Pas de repos pour l'inspecteur 8

Pas de repos pour l’inspecteur 8,
Il était maintenant l’heure pour l’inspecteur de se coucher et de dormir. Sa journée avait été longue et fatigante. Il avait mal de partout. Il défit la couette, remonta un peu l’oreiller et s’étendit enfin. Il n’eut pas le temps de rêvasser ni de ressasser quoique ce soit : le sommeil le prit aussitôt. Il avait quand même laissé son portable allumé au cas où le commissaire chercherait à le joindre. Et c’est effectivement la sonnerie du téléphone qui le surprit dans son assoupissement bien mérité. Il regarda l’heure rapidement : il était déjà huit heures. Il n’avait pas vu passer sa nuit. Il répondit d’une voix un peu pâteuse : il avait le réveil un peu difficile. C’était le commissaire qui lui donnait des nouvelles. Il n’avait toujours pas retrouvé les deux disparus mais il avait des pistes sérieuses. Il voulait en discuter avec lui autour d’un petit déjeuner copieux dans un petit bistro du coin, situé pas très loin de sa pension de famille. Ils se donnèrent rendez-vous pour neuf heures. Cela donnait largement le temps à l’inspecteur de se débarbouiller, de se raser, de coiffer ses mèches décidément trop rebelles et de s’habiller de frais. Une fois fin prêt, il descendit à toute allure les étages et se rendit sur le champ à l’adresse indiquée : le divisionnaire était déjà arrivé et l’attendait. Ils se saluèrent de façon amicale et se calèrent dans une salle adjacente, loin du zinc où il y avait trop de monde et d’oreilles indiscrètes. Une charmante barmaid vint prendre les commandes. La première collation se devait d’être consistante pour bien démarrer la journée. Peut-être qu’ils n’auraient pas le temps pour le déjeuner. Le divisionnaire raconta sa soirée agitée, les coups de fils intempestifs reçus au commissariat, les annonces Facebook sans parallèle avec son affaire. Il avait mis en place le plan alerte enlèvement qui avait été accepté par la famille et dont le procureur avait donné l’aval. Il voulait absolument élucider cette enquête rapidement et sans casse si possible. Il avait aussi établi un listage des prédateurs et multirécidivistes reconnus qui étaient en liberté ou semi-liberté depuis deux ans comme il lui avait demandé. La liste fut longue mais après des recherches pointilleuses, un nom ressortait du fichier systématiquement, celui d’Emile DUNANT, arrêté pour kidnapping et violences sur mineurs, viols aggravés et délit de fuite, détention de cocaïne et buveur invétéré. Il avait été relâché pour bonne conduite il y a deux mois. Il résidait dans la région poitevine, plus exactement à Royan dans un meublé prêté par la mairie. Il devait se présenter régulièrement au commissariat mais depuis un mois, les gendarmes ne l’avaient pas vu. La distance qui séparait les deux villes était de cent-quatre-vingt kilomètres. En voiture, il fallait compter un peu plus de deux heures pour faire le trajet. Il devait demander au service des cartes grises si l’individu possédait un véhicule. Si oui, il devait l’intercepter au plus tôt. Peut-être que le quadrillage de Poitiers donnera des résultats satisfaisants. Le commissaire avait bien avancé et l’inspecteur était ravi de son aide apportée. Il ne restait plus qu’à attendre les résultats de la préfecture en recherche d’immatriculation et d’obtention de cartes grises. Le divisionnaire avait posté une faction devant le domicile de l’individu mais il n’était pas chez lui. Il demanda un mandat d’amener de l’individu. Pour l’heure, le commissaire se sustentait allègrement avec l’inspecteur, à goûter à toutes les friandises proposées accompagnées par des petits noirs bien serrés. Ils avaient besoin de fortifiants pour commencer cette journée qui s’annonçait décisive. Le plan était bien amorcé et il leur fallait un peu de patience pour que le piège fonctionne : l’homme était en traque et ne s’en laisserait pas conter. C’était un dangereux sociopathe et il devait être arrêté dans les plus brefs délais.
Lucienne le 28.03.2016