 à Aubagne (Bouches-du-Rhône), et mort le 18 avril 1974
Il devient célèbre avec Marius, pièce représentée au théâtre en mars 1929. Il fonde à Marseille en 1934 sa propre société de production et ses studios de cinéma, et réalise de nombreux films avec les grands acteurs de la période (en particulier Raimu, Fernandel, Pierre Fresnay, Louis Jouvet) En 1946, il est élu à l'Académie française. Après 1956, il s'éloigne du cinéma et du théâtre, et entreprend la rédaction de ses Souvenirs d'enfance avec notamment La Gloire de mon père et Le Château de ma mère. Il publie enfin, en 1962, L'Eau des collines, roman en deux tomes : Jean de Florette et Manon des Sources, inspiré de son film Manon des sources, réalisé dix ans auparavant et interprété par son épouse Jacqueline Pagnol.
LA CIGALE
Le soleil fendille la terre,
Aucun bruit ne trouble les champs ;
On n'entend plus les joyeux chants
Des oiseaux qui chantaient naguère.
Tous par la chaleur assoupis
Sous les buissons se sont tapis.
Seule une cigale est sur l'aire.
Son ventre sonore se meut ;
Sur une gerbe elle est posée ;
Seule elle n'est point épuisée
Par l'astre à l'haleine de feu.
Et la chanteuse infatigable
Jette dans l'air brûlant et bleu
Sa ritournelle interminable.
Le cœur de sa Maison
Elle est son nid, son havre, elle est son seul refuge :
Il est bien, rencogné au cœur de sa maison ;
Elle l’a protégé d’un monde centrifuge
Où tout va à vau-l’eau. Quand il sent sa raison
Vaciller dans un temps qui ne lui convient plus,
Vite il rentre chez lui pour y pouvoir renaître
Et rien ne lui plaît plus que d’y vivre en reclus.
Elle est comme une amie, elle est sa raison d’être…
Mais depuis quelque mois il est vraiment inquiet
Car, étant bien placée, sa maison intéresse
Des élus de la ville cherchant à l’embrouiller
Pour qu’il vende son bien. Et l’angoisse le stresse
Tant il se sent petit face à tous ces requins…
Mais il ne cède pas et demeure impassible :
Il n’est aucune loi d’aucun de ces faquins
Qui puisse le convaincre, et il n’est accessible
A aucun argument. Il restera chez lui,
Bien enserré au creux de sa chaude demeure,
Prêt à tout endurer, tracassins comme ennuis.
Il ne bougera pas jusqu’à la dernière heure
Où l’on le forcera à quitter sa maison.
Alors il résoudra aisément son problème
En faisant tout sauter ! Il n’a plus sa raison,
Mais il est prêt à tout pour garder ce qu’il aime…
En attendant il lit, il rêve et il jardine…
Puis bien pelotonné tout au fond de son nid,
Se passe du Mozart ou du Bach en sourdine.
Ils ont dit qu’ils viendraient vendredi à midi…
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DANS LE THYM ET LES GENETS
Une bell' journée d'été, une idée un peu folle,
Plaçons ici nos pas, suivant ceux de Pagnol
Au pied du Garlaban, sa montagne sacrée,
Et de La Treille fleurie, partons en randonnée.
Dans le vert du vallon où s'ouvre la garrigue,
Se réveille un chat blanc, de retour au logis.
C'est notre Pomponnette, se traînant de fatigue.
Dans le ciel tout là-haut, la bartavelle fuit.
Et la ferme d'Angèle, en ruines, abandonnée,
Sous le thym parfumé et les genêts dorés
Là sous les herbes folles, toujours dissimulée
Entendez-vous la source, par Manon asséchée.
En suivant le sentier qui lentement « fleimarde »
Rejoignons vite Aubagne, des oeillets en cocarde.
Galinette pour eux aura perdu son âme.
Cigales dans les pins vous conteront ce drame.
♥✫´¯`*•.¸¸♥Annie ♥¸¸.•*´¯`♥✫