L'image de novembre

L’air du temps

La feuille a pris son vol soulevée par son chant
Brillant dans le soleil, se peignant de l’automne.
Sous l’œil de l’horizon, au regard monotone,
S’élançant dans l’espace au hasard du courant.

Un long repos l’accueille au vieux banc chancelant
Dont la planche écaillée, à la pluie s’abandonne.
L’écureuil alanguit au loin se pelotonne  
Quand s'installe l'hiver au regard somnolant.

La lune scintillante embellit le décor
Un éclair de lumière en étale son or
Quand l’espace assombrit tout le bleu de la voûte.

Chaque étoile qui luit annonce l’Éternel
Les couleurs de la vie ne laissant aucun doute
Sur l’éclat merveilleux de l’instant solennel

Réminiscences d’un vieux banc
En fin de mi- saison, le joli parc se vide
Des derniers promeneurs qui prenaient du bon temps
A muser au jardin du début de printemps
Jusqu’au brûlant été dorant leur teint livide

Et le banc solitaire attend un peu timide
Un quelconque vieillard pour l’occuper un temps
Il languit et il croit depuis bien trop longtemps
Que quelqu’un va s’asseoir sur son siège humide

Mais personne ne vient et il est malheureux
Il s’abandonne alors à des rêves heureux
Du beau siècle dernier aux doux séants des dames

Elles venaient causer sur son bois satiné
Et souvent s’épancher sur tous ces voleurs d’âmes
Qui les avaient trahies dès l’amour terminé

Lucienne le 08.11.2016

A l'ombre d'un vieux banc

Une saison s'endort à l'ombre d'un vieux banc.
Déjà le vent s'égare en des heures blafardes,
Semant sur son chemin mille feuilles hagardes,
Ayant perdu leur ton en chutant sur le flanc.

Un voile de brouillard repeint le sol de blanc.
On dirait que la vie s'est revêtue de hardes,
Que les branches transies se muent en hallebardes
Sans savoir si l'hiver se fera vif et franc.

La nuit soudain s'annonce aux rives de l'automne
Quand le soleil s'éteint et que le jour détonne
De savoir que l'été s'est enfui au lointain.

Tout l'horizon se berce aux notes du silence
Qui figent pour un temps dans des teintes d'airain
Le murmure d'hier plongé dans l'abstinence.

Le banc




Un vieux banc, déposé sur la feuillée d'automne,
Dort dans un écrin brun , reflet de notre coeur.
Il repose, assoupi, et les arbres en choeur
Lui chantent leur chanson dans le soir qui frissonne.

Il est là, esseulé, sans amour, sans personne,
Et pourtant il attend, sans hâte, sans rancoeur,
Et nul ne vient ici, et nul ne vient d'ailleurs
Y méditer tout bas au vent qui tourbillonne.

Et pourtant, promeneur qui s'en vient d'un pas lent,
Ecoute le silence en écoutant le vent
Tu comprendras alors ce que ce banc recueille :

Des parfums disparus, un charme désuet,
Des chaleurs d'autrefois endormies sous la feuille
Et les âmes d'antan veillant à son chevet...


10/11/2016

Le banc abandonné
Le petit banc de bois semble si esseulé
Parsemé de feuilles à l’aube de l’automne
Il attend consterné qu’une belle personne
Revienne s’installer sur son siège brûlé

Sous le soleil d’été et le temps cumulé
Il paraît assommé, sans mot dire il frissonne
Isolé dans le froid que la saison festonne
En ces matins frileux dans le sous-bois gelé

Ses planches sont gravées de trop d’initiales
Laissées au fil du temps en ardeurs nuptiales
Qui ont creusé son bois pour prouver leur bonheur

Mais ce jour il est las de ne voir que des ombres
Baladant devant lui, il n’est plus à l’honneur
Aussi il souffre en vain si seul dans les pénombres
Lucienne le 11.11.2016

Le banc blessé
Ce banc abandonné me fait trop mal à l’âme
Car il a recueilli tant de beaux souvenirs
Mais des mauvais aussi dans d’affreux repentirs
De ceux qui vous quittent en un horrible drame

Sur son bois les signes d’un stylo, d’un calame
Qui ont blessé sa veine en futiles plaisirs
Des amoureux transis troublés par leurs désirs
A écrire leurs noms pour exprimer leur flamme

Puis ils ont disparu laissant vide ce banc
Qui gémit dans l’hiver dessous le manteau blanc
Que la neige a couvert de sa grande froidure

Alors il se tapit en attente de mains
Venant le consoler dans ce gel qui perdure
A rêver de beaux jours, de meilleurs lendemains.
Lucienne le 11.11.2016

Etats d’âme d’un banc
L’automne s’en revient sur les allées de pierre
Le petit banc charmant s’endort tout doucement
Presque plus de passants et c’est l’accablement
Pour ce beau bois poli par la douce lumière

Le soleil est moins chaud que la saison dernière
Et il est esseulé souffrant atrocement
Les badauds l’évitent, au cœur un pincement
Qu’il essaie de cacher dans son âme très fière

Mais il aurait pourtant beaucoup à raconter
Des souvenirs d’amants qu’il a pu confronter
Et des gestes d’enfants posés sur son assise

Aujourd’hui bien trop seul, il quête les flâneurs
Qui ne s’arrêtent pas et sa fibre agonise
Dans les matins frileux sans aucuns promeneurs
Lucienne le 16.11.2016

Le vieux banc solitaire
Dans l’automne naissant se lamentait un banc
Il était esseulé parmi les feuilles rousses
Qui jonchaient la terre recouverte de mousses
Il semblait redouter le frileux matin blanc

Il attendait les gens et leur rire peu franc
Pour y seoir un peu mais leurs tristes frimousses
Ne daignaient pas le voir et il pleurait de frousses
De passer à côté de tous ces tire-au-flanc

Il était beau pourtant en son bois patiné
Et il était solide en sol enraciné
Depuis longtemps déjà à accueillir le monde

Mais les temps ont changé qui signe son trépas
Car il n’est plus côté dans l’univers immonde
Où meurent ces beaux bancs pour reposer nos pas
Lucienne le 20.11.2016

Le banc de nos amours
Te souvient-il du banc où nous parlions sans cesse
A refaire le monde, à nous poser souvent
Confortable il était balayé par le vent
A bien nous accueillir, nos cœurs pleins d’allégresse

Nous y avions écrit notre amour en tendresse
Mais d’autres amoureux étaient passés avant
Ce jour il est bien seul, aucun ne recevant
Détrempé par la pluie et le froid qui l’agresse

Il nous a vus rêver ce joli banc de bois
Profitant du soleil à l’orée du sous-bois
Son dossier était droit, il avait bonne assise

Mais l’hiver s’en revient, le petit banc est las
D’attendre dans le froid et son bois agonise
Abîmé par les ans, abandonné hélas
Lucienne le 22.11.2016

La sagesse d’un banc
Ce joli banc de bois semble bien nous attendre
Tenons lui compagnie, assoyons-nous ici
L’été s’en est allé et le vent a forci
Laissons-nous emporter de félicité tendre

Voyez-vous mon ami je ne peux pas prétendre
A vous aimer toujours mais je vous dis merci
D’avoir su m’étourdir quand j’avais du souci
Alors embrassez-moi afin de me détendre

Nos printemps sont si loin à nous aimer d’amour
Gardons ces souvenirs dans la joie et l’humour
Et chassons le reste qui a pu nous aigrir

Soyons comme ce banc, solide et immuable
Il profite des jours sans jamais rabougrir
Sachant se pavaner en veine remarquable
Lucienne le 23.11.2016

La complainte d’un banc
Les passants de la rue n’entendent plus la plainte
Du petit banc de bois qui gémit doucement
Il n’a plus d’occupant et dans l’accablement
Sa superbe veine psalmodie sa complainte

Celle d’un bois usé qui a perdu sa teinte
Au long fil des saisons mourant rapidement
Et quand l’hiver s’en vient, il souffre atrocement
Engourdi par le froid dans sa pénible astreinte

Il est là, il est seul, écoutez le pleurer
Il aurait tant voulu encore demeurer
Le banc des amoureux et des personnes sages

Mais les vieux sont partis le laissant effondré
Les badauds sont pressés prenant d’autres passages
Que ce banc solitaire en azur gris cendré
Lucienne le 25.11.2016