Sale histoire pour l’inspecteur 12

Sale histoire pour l’inspecteur 12

Après l’avoir rassuré, il reposa le combiné et alla s’installer sur le canapé pour réfléchir, en sirotant une bonne bière. Il devait la jouer fine. Il lui fallait  obtenir des aveux pour inculper ces deux paumés.
Mais surtout, il voulait savoir pourquoi. Que c’était-il donc passé pour en arriver à ces actes de barbarie et de tortures, à ces mutilations de cadavres et surtout, pourquoi n’avaient-ils pas pris la fuite ? Personne ne semblait les connaître, du moins cela ne ressortait pas dans le dossier. Que représentait cette grosse somme d’argent qu’ils avaient entre les mains ?  Si vraiment, elle leur avait été offerte comme ils le disaient, ils n’avaient pas besoin d’assassiner pour l’obtenir. Il devait éclaircir ce dilemme qui lui semblait contradictoire.
Pour la peine rendue, c’était l’affaire du juge et des psychiatres : les parricides ne sont pas des criminels ordinaires. La plupart d’entre eux sont considérés pénalement irresponsables de leurs actes.
Son travail était d’établir des faits et il était sur la bonne voie : ne restait plus qu’à les confondre.
Il décida de les interroger séparément en commençant par le plus vulnérable : il lui semblait que c’était Aurore. Il serait sournois mais il se servirait peut-être de son handicap pour la déstabiliser et la faire avouer. Elle devait en souffrir depuis longtemps et devait être à fleur de peau à ce sujet.
Le garçon lui paraissait plus difficile à manipuler et plus sûr de lui mais, encore une fois, il se méfiait des apparences. En tout cas, il supportait mal le sevrage et manifestait déjà les signes de manque ; en le laissant mariner une paire d’heures de plus, il serait peut-être cuit à point.
Il se leva, alluma une cigarette vite fait et s’installa à son bureau : il replaça les photos des victimes bien en évidence et demanda au planton de garde d’aller chercher la fille, sans la menotter étant donné sa lourde pathologie.
Elle arriva le pas traînant, le cheveu hirsute, des cernes violacés sous les yeux et les mains tremblantes. Elle semblait flotter dans ses vêtements froissés, Elle était accompagnée d’un interprète du langage des signes dépêché par les services spécialisés.
Elle s’assit à moitié sur la chaise, posa un regard rapide sur les photos et baissa la tête comme un chien battu. Elle avait l’air épuisée et en même temps, il sentait une force de caractère la soutenir dans cette épreuve.
-« Alors, Mademoiselle Delplanque, nous savons tout sur votre frère. Les tests ADN ont parlé et Madame Magnat était votre mère biologique à tous les deux.  Examinez bien ces photos, elle est là, coupée en morceaux comme un animal de boucherie et nous voulons savoir pourquoi : que s’est-il passé cette nuit-là pour que vous en soyez arrivés à ces extrémités ? Je vous écoute et n’essayez pas de raconter des bobards, nous avons toutes les preuves en main et les résultats obtenus sont implacables pour vous et votre frère.
- Monsieur l’inspecteur, je vais vous dire toute la vérité, je n’ai plus rien à perdre et je veux soulager ma conscience. J’ai découvert que j’avais un frère depuis peu, je cherchais ma mère biologique et c’est par hasard que je suis tombée sur ce garçon qui faisait les mêmes recherches que moi…
Lucienne le 28.12.2015