Mensonges et trahisons ... ... -3-

Tout était rentré dans l’ordre et le couple cherchait un nid pour s’installer. Pas toujours facile de trouver quelque chose qui soit au goût d’Henriette et dans des prix raisonnables, ça va de soi. Quelques mois passèrent, non sans mal, enfin l’appartement, point de départ d’une vie à deux se présentait. L’installation sommaire, avec des ustensiles de cuisines anciens de la maman d’André, un réchaud à gaz, le mobilier de la chambre d’André, table et chaises complétaient le tout, évitant ainsi d’avoir à acheter pour démarrer dans la vie. Très vite, malgré la patience d’André, quelques petites scènes de ménage venaient casser l’ambiance. Il comprenait mal, alors, qu’il apportait douceur, tendresse et amour à son épouse, il demanda ce qu’il avait pu faire de mal, et la réponse d’Henriette fut cinglante :

-Je ne t’aime pas d’amour !
-Ah bon et c’est maintenant que tu me dis ça ?

Henriette donna son explication :

-Pendant les mois où tu étais en Afrique du Nord, j’ai réalisé que j’avais un grand sentiment d’amour pour un autre homme, amour platonique, car je ne lui ai jamais avoué.
-Bon ce n’est pas grave, ma chérie, tu m’aimes quand même ?
-Oui je t’aime comme un frère, mais je ne t’aime pas d’amour.
-C’est compliqué tout ça, alors que fait-on maintenant que nous sommes mariés ?
-Rien, nous restons ensemble.
-Pourquoi, si tu dois m’aimer comme un frère, je me sens frustré, donc mieux vaut mettre un terme à notre union.
-Ah non pas question, répond Henriette,
-Et pourquoi donc, puisque tu ne m’aimes pas d’amour,
-Je ne veux pas faire de la peine à maman.

Il se dit qu’avec le temps tout finira par s’arranger et que peut-être la conception d’un enfant viendrait souder cette union, sachant qu’elle ne souhaitait pas avoir la première année de mariage. Côté sentiment André ne connut pas avec Henriette l’Amour avec un grand « A », mais sexuellement parlant tout se déroulait à merveille, la machine était bien rodée.

Arriva ce qui devait se produire, l’épouse était enceinte, ce qu’elle n’accepta pas avec joie. Les petites scènes se transformèrent en petites disputes au fur à mesure que le terme approchait.

Les soirées pour calmer l’ambiance, lui tricotait des chaussons pour le bébé (et oui! vous avez oublié que sa maman lui avait appris), tandis qu’elle faisait de la layette. Moment de détente qui permettait à André de se préparer à la naissance qui, dans son esprit devait, ressouder le couple. Les douleurs d’Henriette dès le 8ème mois de grossesse faisaient ressortir quelques reproches. Et oui, si elle avait mal, c’était la faute à lui, pourtant il n’avait fait que ce qui doit être la raison pour tout couple de fonder une famille.

L’accouchement n’arrangea rien, au contraire, dix-huit heures après son entrée en clinique, Henriette mit au monde une fille qui a nécessité la pose de forceps. Un élément supplémentaire qui venait alimenter les discussions. André était patient, et il mettait la main à la patte, préparer les biberons, changer les couches, rien ne lui faisait peur. Il avait le sentiment de se faire pardonner et qu’elle le considèrerait mieux. La vie s’écoulait ainsi, avec beaucoup moins de frictions, dans une relative harmonie et cette petite faisait la joie du couple mais aussi, et surtout, de sa mamie. Les années s’écoulèrent sans ombre dans le foyer pendant six années, puis le doute s’installa dans la tête d’André. Quelques petites allusions lui faisaient deviner, chez son épouse, que quelque chose avait changé. André avait remarqué que lorsqu’ils allaient chez papa et maman, Henriette arborait un sourire admiratif, en lisant un livre.