L'image de janvier

Le vieil arbre souffreteux

Il était une fois dans un bois très profond
L’arbre millénaire qui pleurait aux étoiles
Ainsi larmoyait-il, enlevez-moi ces voiles
Qui ternissent mes yeux, ce drap qui me morfond

J’ai mal des racines jusqu’en haut du plafond
Car l’épeire a sur moi emmêlé d’autres toiles
Je ne puis respirer à cause de vieux zoiles*
Qui veulent mon trépas me tirant par le fond

Mon cœur est bien trop las et ma vie incertaine
Quand mon corps fatigué ne peut à la fontaine
S’abreuver encore et fluidifier son sang

Mes bras n’en peuvent plus de soutenir l’Olympe
Mes doigts sont rabougris, je m’en vais périssant
J'ai mal à ma vie et ma vigueur plus ne grimpe.

Lucienne le 05.01.2016
*Critique envieux et méchant.

Sous ses cheveux de vent, un arbre soupirait
Hanté par le clapot d'une onde centenaire
Il avait vu passer ses jours d'anniversaire
Sans pouvoir les compter quand le ciel s'éclairait.

En écoutant ses pleurs, son âme chavirait
Questionnant son sort qui n'avait pas su plaire
Et qui l'avait laissé seul, et célibataire
Pour égrainer le temps que l'avenir tuerait.

Il aurait tant aimé connaître enfin la fièvre
Faire fleurir pour elle un buisson de genièvre
Pour embraser son cœur l'espace d'un instant.

Ses rêves envolés n'inventaient qu'une ride
Sur son tronc délavé par l'amour inconstant
Qu'une étoile filante avait rendu languide...

Au petit bois, un arbre

Au petit bois charmant, des fleurs priaient pour l’arbre
Un beau centenaire qui était très grincheux
Il était encerclé d’arachnides faucheux
Qui chatouillaient ses pieds, il n’était pas de marbre

Mais il avait un don, il cultivait de l’ambre
Qu’il récoltait la nuit de ses bras pelucheux
Et qu’il offrait à l’aube aux cœurs coquelucheux
Sa sève panacée était seule antichambre

Pour les corps éperdus qui cherchaient médecin
Sa voix très puissante vibrait tel clavecin
Au petit bois joli pour soulager les âmes

Mais l’eau vint à manquer et l’arbre se mourut
Alors le frais bouquet de délicates dames
L’arrosa de ses pleurs et l’arbre secourut.

Lucienne le 05.01.2016

Près d’une rivière se lamente un vieil arbre
L’eau manque cet été, il fait vraiment très chaud
La pluie sa confidente, aujourd’hui, fait défaut
Elle doit revenir, mais pas avant décembre

Il supplia en vain : Comment vais-je fleurir?
Mes cheveux vont blanchir, manquant de nourriture
Ton présent sur mon sol, est mon sel d’aventure
Si tu me laisses ainsi, je n’ai plus qu’à mourir !

Pour un dernier baiser, elle offrit un orage
L’écouta mainte fois, mais ne voulût céder
D’autres pays mourraient, il fallait les aider
Avec un triste adieu, grimpa sur un nuage.

Notre centenaire devint saule pleureur
Sa grande chevelure en fines gouttelettes
Est venue ombrager ses deux grosses fossettes
La nature veillera à garder son humeur.

L’arbre et les lilas
Il était une fois une FORET magique
Dans laquelle vivait un vieil arbre très las
Il recherchait la PAIX entouré de lilas
Qui voulaient avec lui PARTAGER le tragique

Ils firent de beaux VŒUX au monde astrologique
Pour panser leur ami l’épargnant du verglas
Il lui fallait AIMER du doux printemps le glas
Et CHANTER les hivers en messe liturgique

Ainsi fort soulagé, le SOURIRE il reprit
Lors la neige tomba et très fort s’en éprit
De sentir ses flocons et ce gel illusoire

Parce qu’ils offraient l’eau dont il avait besoin
L’ANNEE fut très froide en cristaux dérisoires
Mais l’instinct GREGAIRE de lui avait pris soin
Lucienne le 14.01.2016

Le vieux saule pleureur.


Voyez je suis ridé. Le temps a eu raison
De mon visage lisse.
Rien ne peut l’empêcher , pas même la police,
Tous un jour vieillissons.

Mes branches vers le sol s’épanchent lentement
Comme une pluie de larmes,
Mais de ce mouvement n’ayez aucune alarme
Je me voile seulement.

Je ne veux surtout pas effrayer les enfants
Qui ont peur des sorcières.
Je suis parcheminé jusqu’en haut des paupières
Comme un vieil éléphant.

Mais sur moi n’ont plus prise aucun des vents hurlants
Contre eux j’offre un asile.
Je suis dans la tempête sur l’océan une île
Et l’abri des amants.


Yvon d’Ore.
( 27 janvier 2016 )

Le vieil arbre et l’enfant
Dis-moi mon bel enfant, que cherches-tu ici
N’as-tu point compagnons à errer solitaire
Dans ma triste forêt dont je suis élitaire
Les aurais-tu perdus en mon bois obscurci

Je n’ai plus de copains, ils ont pris raccourci
Je les cherche partout, vous m’êtes salutaire
D’être de la sylve mon seul allocutaire
Pour veillez sur le vent, je crois qu’il a forci

Viens plus près mon enfant car je suis dur d’oreille
Ne crains pas la brise qui agite la treille
Je vais te dévoiler de mon cœur mes émois

Mais tu ne diras rien, il faut que tu le jures
Je suis très vieux tu sais et je reste aux abois
Moi je crains le soleil là-haut dans mes ramures

Monsieur l’arbre joli, je vous trouve courtois
Je resterai muet au risque de parjures
Mais je suis un enfant et peu souvent matois

Je te trouve bavard plus pie que la corneille
Repose-toi un peu dans ce tronc qui sommeille
Là-bas près du ruisseau à l’abri du grand-bois*

Tu as l’air débrouillard et sembles volontaire
Tu es jeune encore, ton cœur n’est étréci
Le mien est fatigué par les ans trop ranci
D’avoir vécu longtemps en vieux célibataire

Monsieur de la forêt, vous n’êtes grabataire
Vous êtes toujours vert, vous n’avez point chanci *
Vous m’avez consolé et je vous dis merci
                                                                                                                                                                               Car vous m’avez appris qu’il est bon de se taire
                                                                                                                                                                                                         
                                                                                                                                                                                                Lucienne le 28.01.2016
*esprit des bois *moisi