Poète immobile…
Cent fois sur le métier il remit son ouvrage
Tel le bon tisserand patient et assidu
La trame de ses vers en chatoyant tissu
Devint au fil des jours, son plus bel apanage.
En sa plume naissait de fines métaphores
De ces soleils défunts, aux abysses enfouis.
Et des amours ardents aux coeurs épanouis
Comme rivières d'ors ruisselaient des amphores.
Combien de soirs gisants, d'une lune orpheline
Le poète mourrait dans ce vide létal
Figé dans l'univers d'un silence abyssal
Quand renaissait le jour d'une aube cristalline.
Gravissant les sommets et bravant l'aquilon
Il occultait la mort de ses deux jambes frêles
De son corps délivré, se dépliaient deux ailes
Pour voler à l'air libre, au vent de sa passion.