Lucienne MARTEL

Messages : 3013 Date d'inscription : 14/10/2015 Age : 69 Localisation : LIMOUX
 | Sujet: Noël d’un inspecteur 7 Mer 23 Déc - 8:21 | |
| ________________________________________ Noël d’un inspecteur 7 Le curé s’empressa de fermer la porte à clef : ce n’était pas le moment pour une visite impromptue. Il conduisit sa petite fille dans la pièce close. Il alluma des bougies pour faire un peu plus de clarté. Priscilla vacilla sur ses jambes. Elle avait les yeux écarquillés et était devenue soudainement livide. Elle voulut parler mais aucun son ne sortait de sa bouche et elle tremblait de tous ses membres. Une larme, imperceptible, coula sur sa joue blême, un sanglot lui remonta à la gorge. Elle se retourna vers son grand-père, le regard interrogateur : elle ne pouvait croire ce qu’elle voyait ! Le prêtre la prit dans ses bras, tendrement et lui essuya les larmes. Ils restèrent un moment, ainsi, sans se parler, sans bouger, face à Déborah, toujours aussi belle, si sereine dans son éternité. Puis Priscilla se tourna vers son grand-père, le regarda droit dans les yeux : il était larmoyant, lui aussi et ces lèvres tremblotaient pour retenir ses pleurs. Mais ils n’avaient plus besoin de mots, Priscilla avait reconnu sa grand-mère : sa mère en étant le portrait à l’identique. Alors, le curé essuya ses larmes, lui raconta, par le menu, leur vie et la disparition tragique de Déborah, sa présence dans la maison et son état de bonne conservation : il n’avait pu se résoudre à l’inhumer dans un caveau. Il n’aurait pas supporté de la savoir seule et voulait garder son amour auprès de lui, même dans l’illégalité. Et chaque jour que Dieu faisait, il alimentait sa beauté d’injection d’absinthe : raison pour laquelle elle avait aperçu l’alambic dans le vestibule. Là aussi, il était gravement en infraction, la distillation d’absinthe étant interdite depuis des années sans déclaration à la douane ou en mairie. Priscilla prit une ou deux lettres éparpillées sur le lit et les parcourut et, de nouveau, les larmes lui montèrent aux yeux. C’étaient une correspondance enflammée, signe d’un très grand amour partagé : l’écriture élancée, à l’ancienne, en pleins et déliés de Monsieur le Curé et les billets doux enrubannés de Déborah. C’était tellement émouvant de voir étalée, de façon si savante, toute une vie de passion. Elle comprenait mieux pourquoi sa mère était si triste de n’avoir connu la même existence : elle n’avait eu que des déboires, des accidents de parcours qui l’avaient fragilisée ! Comme elle devait avoir regret de cette vie chaleureuse et emplie d’amour. Et elle l’avait reporté sur sa fille, cette passion : elle l’avait adorée au point de complètement oublier sa propre vie. Rien n’était trop beau pour elle : vêtements hors de prix, derniers jouets à la mode, permis de conduire à seize ans, grandes écoles ! Que de sacrifices n’avait-elle pas fait pour sa fille unique, non reconnue du côté du père biologique. Alors, ce furent de grandes effusions entre la jeune fille et son grand-père : ils avaient tant de choses à se dire, à apprendre l’un de l’autre qu’ils ne virent pas le temps passer. Mais le vieux curé devait aller se reposer : il avait un office matinal et une inhumation à faire le lendemain et il se faisait tard. Il proposa à Priscilla de dormir dans le canapé du salon mais elle déclina l’offre : elle avait réservé une chambre à l’hôtel du coin et n’avait pas prévu ses effets personnels. Elle prit congé de son grand-père avec force embrassades et ils se promirent de se voir le lendemain. Il lui donna un double de la clé de l’église pour le cas où il ne serait pas au presbytère, lui conseilla de faire attention au retour et l’embrassa tendrement une dernière fois en lui ouvrant la porte. Mais il n’avait plus vraiment sommeil : toutes ces émotions l’avaient ragaillardi et il était si heureux de connaître sa petite fille ! Il aurait besoin de temps pour s’habituer à cette idée. Pour l’heure, il lui fallait s’occuper de Déborah, sa femme chérie : elle n’avait pas eu ses soins, aujourd’hui! Il était tellement dépassé par les évènements qu’il n’avait pas entendu le carillon sonner minuit … Lucienne le 19.12.2015 | |
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Flamme Admin

Messages : 5227 Date d'inscription : 04/01/2011 Age : 76 Localisation : Près Bordeaux
 | Sujet: Re: Noël d’un inspecteur 7 Mer 23 Déc - 13:41 | |
| Quelle émotion !!! Il est vrai que de voir pour la &ère fois sa petite fille, avoir des nouvelles de sa fille bien triste quand même... cela perturbe le quotidien ! Voyons la suite... Très attrayant ! | |
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Lucienne MARTEL

Messages : 3013 Date d'inscription : 14/10/2015 Age : 69 Localisation : LIMOUX
 | Sujet: Re: Noël d’un inspecteur 7 Mer 23 Déc - 13:53 | |
| - Flamme a écrit:
- Quelle émotion !!! Il est vrai que de voir pour la1ère fois sa petite fille, avoir des nouvelles de sa fille bien triste quand même... cela perturbe le quotidien !
Voyons la suite... Très attrayant ! oh oui, cela perturbe le quotidien d'un curé de campagne, c'est sûr. merci de me lire et d'apprécier Belle journée A plus pour la suite Bisous  | |
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fripou Admin

Messages : 3365 Date d'inscription : 17/10/2010 Age : 59 Localisation : Gironde
 | Sujet: Re: Noël d’un inspecteur 7 Lun 28 Déc - 7:49 | |
| Une belle rencontre... Je vais poursuivre ma lecture avec retard. | |
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Lucienne MARTEL

Messages : 3013 Date d'inscription : 14/10/2015 Age : 69 Localisation : LIMOUX
 | Sujet: Re: Noël d’un inspecteur 7 Lun 28 Déc - 8:22 | |
| - fripou a écrit:
- Une belle rencontre... Je vais poursuivre ma lecture avec retard.
merci Fripou d'être passée me lire ! Le retard n'est pas grave : mon inspecteur n'est pas pressé !!! Passe une excellente journée Bisous | |
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 | Sujet: Re: Noël d’un inspecteur 7  | |
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