L'inspecteur à la ferme 12

L’inspecteur à la ferme 12,
L’inspecteur mit fin à l’interrogatoire : il en savait assez pour le moment et l’homme se retranchait de nouveau dans ses dénégations. Il le fit remettre en cellule non sans l’avoir fait visiter par un médecin. Il commençait à avoir des palpitations, de la fièvre et des symptômes de déshydratation. Ce n’était pas le moment de faire un delirium tremens. De toute manière, les aveux n’étaient pas complets et il lui manquait des preuves. Il salua l’avocat et le criminologue et leur demanda de revenir le lendemain à la même heure. Il avait besoin d’être seul pour réfléchir et attendait des nouvelles de ses hommes restés sur le terrain. Il raccrocha son téléphone au cas où et se fit un café bien noir. Il prit des notes vite fait de son interrogatoire pour ne pas oublier les faits mais de toute évidence, les deux hommes s’étaient mis d’accord sur leurs aveux. Excepté le père qui en avait dit un peu plus long sur la jeune fille. Bizarre et ennuyeux que Mélissa n’ait toujours pas donné signe de vie. L’inspecteur était très inquiet pour elle. C’est alors que le téléphone sonna : c’était la brigade cynophile. Ils avaient retrouvé le corps d’une jeune fille dans la soue aux cochons. L’inspecteur manqua d’air soudain et s’assit prestement sur la chaise de son bureau : ainsi donc, il y avait deux meurtres à élucider. L’affaire n’était plus la même. Il dépêcha le médecin légiste à la ferme et se rendit sur les lieux du crime dans une estafette de la police locale. Ils arrivèrent pratiquement en même temps : la scène avait été gelée par la brigade. Le médecin commença son travail et hélas confirma que c’était bien Mélissa Duroit, âgée de vingt ans, habitant près de Pontarlier dans le Haut-Doubs. Elle avait encore en sa possession son sac à main avec tous ses papiers d’identité. Elle avait été étranglée avec son propre foulard et portait sur le corps de nombreuses ecchymoses. Le décès semblait remonter à plus de quinze jours d’après la rigidité cadavérique mais il fallait attendre la médecine entomologiste pour en être certain. L’entomologie était une science qui permettait à la police scientifique de déterminer avec précision l’heure du décès d’un corps. Elle se caractérisait par l’étude des insectes retrouvés sur le corps. Chaque type ou phases de développement d’insectes correspondaient à un niveau de dégradation des tissus de l’organisme. L’analyse de leur degré de maturité permettait alors de dater la mort, même quand celle-ci remontait à plusieurs semaines. Une partie des insectes était conservée dans l’alcool et l’autre partie était destinée à l’élevage dans des conditions similaires de celle de l’environnement (température, humidité…) du cadavre et de son voisinage. L’inspecteur était sidéré : que s’était-il donc passé dans cette ferme et pourquoi tant d’acharnement sur les victimes ? Lequel des deux prévenus était coupable de ce carnage ? Il en était là de ses interrogations quand un technicien vint le voir pour lui parler : ils avaient retrouvé la douille d’un fusil de chasse dans un purin d’orties. Il restait plus à l’inspecteur qu’à rapprocher les faits, à trouver le ou les coupables et les vraies raisons de ce massacre. Les deux hommes en auraient pour perpète : l’inspecteur était furieux et consterné. Il avait tellement espéré que ce ne fut qu’une fugue de la part de Mélissa. Alors se pouvait-il qu’elle fut séquestrée par ces deux lascars ? Maintenant, ils devaient parler et dire toute la vérité. L’inspecteur ne dormirait pas encore cette nuit. Il avait du pain sur la planche et il voulait absolument monter un interrogatoire serré, sans relâche des deux prévenus, avec preuves et photos à l’appui…
Lucienne le 18.02.2016