Mensonges et trahisons ... ... -2-

Le printemps 1956, le père d’Henriette et les parents d’André, organisaient les fiançailles de leurs enfants, qui se fréquentaient en tout bien tout honneur. Incorporé pour son Service Militaire, en été 1956, André devait rejoindre le Maroc. Durant ces années, ils entretenaient une correspondance régulière, apprenant ainsi combien sa maman et Henriette étaient de plus en plus proches. Les années passèrent avec le transfert du Régiment en Algérie, début 1958, et le séjour en Afrique du Nord prenait fin en Novembre 1958.  

Leur vie reprenait, Henriette toujours occupée au service de sa famille, André avait retrouvé son activité et ses revenus venaient tous les mois en aide à sa maman, toujours aussi heureuse de cet amour filial entre elle et Henriette. Les parents n’abordaient pas l’idée du mariage, et l’on peut comprendre que cette situation les arrangeait bien. Les mois passèrent, les frère et sœur d’Henriette grandissaient et aspiraient à prendre leur envol, car le père, ayant une amie qu’il cachait à ses enfants, décida un jour de l’installer dans la maison. Tout ne se passa pas très bien, on s’en doute, et Henriette fut invitée par la maman d’André à venir s’installer chez elle et préparer ainsi le mariage.

Fin 1959, la publication des bans faites pour la cérémonie à la Mairie, il fallut attendre la semaine suivante pour le mariage religieux, en raison de l’indisponibilité du prêtre, c’était le vrai mariage aux yeux de sa maman. Un petit bémol pourtant, le soir du mariage civil, les deux époux montent se coucher, mais la maman  suivait et relégua chacun des jeunes mariés dans leur chambre respective. Le mariage ne fut consommé qu’après être passé devant le prêtre, au grand regret d’André. La lune de miel, prévue pour le lendemain du mariage, dans une région ensoleillée, en ce début Janvier, nos deux amoureux patienteraient jusque là. Que diable ils n’étaient pas affamés à ce point, pour ne pas savoir attendre.

Le soir, à l’issue du repas, comme veut la tradition, et avec la complicité d’un ami, nos jeunes mariés prirent la direction de l’Hôtel près de la gare pour passer leur première nuit. Le lendemain matin, fin prêt pour prendre le train qui devait les conduire pour séjourner la semaine au bord de la mer. Un nouveau bémol, plus ils s’approchaient de la grande bleue, plus la pluie redoublait, si bien qu’à la descente du train une importante trombe d’eau les obligea à prendre une chambre au Buffet de la gare. Ce ne fut pas la meilleure idée, André comprit vite la déception d’Henriette en voyant l’état, minable, il faut le dire, de l’environnement venant s’ajouter à cette pluie qui ne voulait pas cesser. Deux jours durant, la pluie torrentielle interdisait quelque sortie que ce soit. Envolés les belles promenades au soleil, les repas dans différents restaurants, la joie de pouvoir visiter main dans la main, comme le font les amoureux, ces magnifiques sites inconnus.

La suite du séjour était compromise, d’autant qu’Henriette ne cessait de pleurer depuis leur arrivée. André, avec son côté sentimental essayait de comprendre les pleurs et elle finit par lui avouer que ce n’était pas à cause du mauvais temps, mais à cause de l’ennui .. Elle s’ennuyait de maman. Un peu la mort dans l’âme, André accepta la demande de son épouse de revenir à la maison sans prévenir, il faut dire qu’à cette époque les parents n’avaient pas de téléphone et la jeune mariée était pressée de retrouver sa maman. Comment imaginer la descente du train, alors que personne n’était au courant, la maman des tourtereaux attendait sur le quai. André se creusait un peu la tête et la solution évidente lui vint à l’esprit, pourquoi pas la télépathie….