Étendus là dans l'herbe tendre
Profitant tous deux du moment
En charmement me laisse prendre
Mon beau tzigane mon amant*
Au loin on fête les mariés!
Et sous les arbres qui feuillonnent
On pensait être bien cachés
Écoute les cloches qui sonnent*
Là, gobelotant à ma bouche
Folâtrions passionnément
Votre corps sur mon corps se couche
Nous nous aimions éperdument*
On claironna soudainement
Qu'un Tzigane de Carcassonne
Me faisait l'amour hardiment
Croyant n'être vu de personne*
Un tribunal que je redoute
Avec père et mère là, aussi
M’expédieront avec sans doute
Demain Cyprien et Henri*
Qui s'en iront chasser les grouses
et puis aussi la bécassine
Accompagnés de leurs épouses
Marie Ursule et Catherine*
Mes deux grands frères cantonniers
M’accueilleront à Saint-Lary
Dans un moulin où furent meuniers
La boulangère et son mari*
Il m'en coutera du courage
Moi pêcheresse gourgandine
Comme m'a nommé le village
Et puis Gertrude ma cousine. *
Mariepop et Guillaume Appolinaire
Les cloches
Mon beau tzigane mon amant
Écoute les cloches qui sonnent
Nous nous aimions éperdument
Croyant n’être vus de personne
Mais nous étions bien mal cachés
Toutes les cloches à la ronde
Nous ont vus du haut des clochers
Et le disent à tout le monde
Demain Cyprien et Henri
Marie Ursule et Catherine
La boulangère et son mari
Et puis Gertrude ma cousine
Souriront quand je passerai
Je ne saurai plus où me mettre
Tu seras loin Je pleurerai
J’en mourrai peut-être
G.Apollinaire