Sale histoire pour l’inspecteur 9

Sale histoire pour l’inspecteur 9
L’entretien terminé, l’inspecteur appela le planton pour remettre Zend dans la cellule avec consigne de le laisser menotté pour qu’il n’attentât à sa vie : il était décomposé et le sevrage d’alcool et de drogue commençait à se faire sentir.
Il se resservit un café bien chaud, arrosé de bourbon cette fois : il était sous tension. La déposition avait duré cinq heures non-stop. Et le téléphone qui n’avait pas arrêté de sonner lui avait mis les nerfs en pelote.  Il se cala dans son fauteuil et réexamina les dépositions, les photos et les résultats d’ADN et empreintes que le médecin légiste lui avait transmis : quelque chose ne collait pas.
La visualisation de la télésurveillance n’avait absolument rien donné. L’image était trouble mais les techniciens avaient pu la faire parler : pas l’ombre d’un visiteur à l’heure du crime. Et les dépositions des prévenus étaient copies conformes, à la virgule près.
Bizarre, se dit-il, à croire qu’ils avaient appris par cœur une leçon pour se forger un alibi.
Leur témoignage corroboraient trop parfaitement et cela le mettait mal à l’aise : à vérifier d’urgence !
Pourtant, il ne voyait pas très bien ces deux paumés faire du mal à quiconque : non seulement ils n’avaient pas la carrure, ils étaient si gringalets, mais c’eût été ridicule de tuer la poule aux œufs d’or.
Cependant, d’après ses renseignements, les gothiques ne faisaient pas tous dans la tendresse et ils se livraient quelquefois à des nuits endiablées, mêlant sorcellerie et sacrifice d’animaux. Et il savait, par expérience, que l’alcool et la drogue mélangés pouvaient décupler les forces et annihiler tout entendement. Les hôpitaux psychiatriques étaient bourrés de ces paranoïaques et schizophrènes, qui, sous l’emprise de ces substances et boissons alcoolisées, avaient fait des massacres et étaient devenus complètement fous, au point d’en oublier leurs forfaits. Les scientifiques mettaient ce phénomène sur le compte du dédoublement de la personnalité.
Pour l’heure, avant de se forger une idée quelconque, il attendrait l’enquête de voisinage. Il était certain que si trois hommes avaient pénétré dans cette maison, il y aurait bien des témoins pour le dire. Il y a toujours des commères pour tout surveiller dans ces petits villages. Ils sont bien plus efficaces qu’une caméra en état de fonctionner. Et puis, il voulait en savoir un peu plus sur ce couple : leur façon de vivre, leurs fréquentations, leur parentèle, leurs ressources… Leurs habitudes, quoi ! C’est bien le diable s’il ne trouvait pas une cancanière pour déblatérer ou la lettre d’un corbeau pour leur raconter les faits et gestes de ces gens, à priori sans histoires.
Il en était là de ses réflexions, quand le téléphone sonna, une fois de plus.
C’étaient les gars du laboratoire d’analyse d’ADN et des empreintes qui voulaient le voir de toute urgence : ils avaient trouvé quelque chose de surprenant qui ne correspondait pas aux déclarations faites tantôt…
Lucienne le 28.12.2015