André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: LE ZADJAL (Prosodie) Mer 6 Avr - 12:31 | |
| PETIT LEXIQUE POÉTIQUE
LE ZADJAL (ou : ZAJAL ; ZÉDJEL ; ZÉGEL ; ZÉJEL) Il s'agit d'un poème d'origine arabe qui aurait été inventé au XIIe siècle par Ibn-BÂDJDA. Il serait le modèle d'une forme poétique andalouse populaire, passée en langue castillane au XIVe siècle.
Le genre s'adapte fort bien à la musique, et a atteint son apogée avec le poète Ibn QUZMAN, mort à Cordoue en 1160, qui s'en est servi pour ses panégyriques, mais aussi pour chanter la nature, le vin et, surtout, l'amour. Il fut également à l'honneur chez les soufis, et se perpétua jusqu'à nos jours grâce par exemple à un Mahmud BAYRAM AL-TUNSI.
Cette poésie montre une ressemblance à la poésie vernaculaire postérieure des troubadours du sud-ouest de la France.
En français, cette forme a inspiré à Philéas LEBESGUES son "Livre des Zegels". Mais c'est surtout Louis ARAGON qui l'a fait connaître en écrivant une série de poèmes sous ce titre dans son livre : "Le Fou d'Elsa", en 1963.
Après un distique introductif, le "Zadjal" se compose de quatrains, eux-mêmes constitués par un tercet monorime et un quatrième vers rimant obligatoirement avec le distique introductif
Cependant, ARAGON dans ses propres zadjals , imite pas tout à fait cette forme dont il s'est seulement rapproché dans le tout dernier poème de son recueil. Je le donne, ci-dessous, en exemple, pour la compréhension de cette forme de poésie.
LE VRAI ZADJAL D'EN MOURIR
Ô mon jardin d'eau fraîche et d'ombre Ma danse d'être mon coeur sombre Mon ciel des étoiles sans nombre Ma barque au loin douce à ramer
Heureux celui qui meurt d'aimer
Qu'à d'autres soit finir amer Comme l'oiseau se fait chimère Et s'en va le fleuve à la mer Ou le temps se part en fumée
Heureux celui qui meurt d'aimer. | |
|