Pas de repos pour l'inspecteur 9

Pas de repos pour l’inspecteur 9,
Les deux hommes, n’ayant plus rien à dire de concret, se séparèrent sur une poignée de main chaleureuse. L’inspecteur comptait mettre à profit cette magnifique journée pour faire une escapade dans les vieux quartiers de la ville. Il aimait beaucoup ces antiques boutiques de souvenirs, les rues piétonnes encore pavées à l’ancienne, le superbe kiosque à musique de la rue Gambetta qui abritait toujours des concerts ainsi qu’un magnifique carrousel, la lanterne des morts qui se trouvait en plein centre-ville et qui était autrefois un cimetière. Cet édifice servait pour le culte des morts… De quoi passer la matinée entière et peut-être même l’après-midi à découvrir toutes ces petites merveilles. Il flânait tranquillement dans ces vieilles ruelles, à s’épater de tout, le regard curieux et pétillant comme celui d’un gamin. Avec son portable, il flashait en rafales et s’amusait beaucoup de tout et de rien. Il alla faire un tour du côté du parc aux fleurs, très sympathique. Ses pas le conduisirent jusqu’au jardin aux oiseaux. Il y découvrit un très bel ensemble de perroquets, d'aras, de toucans, d'émeus ... Plus de deux-cent variétés d'oiseaux de tous les continents. Il y resta très longtemps, prenant le temps de lire tous les panneaux de descriptions de chaque espèce. Cependant, il commençait à avoir grand faim et décida de se chercher un petit troquet. Il trouva un estaminet pas trop cher qui proposait la mouclade oléronaise arrosée d’un vin blanc du pays et quelques caramels salés pour la fin du repas. Cela lui allait parfaitement. Il s’installa sous un grand parasol pour continuer à voir les rues animées. Il regardait attentivement les passants et s’amusait à deviner leur quotidien, leur métier, leurs amours : c’était son passe-temps favori lorsqu’il se trouvait en ville. Mais ses rêveries citadines furent interrompues par la sonnerie du portable. Heureusement, il avait terminé son repas et était sur le point de repartir. C’était un appel de son homologue. Il avait du nouveau à lui soumettre et ils convinrent de se retrouver au même bistro que la veille. L’inspecteur régla rapidement l’addition et s’en alla au pas de charge au lieu de rendez-vous. Pour cette fois, c’est lui qui arriva le premier Cela lui laissa le temps de s’installer confortablement à leur place habituelle. Il y avait moins de monde que la veille mais par souci de tranquillité absolue, il s’assit à l’arrière du comptoir, face à la porte pour accueillir sans surprise son ami. Il commanda un café qu’il avala sur le pouce, sachant que d’autres suivraient. Il se doutait bien que le commissaire avait des nouvelles importantes à lui communiquer. Il s’était vu en matinée pour faire le point. Mais la fatigue se faisait ressentir et il commença à somnoler sur la chaise. Le commissaire semblait bien en retard : il devait se passer quelque chose d’imprévisible dans son enquête, à moins d’un embouteillage en ville. Il en était là de ses pensées quand le policier arriva en courant, tout essoufflé et le visage cramoisi par sa course effrénée. Il s’assit si vite qu’il faillit manquer la chaise. Il demanda un panaché très frais à la serveuse qui le servit dans la foulée. L’inspecteur attendit qu’il reprenne un peu ses esprits pour l’interroger. Il avait hâte maintenant d’en savoir davantage sur cette précipitation. A n’en pas douter, l’affaire avait dû avancer ; il espérait que ce fut dans le bon sens. Une fois rafraichi, le divisionnaire lui raconta par le menu sa matinée plus que mouvementée. Tous ses services étaient en alerte rouge. Ils avaient repéré le présumé innocent sur un marché maraîcher de Poitiers, à faire ses courses comme si de rien n’était, à prendre son temps chez les commerçants de fromage et de charcuterie : bref, il l’avait appréhendé en douceur. L’homme semblait ne pas comprendre ce qu’il lui arrivait. Il niait tout en bloc et c’est là que le commissaire avait besoin de l’aide de l’inspecteur. Il avait été amené menottes aux poings au commissariat de police et mis dans une cellule de dégrisement : l’homme était très aviné et il fallait le protéger de lui-même et attendre qu’il se dessoûle un peu : il n’était pas en état de répondre à leurs questions. De plus, l’avocat commis d’office n’était pas encore arrivé, il n’avait pas pu se libérer sans doute…
Lucienne le 29.03.2016