L'inspecteur à la ferme 3

L’inspecteur à la ferme 3
L’inspecteur fit ouvrir l’appentis de la victime et pénétra le premier dans le logis. Et il fut stupéfait par le désordre qui y régnait. D’une saleté repoussante, des moisissures au bas des murs et de l’unique fenêtre apparaissaient bien visibles. Une odeur de renfermé saisit les hommes et ils se hâtèrent d’ouvrir les carreaux pour purifier l’air dans la mesure du possible. De toute évidence, le fermier n’était pas en règle avec l’hygiène et la salubrité de ses locaux. Le policier fit un tour rapide dans le minuscule réduit et trouva ce qu’il cherchait : les papiers d’identité de la victime, quelques factures, des fiches de paies chiffonnées, des cartes de crédit valides, un passeport périmé. Mais ce qui l’intéressa au plus haut point, c’était un ordinateur flambant neuf, une imprimante, un scanner, des consoles de jeux, que du matériel sophistiqué et semble-t-il depuis peu sorti du carton. A l’évidence, étant donné le salaire peu élevé du stagiaire, tout ceci avait été financé par une autre manne que sa solde. L’inspecteur récupéra le disque dur afin d’analyse et réquisitionna tout le matériel high Tech. Les fermiers semblèrent fort surpris par cet équipement informatique auquel ils n’étaient pas habitués. Ils vivaient encore à l’ancienne et ne possédaient sans doute pas d’ordinateur ni de téléphone portable. Le policier continua sa fouille méthodique, ouvrant tous les tiroirs, les placards, regardant sous le matelas, inspectant les vêtements, examinant la minuscule salle d’eau, les toilettes rudimentaires, la kitchenette pleine de crasse et de gras… Et là, il fit une découverte inattendue : il trouva cachés dans des boîtes alimentaires des rouleaux de billets tout neufs. Il sortit ce butin devant les yeux éberlués des deux paysans. Il fit tout mettre sous scellés après en avoir pris des photos avec son portable. Il continua sa recherche avec minutie mais ne trouvant plus rien de probant, il ressortit avec les témoins en prenant bien soin de placer sous séquestre l’appentis en attendant que la police scientifique intervienne. L’inspecteur n’était pas mécontent de ses trouvailles mais il ne savait toujours pas qui était le coupable présumé de cet homicide. Par conséquent, il intima l’ordre aux fermiers de ne pas bouger du territoire tant que le crime ne sera pas élucidé. Les deux hommes ne firent aucune objection : ils n’avaient pas l’intention de s’enfuir. La ferme avaient besoin d’eux et ils avaient énormément de travail à fournir avec une aide en moins. Ils invitèrent l’inspecteur à venir boire un café mais ce dernier refusa. Il avait hâte de quitter cet endroit sordide et malsain. L’inspecteur retourna voir le médecin légiste qui semblait-il avait fini son travail. Selon ses premières constations, la victime était décédée depuis presque quinze jours suite à des blessures par arme blanche. Malheureusement, le corps avait été déplacé post-mortem par les fermiers. Il ne pouvait en dire davantage avant l’autopsie. L’inspecteur était un peu énervé : il ne pouvait pas geler la scène de crime ni relever les empreintes. Trop de passage l’avait contaminé, sans parler des bovins et de la pluie incessante qui tombait en déluge, faisant un grand bourbier dans l’enclos
L’inspecteur laissa deux hommes en faction à la ferme et se fit ramener au bureau par le médecin légiste. Ils pourraient ainsi discuter en toute intimité sur le cas qui les préoccupait maintenant. Les deux hommes discutèrent bon train dans la voiture. Cependant, ils fulminaient contre le mauvais temps qui allait brouiller cette enquête. Mais l’inspecteur restait confiant : il avait quelques éléments en main et peut-être que les gars de la police scientifique sauraient faire parler le disque dur de l’ordinateur. Pour l’heure, il était dans le flou total et il lui fallait attendre le résultat de l’autopsie et des indices relevés dans l’appentis. Les techniciens sauraient sans doute ouvrir une brèche pour s’y engouffrer et élargir le champ des investigations. Ce monde de taiseux ne lui disait rien qui vaille et c’était peut-être une vengeance personnelle suite à des menaces répétées. ¨Pour l’heure, l’inspecteur invita le médecin à une petite collation dans un bistrot et ils se sustentèrent presque en silence bercés par le brouhaha des clients, fatigués qu’ils étaient par ces moments passés dans cette exploitation hors normes, dans le froid et la gadoue ….
Lucienne le 14.02.2016