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| NOËL POUR TOUS. 2016 (Compilation de poèmes) | |
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Auteur | Message |
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Flamme Admin
Messages : 5250 Date d'inscription : 04/01/2011 Age : 77 Localisation : Près Bordeaux
| Sujet: Re: NOËL POUR TOUS. 2016 (Compilation de poèmes) Dim 4 Déc - 16:59 | |
| De bien jolis poèmes pour Noël, mais pas tous pour moi ! J'avoue bien souvent ne pas ressentir de l'émotion pour un grand auteur ! J'en suis navrée car je sais que beaucoup l'aime ...c'est Verlaine ! Un de plus qui ne me touche pas !!! "La neige à travers la brume" aucun trouble, aucune douce sensation! Par contre un qui m'a bien plu c'est le Noël de Édouard PAILLERON Cette comparaison du riche et du pauvre qui cherche, l'un comme l'autre de guérir de la pauvreté. "Guéris son corps, afin qu’il guérisse ton âme : Votre mal à tous deux s’appelle pauvreté..." Voilà un poème qui touche mes sentiments, qui laisse à réfléchir et a comprendre qu'il faut donner pour recevoir et ainsi savoir partager! CHRISTUS NATUS EST...est bien joli. Les autres n'ont pas su me captiver ! Répétitions de cloches...le petit Noël de Vernet : trop enfantin ! C'est difficile de le dire..., mais c'est comme un film, un poème saisi le lecteur en quelques secondes, on aime et on continue avec plaisir la lecture, ou on peine à lire ou à voir la suite ! ...enfin pour moi ! Bisous André, c'est très agréable de connaitre certains auteurs...même anonyme ! | |
| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: NOËL POUR TOUS. 2016 (Compilation de poèmes) Lun 5 Déc - 12:10 | |
| - Flamme a écrit:
- De bien jolis poèmes pour Noël, mais pas tous pour moi !
J'avoue bien souvent ne pas ressentir de l'émotion pour un grand auteur ! J'en suis navrée car je sais que beaucoup l'aime ...c'est Verlaine ! Un de plus qui ne me touche pas !!! "La neige à travers la brume" aucun trouble, aucune douce sensation! Par contre un qui m'a bien plu c'est le Noël de Édouard PAILLERON Cette comparaison du riche et du pauvre qui cherche, l'un comme l'autre de guérir de la pauvreté. "Guéris son corps, afin qu’il guérisse ton âme : Votre mal à tous deux s’appelle pauvreté..." Voilà un poème qui touche mes sentiments, qui laisse à réfléchir et a comprendre qu'il faut donner pour recevoir et ainsi savoir partager!
CHRISTUS NATUS EST...est bien joli.
Les autres n'ont pas su me captiver ! Répétitions de cloches...le petit Noël de Vernet : trop enfantin ! C'est difficile de le dire..., mais c'est comme un film, un poème saisi le lecteur en quelques secondes, on aime et on continue avec plaisir la lecture, ou on peine à lire ou à voir la suite ! ...enfin pour moi ! Bisous André, c'est très agréable de connaitre certains auteurs...même anonyme !
Oui, c'est vrai, Chère FLAMME, certains poèmes accrochent plus que d'autres. Quant au poème de Marie VERNET, c'est davantage destiné aux enfants, qu'aux adultes... mais il faut qu'il y ait de la "magie" pour tout le monde, et je pense que chacune de ces poésies reflète, dans son genre, qu'elle soit réservée aux jeunes lecteurs ou aux majeurs, du lyrisme et de l'envoûtement.
Je te souhaite un très bon début de semaine.
DE GROS
CARPE DIEM
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| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: NOËL POUR TOUS. 2016 (Compilation de poèmes) Lun 5 Déc - 12:22 | |
| Albert LOZEAU
QUAND IL NEIGE SUR MON PAYS
De gros flocons couvrent les branches, Et les regards sont éblouis Par la clarté des routes blanches. Et dans les champs ensevelis, La terre reprend le grand somme Qu'elle fait pour mieux nourrir l'homme, Quand il neige sur mon pays.
Quand il neige sur mon pays, On voit s'ébattre dans les rues Les petits enfants réjouis Par tant de splendeurs reparues. Et ce sont des appels, des cris, Des extases et des délires, Des courses, des jeux et des rires, Quand il neige sur mon pays.
Quand il neige sur mon pays, C'est que tout le ciel se disperse Sur la montagne et les toits gris Qu'il revêt de sa claire averse, Sous l'avalanche de ses lis, D'un pur éclat il nous inonde, C'est le plus beau pays du monde Quand il neige sur mon pays ! __________________
Sir David WILLCOCKS
QUELLE EST CETTE ODEUR AGREABLE ?
Quelle est cette odeur agréable, Bergers qui ravit tous nos sens ? S'exhale t'il rien de semblable Au milieu des fleurs du printemps ? Quelle est cette odeur agréable Bergers qui ravit tous nos sens ?
Mais quelle éclatante lumière Dans la nuit vient frapper nos yeux ! L'astre de jour, dans sa carrière, Fût-il jamais si radieux ? Mais quelle éclatante lumière Dans la nuit vient frapper nos yeux !
A Bethlehem, dans une crèche, Il vient de vous naître un Sauveur; Allons, que rien ne vous empêche D'adorer votre Rédempteur. A Bethlehem, dans une crèche, Il vient de vous naître un Sauveur.
Dieu tout puissant, gloire éternelle Vous soit rendue jusqu'aux cieux. Que la paix soit universelle que la grâce abonde en tous lieux. Dieu tout puissant, gloire éternelle Vous soit rendue jusqu'aux cieux. _________________
Théophile GAUTIER
NOËL
Le ciel est noir, la terre est blanche ; - Cloches, carillonnez gaîment ! - Jésus est né ; - la Vierge penche Sur lui son visage charmant.
Pas de courtines festonnées Pour préserver l'enfant du froid ; Rien que les toiles d'araignées Qui pendent des poutres du toit.
Il tremble sur la paille fraîche, Ce cher petit enfant Jésus, Et pour l'échauffer dans sa crèche L'âne et le bœuf soufflent dessus.
La neige au chaume coud ses franges, Mais sur le toit s'ouvre le ciel Et, tout en blanc, le chœur des anges Chante aux bergers : " Noël ! Noël ! " _________________
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| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: NOËL POUR TOUS. 2016 (Compilation de poèmes) Mar 6 Déc - 18:09 | |
| Théophile GAUTIER
DÉCEMBRE
Un brouillard épais noie L'horizon où tournoie Un nuage blafard, Et le soleil s'efface, Pâle comme la face D'une vieille sans fard. La haute cheminée, Sombre et chaperonnée D'un tourbillon fumeux, Comme un mât de navire, De sa pointe déchire Le bord du ciel brumeux. Sur un ton monotone La bise hurle et tonne Dans le corridor noir : C'est l'hiver, c'est décembre, Il faut garder la chambre Du matin jusqu'au soir. Les fleurs de la gelée Sur la vitre étoilée Courent en rameaux blancs, Et mon chat qui grelotte, Se ramasse en pelote Près des tisons croulants. __________________
Paul ARENE
PAYSAGE
L'automne à Chaville est superbe ; Le bois par place est resté vert ; Ailleurs, tournant au vent d'hiver Les feuilles s'abattent sur l'herbe ; Mais les grands chênes fiers encor, Gardent leur parure tenace, Et, sentant que le froid menace S'habillent de cinabre et d'or, Qu'importe si le ciel est sombre, Quand on a la claire forêt ! Son feuillage ardent qui paraît Plus radieux au sein de l'ombre Nous garde en ses rameaux vermeils, Dans ses feuilles d'or pur baignées Et de longs rayons imprégnées, Le souvenir des vieux hivers. __________________
Jules VERNE
QUAND PAR LE DUR HIVER
Quand par le dur hiver tristement ramenée La neige aux longs flocons tombe, et blanchit le toit, Laissez geindre du temps la face enchifrenée. Par nos nombreux fagots, rendez-moi l'âtre étroit !
Par le rêveur oisif, la douce après-dînée ! Les pieds sur les chenets, il songe, il rêve, il croit Au bonheur ! il ne veut devant sa cheminée Qu'un voltaire* bien doux, pouvant railler le froid !
Il tisonne son feu du bout de sa pincette ; La flamme s'élargit, comme une étoile jette L'étincelle que l'œil dans l'ombre fixe et suit ;
Il lui semble alors voir les astres du soir poindre ; L'illusion redouble ; heureux ! il pense joindre À la chaleur du jour le charme de la nuit ! __________________ | |
| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: NOËL POUR TOUS. 2016 (Compilation de poèmes) Mer 7 Déc - 17:17 | |
| Marcelline DESBORDES-VALMORE
NOËL
Quel chant divin se fait entendre ? Quel cri d’amour frappe les airs ? Tout s’émeut... Qu’allons-nous apprendre ? Quel Dieu s’annonce à l’univers ? La lune argentée Semble être arrêtée. Qui trouble l’univers vivant ? C’est un enfant !
Tout se tait, le vent souffle à peine, Le sombre hiver est enchaîné, L’autan surpris n’a plus d’haleine, Et l’incrédule est prosterné. Quelle est la puissance Qui par sa présence Ouvre le monde et le défend ? C’est un enfant !
Les rois, le front dans la poussière, Humbles pour la première fois, Suivent l’étoile avant-courrière, Pour adorer le Roi des rois. Ce Dieu redoutable Que craint le coupable, Que le juste implore en tremblant, C’est un enfant !
Quelle est cette Vierge céleste Soumise aux terrestres douleurs ? Dans son regard pur et modeste Brillent le sourire et les pleurs. Oh ! qui la rend telle ? Qui, d’une mortelle, Couronne le front triomphant ? C’est un enfant !
La mort jalouse est asservie, L’éternité vient de s’ouvrir, Un Dieu, pour nous donner la vie, Daigne avec nous naître et mourir. Amour sans seconde Ce martyr du monde Qui s’abandonne en nous sauvant, C’est un enfant ! __________________
Eulalie BOISSONNAULT
NOËL Noël ! Un chant s’élève éclatant dans la nuit, Il épand ses flots d’or, vibre, s’épanouit : Pastorale sacrée ! Les anges l’ont transmis aux bergers anxieux Et l’univers redit la chorale des cieux : C’est l’hymne consacrée !
Noël ! La neige met dans les arbres glacés Un luxe de blancheur, treillis foliacés, Imitant la guipure ; Sur l’asphalte, elle étend ses beaux papillons blancs Et sur les toits hier, obscurs ou rutilants, Sa gaze la plus pure.
Noël ! La cloche prend son vol joyeux dans l’air, La lune vaporeuse a des teintes d’éclair, Un air de chrysanthème ; Et mille étoiles d’or fleurdelisent le ciel Humanité, Dieu t’aime !
Noël ! vieux mot d’espoir, d’allégresse et de paix, Mot qui met en éveil des ferveurs de respects, Mot qui sonne et convie À la crèche sacrée où le petit Jésus Nous apporte des biens que nous n’aurions pas eus Sans sa terrestre vie. _________________
Théodore BOTREL
LES CLOCHES DE MINUIT
La Terre espère et les Cieux rêvent ; Il neige à gros flocons sans bruit ; Quand, au loin, des rumeurs s’élèvent : Ce sont les cloches de Minuit.
Écoutez : le carillon sonne Et le bourdon, à l’unisson : Qui restera sourd – personne – À cette douce Chanson ?
Tour à tour, éloignés ou proches, Les anges chantaient autrefois : Aujourd’hui, dans la voix des cloches, Nous entendons encor leurs voix !
Écoutez : le carillon sonne Et le bourdon, à l’unisson : Qui restera sourd – personne – À cette douce Chanson ?
Devant le Nouveau-Né sans langes, Bergers et rois, à qui mieux mieux, Au chant des cloches et des anges, Vont s’incliner dévotieux !
Écoutez : le carillon sonne Et le bourdon, à l’unisson : Qui restera sourd – personne – À cette douce Chanson ?
Le Sauveur s’en vient dire aux hommes Des mots pas encore entendus : En son Nom, tous, tant que nous sommes, Aimons-nous mieux ! Aidons-nous plus ! _________________
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| | | Flamme Admin
Messages : 5250 Date d'inscription : 04/01/2011 Age : 77 Localisation : Près Bordeaux
| Sujet: Re: NOËL POUR TOUS. 2016 (Compilation de poèmes) Jeu 8 Déc - 9:11 | |
| J'aime bien le Noël de Marcelline DESBORDES-VALMORE, il est doux et tendre en répétant " C'est un enfant". Il y en a tellement de poètes qui parlent de Noël qu'il faut en ressentir une émotion particulière ! Merci André ! | |
| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: NOËL POUR TOUS. 2016 (Compilation de poèmes) Jeu 8 Déc - 10:54 | |
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| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: NOËL POUR TOUS. 2016 (Compilation de poèmes) Jeu 8 Déc - 11:07 | |
| Micheline DUPRAY
LES OISEAUX DE L'HIVER
Mais d'où viennent ces oiseaux Que j'entends chanter l'hiver ? Où se cachent leurs fuseaux De plume sur fil de chair ? Il neigeait encor hier.
Sur l'arbre et le caniveau, Et les miettes de pain clair, Pour des petits yeux d'oiseaux, Se perdaient dans la lumière Des flocons à mes carreaux.
Ô mes oiseaux de l'hiver, Par le froid levés si tôt, Ô mes oiseaux sans manières, Faits pour chanter comme l'eau Dès qu'elle a roulé rivière. _________________
Théophile GAUTIER
LES ROIS MAGES
Donc, Balthazar, Melchior et Gaspard, les Rois Mages, Chargés de nefs d'argent, de vermeil et d'émaux, Et suivis d'un très long cortège de chameaux, S'avancent, tels qu'ils sont dans les vieilles images.
De l'Orient lointain, ils portent les hommages Aux pieds du Fils de Dieu, né pour guérir les maux Que souffrent ici-bas l'homme et les animaux. Un page noir soutient leurs robes à ramages.
Sur le seuil de l'étable où veille Saint Joseph, Ils ôtent humblement la couronne du chef Pour saluer l'Enfant qui rit et les admire.
C'est ainsi qu'autrefois, sous Augustus César, Sont venus, présentant l'or, l'encens et la myrrhe, Les rois mages Gaspard, Melchior et Balthazar. _________________
Louis DANTIN
NOËL INTIME
Oh ! qu’ils furent heureux, les pâtres de Judée, Éveillés au buccin de l’Ange triomphant, Et la troupe des Rois par l’Étoile guidée Vers le chaume mystique où s’abritait l’Enfant !
Tous ceux qui, dans la paix de cette nuit agreste, Trouvèrent le Promis, le Christ enfin venu, Et ceux même, ignorants de l’Envoyé céleste, Qui L’avaient repoussé, mais du moins L’avaient vu !
La Mère, s’enivrant d’extase virginale, Joseph, pour qui tout le mystère enfin a lui, Et l’étable, et la crèche, et la bise hivernale Par les vieux ais disjoints se glissant jusqu’à Lui !
Tout ce qui Le toucha dans sa chair ou son âme, Tout ce que son rayon commença d’éblouir, Princes savants, bergers pieux, Hérode infâme, Tout ce qui crut en Lui, fût-ce pour Le haïr !
Oh ! qu’ils furent heureux ! Moi, dans l’ombre muette, Je m’assois, pasteur morne et blême de soucis, Et jamais un Archange à ma veille inquiète Ne vient jeter le Gloria in excelsis.
Je scrute le reflet de toutes les étoiles, Mage pensif, avec un désir surhumain, Mais leur front radieux n’a pour moi que des voiles Et pas une du doigt ne me montre un chemin.
Et mon âme est la Vierge attendant la promesse, Mais que ne touche point le souffle de l’Esprit, Ou le vieillard en pleurs qu’un sombre doute oppresse Et qui n’a jamais su d’où venait Jésus-Christ.
Je suis l’étable offrant en vain son sol aride Au Roi toujours lointain et toujours attendu ; Et dans mon cœur voici la crèche, berceau vide, Où le vent froid gémit comme un espoir perdu. _________________
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| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: NOËL POUR TOUS. 2016 (Compilation de poèmes) Ven 9 Déc - 19:34 | |
| Pamphile LEMAY
NUIT DE NÖEL
La cloche des beffrois sonne à toute volée... Sur le flanc des coteaux, au fond de la vallée, Brûle joyeusement, dans l’âtre des aïeux, La bûche de sapin. Les maisons s’illuminent. Courbés sur leur bâton, les vieillards s’acheminent, Évoquant tour à tour des souvenirs pieux.
On entend tout à coup de glorieux cantiques... La terre parle au ciel. Et sous les hauts portiques Des temples merveilleux élevés par la foi, Et sous le frêle arceau de la pauvre chapelle, La foule émue accourt. Quel spectacle t’appelle, Étrange multitude, et d’où vient ton émoi ?
C’est la nuit de Noël !... Nuit calme et parfumée, Qui berce mollement la lande accoutumée Au murmure des eaux, au vol des papillons... C’est la nuit de Noël !... Nuit glacée, éclatante, Qui s’ouvre sur nos champs comme une immense tente, Ou les ensevelit dans ses blancs tourbillons.
La foule accourt... Des lieux où le soleil se lève, Et des lieux où le vent transperce comme un glaive ; Du midi plein d’arome et du couchant obscur, La foule accourt, joyeuse en ses habits de fête, Sous les feux de l’étoile ou malgré la tempête, Par les chemins de neige ou les clos de blé mûr.
Elle vient saluer le plus grand des mystères. Dans leurs chants inspirés, les prophètes austères L’avaient promis. Et siècle après siècle s’en va, Et, prosterné devant l’humble Vierge Marie, Tout le monde chrétien adore, chante et prie, Dans l’amour et la foi, le Fils de Jéhova.
Mais le monde sait-il la nouvelle doctrine ?... Hommes, priez, jeûnez, frappez-vous la poitrine; Élevez à Dieu l’âme et domptez l’animal ; À qui n’a pas de biens donnez un peu des vôtres ; Soyez humbles et purs; ne doutez point des autres. Aimez-vous. Pardonnez si l’on vous fait du mal !
Ô chrétiens, croyez-vous à ce Dieu fait poussière ? À l’éternel Esprit sous cette chair grossière ? À l’infini pouvoir dans ces débiles mains ? Croyez-vous à l’amour sans fin et sans mesure ? Au cœur inassouvi qui rend avec usure ?... Ô chrétiens, croyez-vous au rachat des humains ?
La cloche des beffrois sonne à toute volée... Sur le flanc des coteaux, au fond de la vallée, Brûle joyeusement, dans l’âtre des aïeux, La bûche de sapin. Les maisons s’illuminent, Courbés sur leur bâton, les vieillards s’acheminent, Évoquant tour à tour des souvenirs pieux.
Mais déjà tout bruit meurt sous les voûtes du temple, L’adorateur s’en va. Le ciel ému contemple Le flot impétueux des inconstants mortels. Les cierges sont éteints. Par les fenêtres sombres On voit quelques rayons se perdre dans les ombres... C’est la lampe qui veille au milieu des autels.
Les croyants sont partis par des routes diverses, Et des suggestions habilement perverses, Comme des traits brûlants traversent les esprits, Car tout homme est menteur !... La soif des biens s’allume; Et le cœur, mal gardé, sonne comme une enclume Aux baisers de l’amour qui l’a déjà surpris.
Et le rêve divin comme un oiseau s’envole !... Le pauvre porte envie au riche qui le vole ; L’orgueilleux parvenu méprise l’indigent ; La bouche qui priait injurie et diffame ; Le libertin ourdit la chute de la femme, Et l’avare, à genoux, adore son argent !
Comme un oiseau qui fuit le saint rêve s’efface... Vers le sol de nouveau l’homme a penché sa face ; La prière est muette et le cantique dort. Seuls des cris étouffés du milieu de la foule Montent encore : les cris des malheureux que foule, Sous son talon brutal, le lutteur le plus fort !
Ah ! trop tôt le bruit meurt sous les voûtes du temple ! L’adorateur s’en va. Le ciel ému contemple Le flot impétueux des inconstants mortels. Les cierges sont éteints. Par les fenêtres sombres On voit quelques rayons se perdre dans les ombres... C’est la lampe qui veille au milieu des autels. _________________
Philippe DUFOUR
NEIGE
Tombant du ciel ainsi que d’un manteau d’hermine Qu’une déesse chaste à son col secouerait, Par lents flocons la Neige a blanchi la forêt, Argenté le sillon et coiffé la chaumine.
Toute herbe par les champs et les bois disparaît ; Mais dans le sol profond où la sève chemine, Jusqu’aux temps où l’azur de soleil s’illumine, La Neige endort les blés et les couve en secret.
La semaille, plus tard, jaillira, gerbe vive, Pour l’éternel festin dont l’homme est le convive ; Et les grains précieux mûriront, épis d’or !
Ô Neige, tombe aussi dans nos âmes lassées, Y glaçant vains désirs, égoïstes pensées, Et fais germer le grain d’amour qui, frêle, y dort ! _________________
André THEURIET
CARILLONS DE NOËL
Le vieux sonneur monte au clocher, Jusqu’aux meurtrières béantes Où les corneilles vont nicher, Et, chétif, il vient se percher Au milieu des poutres géantes.
Dans les ténèbres où ne luit Qu’un falot pendant aux solives, Il s’agite et mène grand bruit Pour mettre en danse cette nuit Les battants des cloches massives.
Joyeuses, avec un son clair, Les voix des cloches, par le faîte Des lucarnes, s’en vont dans l’air, Sur les ailes du vent d’hiver, Comme des messagers de fête.
Noël ! Noël !... Sur les hameaux Où les gens rentrent à la brume ; Sur les bois noirs et sur les eaux Où tout un peuple de roseaux Frissonne au lever de la lune ;
Noël !... Sur la ferme là-bas, Dont la vitre rouge étincelle, Sur la grand-route où, seul et las, Le voyageur double le pas, Partout court la bonne nouvelle...
Oh ! ces carillons argentins Dans les campagnes assombries, Quels souvenirs doux et lointains, Quels beaux soirs et quels doux matins Ressuscitent leurs sonneries !
Jadis ils me versaient au cœur Une allégresse chaude et tendre ; J’ai beau vieillir et passer fleur, Je retrouve joie et vigueur, Aujourd’hui, rien qu’à les entendre...
Et cette musique de l’air, Cette gaîté sonore et pleine, Ce chœur mélodieux et clair Qui s’en va dans la nuit d’hiver Ensoleiller toute la plaine,
C’est l’œuvre de ce vieux sonneur Qui, dans son clocher solitaire, Fait tomber, ainsi qu’un vanneur, Cette semence de bonheur Sur tous les enfants de la terre. _________________
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| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: NOËL POUR TOUS. 2016 (Compilation de poèmes) Sam 10 Déc - 12:50 | |
| Pernette CHAPONNIÈRE
LE SAPIN DE NOËL
Le petit sapin sous la neige Rêvait aux beaux étés fleuris. Bel été quand te reverrai-je ? Soupirait-il sous le ciel gris. Dis moi quand reviendra l’été ! Demandait-il au vent qui vente Mais le vent sans jamais parler S’enfuyait avec la tourmente. Vint à passer sur le chemin Un gaillard à grandes moustaches Hop là ! en deux coups de sa hache, A coupé le petit sapin. Il ne reverra plus l’été, Le petit sapin des montagnes, Il ne verra plus la gentiane, L’anémone et le foin coupé. Mais on l’a paré de bougies, Saupoudré de neiges d’argent. Des clochettes de féerie Pendent à ses beaux rameaux blancs. Le petit sapin de Noël Ne regrette plus sa clairière Car il rêve qu’il est au ciel Tout vêtu d’or et de lumière. __________________
François COPPÉE
SALUT, PETIT JÉSUS !
Salut, petit Jésus, endormi dans la crèche, Né pour souffrir, Qui n'avez dans l'hiver qu'un peu de paille sèche Pour vous couvrir.
Salut, petit Jésus, tout petit, tout aimable, Aux yeux si doux, Souriant aux bergers, à genoux dans l'étable Autour de vous.
Salut, petit Jésus, enveloppé de langes, Enfant si beau, Adoré par les rois et servi par les anges Dans le berceau.
Salut, petit Jésus, dans les bras d'une Mère Silencieux. Enfant dominateur qui lancez le tonnerre Du haut des cieux.
Salut, petit Jésus, mon âme vous adore Roi triomphant ! Mais vous me paraissez bien plus aimable encore Petit enfant. __________________
Jean RICHEPIN
BALLADE DE NOËL
C’est vrai qu’il vient et qu’on le crie ! Mais non sur un clair olifant, Quand on a la gorge meurtrie Par l’hiver à l’ongle griffant. Las ! Avec un râle étouffant Il est salué chaque année Chez ceux qu’il glace en arrivant, Ceux qui n’ont pas de cheminée.
Il jasait, la mine fleurie, Plus joyeux qu’un soleil levant, Apportant fête et gâterie, Bonbons, joujoux, cadeaux, devant Le bébé riche et triomphant. Mais quelle âpre et triste journée Pour les pauvres repus de vent Ceux qui n’ont pas de cheminée.
Heureux le cher enfant qui prie Pour son soulier au nœud bouffant, Afin que Jésus lui sourie ! Aux gueux, le sort le leur défend. Leur soulier dur, crevé souvent, Dans quelle cendre satinée Le mettraient-ils, en y rêvant, Ceux qui n’ont pas de cheminée ?
ENVOI
Prince, ayez pitié de l’enfant Dont la face est parcheminée, Faites Noël en réchauffant Ceux qui n’ont pas de cheminée. __________________
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| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: NOËL POUR TOUS. 2016 (Compilation de poèmes) Dim 11 Déc - 19:30 | |
| Jovette-Alice BERNIER
ÉTRENNES
Dans ma chaussette, bon Jésus, Dis-moi, que déposeras-tu ?
Moi, j’avais rêvé pour étrennes D’une chose peut-être vaine :
C’est un trésor que j’ai perdu Et que je ne retrouve plus.
Depuis si longtemps, je médite, Attendant ta bonne visite.
On m’a pris mon cœur, bon Jésus, Et je le voudrais sans surplus.
Mets-le dans ma chaussette rose Et n’ajoute rien autre chose
Qu’un baiser pour le douilletter, Car l’amour l’a tant maltraité... __________________
Eulalie BOISSONNAULT
NOËL
Noël ! Un chant s’élève éclatant dans la nuit, Il épand ses flots d’or, vibre, s’épanouit : Pastorale sacrée ! Les anges l’ont transmis aux bergers anxieux Et l’univers redit la chorale des cieux : C’est l’hymne consacrée !
Noël ! La neige met dans les arbres glacés Un luxe de blancheur, treillis foliacés, Imitant la guipure ; Sur l’asphalte, elle étend ses beaux papillons blancs Et sur les toits hier, obscurs ou rutilants, Sa gaze la plus pure.
Noël ! La cloche prend son vol joyeux dans l’air, La lune vaporeuse a des teintes d’éclair, Un air de chrysanthème ; Et mille étoiles d’or fleurdelisent le ciel Humanité, Dieu t’aime !
Noël ! vieux mot d’espoir, d’allégresse et de paix, Mot qui met en éveil des ferveurs de respects, Mot qui sonne et convie À la crèche sacrée où le petit Jésus Nous apporte des biens que nous n’aurions pas eus Sans sa terrestre vie. _________________
Pierre CORNEILLE
POUR LE JOUR DE NOËL
Christ, rédempteur de tous, Fils unique du Père, Seul qu’avant tout commencement, Engendrant en soi-même, et produisant sans mère, Il fit naître ineffablement.
Adorable splendeur des clartés paternelles, Espoir immuable de tous, Daigne écouter, Seigneur, les vœux que tes fidèles En tous lieux t’offrent comme nous.
Souviens-toi qu’autrefois, pour réparer l’injure Que te fit l’homme criminel, Tu pris chair dans les flancs d’une Vierge très pure, Et voulus naître homme et mortel.
Vois comme tous les ans ce grand jour fait entendre, Par l’hommage de nos concerts, Que du sein paternel il te plut de descendre Pour le salut de l’univers.
C’est ce jour que le ciel, que la terre, que l’onde, Que tout ce qui respire en eux, Bénit cent et cent fois d’avoir sauvé le monde Par ton avènement heureux.
Nous y joignons nos voix, nous que par ta clémence Ton sang retira du tombeau, Et pour renouveler le jour de ta naissance, Nous chantons un hymne nouveau.
Gloire à toi, sacré Verbe, et merveille suprême, Dieu par une Vierge enfanté ; Même gloire à ton Père, au Saint-Esprit la même, Durant toute l’éternité. _________________
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| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: NOËL POUR TOUS. 2016 (Compilation de poèmes) Lun 12 Déc - 18:07 | |
| Carmen LAVOIE
SABOTS DES SANS-NOËL
Les deux petits sabots fêlés Dans les grands chemins désolés, Où vont-ils, chantant sur la grêle Dont s’est clair verni leur bois frêle, Les deux petits sabots tout blancs, Aux petits pieds tout bleus dedans ?
Ils s’en vont fuyant l’âtre, au gel Car les sabots des sans-noël, Ô pourquoi ? retrouvés pleins d’ombre Font au jour, deux trous au cœur sombre, Les deux pauvres sabots navrants Sans petits pieds de gueux dedans.
Décembre a des sabots trop grands. __________________
MILLICENT
PRIÈRE DE NOEL
Petits Jésus des crèches, En nos églises fraîches Vous allez revenir, avec vos cheveux blonds, Votre sourire ému, vos yeux pleins de tendresse, Vos doigts roses chargés d’incomparables dons Qu’implore avec ferveur la foule qui s’empresse.
L’enfance vous attend Et depuis bien longtemps Rêve de la minuit et de Noël en fête, Qui promet le sapin aux rameaux merveilleux Où pendent les joujoux accrochés jusqu’au faîte Et des lampions d’or qui jettent mille feux.
Pour moi qui n’ai plus l’âge De ces enfantillages, Je vous attends, Jésus, avec d’autres désirs Et je veux vous prier avec une âme ardente Pour que vous bénissiez mes rêves d’avenir Et que croisse en mon cœur la grâce fécondante.
Donnez-moi ce cœur fort Qui ne craint pas l’effort Et qui pour votre gloire a toutes les audaces. Donnez-moi de mourir à moi-même, Seigneur, Au monde sans vertus, aux vanités qui passent, À tout ce qui rend lâche et dégrade le cœur.
Petits Jésus des crèches, En nos églises fraîches Vous verrez défiler le cortège navrant De tous les maux humains. Écoutez la prière Que chacun vous adresse en son cœur défaillant Jésus, donnez à tous Force, Paix et Lumière. _________________
Edmond ROSTAND
LES ROIS MAGES
Ils perdirent l'étoile, un soir ; pourquoi perd-on L'étoile ? Pour l'avoir parfois trop regardée, Les deux rois blancs, étant des savants de Chaldée, Tracèrent sur le sol des cercles au bâton. Ils firent des calculs, grattèrent leur menton, Mais l'étoile avait fuit, comme fuit une idée. Et ces hommes dont l'âme eût soif d'être guidée Pleurèrent, en dressant des tentes de coton. Mais le pauvre Roi noir, méprisé des deux autres, Se dit "Pensons aux soifs qui ne sont pas les nôtres, Il faut donner quand même à boire aux animaux." Et, tandis qu'il tenait son seau d'eau par son anse, Dans l'humble rond de ciel où buvaient les chameaux Il vit l'étoile d'or, qui dansait en silence. _________________
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| | | Flamme Admin
Messages : 5250 Date d'inscription : 04/01/2011 Age : 77 Localisation : Près Bordeaux
| | | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: NOËL POUR TOUS. 2016 (Compilation de poèmes) Mar 13 Déc - 11:26 | |
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| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: NOËL POUR TOUS. 2016 (Compilation de poèmes) Mar 13 Déc - 11:40 | |
| VERHAEREN
LA NEIGE
La neige tombe, indiscontinûment, Comme une lente et longue et pauvre laine, Parmi la morne et longue et pauvre plaine, Froide d'amour, chaude de haine.
La neige tombe, infiniment, Comme un moment - Monotone - dans un moment ; La neige choit, la neige tombe, Monotone, sur les maisons Et les granges et leurs cloisons ; La neige tombe et tombe Myriadaire, au cimetière, au creux des tombes.
Le tablier des mauvaises saisons, Violemment, là-haut, est dénoué ; Le tablier des maux est secoué A coups de vent, sur les hameaux des horizons.
Le gel descend, au fond des os, Et la misère, au fond des clos, La neige et la misère, au fond des âmes ; La neige lourde et diaphane, Au fond des âtres froids et des âmes sans flamme, Qui se fanent, dans les cabanes.
Aux carrefours des chemins tors, Les villages sont seuls, comme la mort ; Les grands arbres, cristallisés de gel, Au long de leur cortège par la neige, Entrecroisent leurs branchages de sel.
Les vieux moulins, où la mousse blanche s'agrège, Apparaissent, comme des pièges, Tout à coup droits, sur une butte ; En bas, les toits et les auvents Dans la bourrasque, à contre vent, Depuis Novembre, luttent ; Tandis qu'infiniment la neige lourde et pleine Choit, par la morne et longue et pauvre plaine.
Ainsi s'en va la neige au loin, En chaque sente, en chaque coin, Toujours la neige et son suaire, La neige pâle et inféconde, En folles loques vagabondes, Par à travers l'hiver illimité monde. _________________
Catulle MENDES
PAYSAGE DE NEIGE
Au dedans, le silence et la paix sont profonds ; De froides pesanteurs descendent des plafonds, Et, miroirs blanchissants, des parois colossales Cernent de marbre nu l'isolement des salles.
De loin en loin, et dans les dalles enchâssé, Un bassin de porphyre au rebord verglacé Courbe sa profondeur polie, où l'onde gèle ; Le froid durcissement a poussé la margelle,
Et le porphyre en plus d un endroit est fendu ; Un jet d'eau qui montait n'est point redescendu, Roseau de diamant dont la cime évasée Suspend une immobile ombelle de rosée.
Dans la vasque, pourtant, des fleurs, givre à demi, Semblent les rêves frais du cristal endormi Et sèment d'orbes blancs sa lucide surface, Lotus de neige éclos sur un étang de glace,
Lys étranges, dans l'âme éveillant l'idéal D'on ne sait quel printemps farouche et boréal. __________________
Jean DANIEL (1490-1531)
NOËL
Gentils pasteurs, qui veillez en la prée, Abandonnez tout amour terrien, Jésus est né et vous craignez de rien, Chantez Noël de jour et de vesprée. Noël !
Laissez agneaux repaître en la contrée, Gloire est aux cieux pour l'amour de ce bien Qui porte paix, amour et entretien ; Allez le voir, c'est bonne rencontrée. Noël !
Or est ému tout le pays de Judée, Pasteurs y vont, ne demandez combien, Portant présents et de va et de vient ; Sans celer rien leur bourse fut vidée. Noël !
La toison d'or qui est emprisonnée Sera dehors de ce cruel détient Car Jésus est trop plus nôtre que sien : Pour la tirer la chose est jà sonnée. Noël !
Aurora vient que la nuit est finée, Honnêtement et de très bon maintien Rompu sera le fier et âpre chien Portier d'enfer ; sa cause est assignée. Noël !
Prions Jésus qu'à la sainte journée Ayons de lui tout appui et soutien. Vierge Marie, il est nôtre, il est tien, Compose o lui, que paix nous soit donnée. Noël ! _________________
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| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: NOËL POUR TOUS. 2016 (Compilation de poèmes) Mer 14 Déc - 17:55 | |
| Paul VERLAINE
NOËL
Petit Jésus qu’il nous faut être, Si nous voulons voir Dieu le Père, Accordez-nous d’alors renaître
En purs bébés, nus, sans repaire Qu’une étable, et sans compagnie Qu’un âne et qu’un boeuf, humble paire ;
D’avoir l’ignorance infinie Et l’immense toute-faiblesse Par quoi l’humble enfance est bénie ;
De n’agir sans qu’un rien ne blesse Notre chair pourtant innocente Encor même d’une caresse,
Sans que notre oeil chétif ne sente Douloureusement l’éclat même De l’aube à peine pâlissante,
Du soir venant, lueur suprême, Sans éprouver aucune envie Que d’un long sommeil tiède et blême...
En purs bébés que l’âpre vie Destine – pour quel but sévère Ou bienheureux ? – foule asservie
Ou troupe libre, à quel calvaire ? __________________
Louis FRECHETTE
NOËL
Le lourd battant de fer bondit dans l’air sonore, Et le bronze en rumeur ébranle ses essieux... Volez, cloches, grondez, clamez, tonnez encore, Chantez paix sur la terre et gloire dans les cieux !
Sous les dômes ronflants des vastes basiliques, L’orgue répand le flot de ses accords puissants ; Montez vers l’Éternel, beaux hymnes symboliques, Montez avec l’amour, la prière et l’encens !
Enfants, le doux Jésus vous sourit dans ses langes ; À vos accents joyeux laissez prendre l’essor ; Lancez vos clairs noëls : là-haut les petits anges Pour vous accompagner penchent leurs harpes d’or.
Blonds chérubins chantant à la lueur des cierges, Cloche, orgue, bruits sacrés que le ciel même entend, Sainte musique, au moins, gardez chastes et vierges, Pour ceux qui ne croient plus, les légendes d’antan.
Et quand de l’an nouveau l’heure sera sonnée, Sombre airain, coeurs naïfs, claviers harmonieux, Pour offrir au Très-Haut l’aurore de l’année, Orgues, cloches, enfants, chantez à qui mieux mieux ! __________________
Madame de TERSAC
LES CLOCHES
Cloches, cloches, ébranlez-vous En ding-dings sonores et doux ! Qui, vous comprenant, ne vous aime ? Il n’est pas de fêtes sans vous... Cloches, cloches, ébranlez-vous, Pénétrez la voûte suprême !
Pleines de l’arôme des buis, Ô cloches des Rameaux, de verdure habillées, Chassant les hivernales nuits, Jetez au printemps vos notes éparpillées !
Par-dessus le bourdon du glas, Le désarroi des tocsins fauves, Élevez votre voix, cloches de Pâques mauves Qui sentez si bon le lilas !
Cloches de Fête-Dieu qu’enguirlandent les roses, Murmurez d’estivales choses Sous l’arc fleuri des reposoirs !...
Vous, cloches bleues de Mai, descendez turbulentes...
Avec l’odeur des pins, tombez sages et lentes, Cloches d’Angélus des beaux soirs !
Sous le vermeil levant, cloches de Pentecôte Frappant tôt le ciel opalin, Du vent bienfaisant de la côte, Rapportez-nous le suc salin !
Vous, dans la canicule en ses lourdeurs d’étuve, Pourpres cloches d’Assomption, Des terres en production, Répandez le puissant effluve !
Cloches grises de la Toussaint, Larmoyantes sous vos longs voiles, Allez, mélancolique essaim, Narrer votre deuil aux étoiles !
Cloches du minuit de Noël, Si célestement poétiques, Dans la neige vierge et le gel Lancez vos carillons mystiques ! À Bethléem transportez-nous Parmi les bergers et les mages Montrez-nous les chères images Dont l’idéal plaît à nos goûts !
Et vous qui nous sauvez du divin anathème, Ô cloches blanches du baptême Embaumant la dragée, avec mol abandon, D’accords légers faites-nous don !
Vous aussi qu’enveloppe un mousselin nuage, Cloches dorées du mariage Aux parfums d’orangers, pour unir des heureux, Formez un concert amoureux !
Vous, plus guère aujourd’hui qu’un pâle simulacre, Cloches solennelles du sacre Qui fleurez tant les lys, ne parlons pas de vous Car vous suscitez des courroux.
Ne t’oublions pas, toi, cloche simple et grossière, Mais qui nous es si familière Cloche grave appelant, exact à l’atelier, Deux fois chaque jour, l’ouvrier... Cloche grêle attirant vers l’école, l’élève... Cloche allégeante de la trêve... Ou cloche sans façon prévenant du régal D’un repas plus ou moins frugal !
Quel que soit le motif noble qui vous entraîne, Ô Cloches à voix surhumaine, Vous éveillez les sens et venez rafraîchir La mémoire prompte à fléchir !
Par-dessus monts et roches, Cloches, cloches ! Par-dessus les grands bois, Les hauts toits, Éclatez souveraines Et sereines, Votre langage clair Charme l’air ! C’est de vos envolées Assemblées Que, dans un libre essor, L’esprit sort. Que votre battant vibre Fibre à fibre, Ainsi qu’un coeur humain Sous la main. Que de vos sons progresse L’allégresse Jusqu’au suprême lieu Où vit Dieu ! __________________
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| | | Flamme Admin
Messages : 5250 Date d'inscription : 04/01/2011 Age : 77 Localisation : Près Bordeaux
| Sujet: Re: NOËL POUR TOUS. 2016 (Compilation de poèmes) Jeu 15 Déc - 9:02 | |
| Je viens de relire les derniers poèmes, en commençant par celui de Verlaine en essayant de comprendre pourquoi je n'y trouve aucun charme, alors que tant de personnes le trouvent génial ! Encore un de Verlaine qui ne me touche guère... Cette façon de mettre le vers ou la phrase avant le verbe, l'adjectif qui se balade où il veut !!! Petit Jésus qu’il nous faut être, Qu’une étable, et sans compagnie Qu’un âne et qu’un boeuf, humble paire Sans que notre oeil chétif ne sente Douloureusement l’éclat même Tout cela ne rend pas du tout limpide le poème, qui trébuche sur chaque vers ! Et cela dans tout le poème ! Ce genre d'écrit m'a fait penser à Epervier le Québécois que tu as certainement lu ! Il est chez Lorraine. La fin du vers se termine par un constat ! "Qu’un âne et qu’un boeuf, humble paire " Voici quelques vers de notre ami Epervier : Entre l’été et l’hiver, feuillage grandiose. Saison nébuleuse, gémissement rougeâtre. Le vent qui s’élève, branches dénudées. Spectacle jaillissant d’un silence dépouillé. Clairière obscure, odeur automnale. Parvenir à l’absolu, désir attrayant. Y ressentir quand même une vivacité. C'est de l'Epervier Carmen Lavoie fait de même dans "Sabots des sans Noël" Jean Daniel aussi et je trébuche en lisant son Noël ! Souvent les poèmes sont trop longs comme les Cloches de Mme de Tersac et les mêmes mots reviennent trop souvent (comme les sons d'une cloche certes !!!) mais sonnent sans arrêt dans ma tête , et n'en finissent pas ! De même pour VERHAEREN sur "La neige" la neige tombe, tombe, tombe et dans son poème le mot neige ne se compte plus! Le dernier d’Edmond Rostand est bien joli ! Il est peut-être facile de critiquer...mais c'est ce que je ressens, et comme ils ne peuvent pas me répondre et qu'ils ne sauront jamais ce que je pense d'eux, cela n'a aucune importance ! | |
| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: NOËL POUR TOUS. 2016 (Compilation de poèmes) Jeu 15 Déc - 12:11 | |
| - Flamme a écrit:
- Je viens de relire les derniers poèmes, en commençant par celui de Verlaine en essayant de comprendre pourquoi je n'y trouve aucun charme, alors que tant de personnes le trouvent génial !
Encore un de Verlaine qui ne me touche guère... Cette façon de mettre le vers ou la phrase avant le verbe, l'adjectif qui se balade où il veut !!!
Petit Jésus qu’il nous faut être,
Qu’une étable, et sans compagnie Qu’un âne et qu’un boeuf, humble paire
Sans que notre oeil chétif ne sente Douloureusement l’éclat même
Tout cela ne rend pas du tout limpide le poème, qui trébuche sur chaque vers ! Et cela dans tout le poème ! Ce genre d'écrit m'a fait penser à Epervier le Québécois que tu as certainement lu ! Il est chez Lorraine. La fin du vers se termine par un constat ! "Qu’un âne et qu’un boeuf, humble paire "
Voici quelques vers de notre ami Epervier :
Entre l’été et l’hiver, feuillage grandiose. Saison nébuleuse, gémissement rougeâtre. Le vent qui s’élève, branches dénudées. Spectacle jaillissant d’un silence dépouillé. Clairière obscure, odeur automnale. Parvenir à l’absolu, désir attrayant. Y ressentir quand même une vivacité.
C'est de l'Epervier
Carmen Lavoie fait de même dans "Sabots des sans Noël" Jean Daniel aussi et je trébuche en lisant son Noël !
Souvent les poèmes sont trop longs comme les Cloches de Mme de Tersac et les mêmes mots reviennent trop souvent (comme les sons d'une cloche certes !!!) mais sonnent sans arrêt dans ma tête , et n'en finissent pas !
De même pour VERHAEREN sur "La neige" la neige tombe, tombe, tombe et dans son poème le mot neige ne se compte plus!
Le dernier d’Edmond Rostand est bien joli !
Il est peut-être facile de critiquer...mais c'est ce que je ressens, et comme ils ne peuvent pas me répondre et qu'ils ne sauront jamais ce que je pense d'eux, cela n'a aucune importance !
Bonjour FLAMME,
Bien entendu, c'est là que se distingue cette différence fondamentale d'écriture entre les poètes de l'époque dite "Romantique", et qui se situe entre les années 1789 à 1848, environ, et celle des poètes appartenant à l'époque des "Grands Initiateurs" et "Parnassiens" allant de 1848 à 1885. On sait que l'écriture de VERLAINE était affectée par les moindres variations d'humeur. Il appréciait particulièrement les procédés de répétitions, d'allitérations, d'assonances et d'anaphores.
Il a multiplié les audaces et les trouvailles rythmiques, tels que les vers impairs, les rejets et des enjambements surprenants. Bien sûr, et à cause de cela, on aime ou on n'aime pas ses effets de "désarticulation de la syntaxe". Je ne suis pas un adorateur, non plus de VERLAINE ou de RIMBAUD. Cette idée d’un système de composition, aux antipodes du mythe de la spontanéité créatrice cultivé par les poètes romantiques, peut surprendre.
Néanmoins, et à la différence d'un Théodore de BANVILLE, par exemple, je pense que la créativité de VERLAINE ne s'exerce pas gratuitement. De par sa personne tourmentée, elle est au service d'une sensibilité aigüe et contribue, je crois, à suggérer par la ductilité de la langue ainsi obtenue, des images mentales fines et évanescentes. Ses poèmes, loin d'être figés par une description méthodique, sont parcourus par une sorte de frisson de nostalgie, et embués d'une aura "fantomatique" qui leur donnent une âme particulière. Je n'hésiterai pas à dire qu'il s'agit là, et pour avoir lu ses poèmes de "Romances sans parole", qu'il s'agit d'un "impressionnisme littéraire". Comme tous les poètes de l'école Parnassienne, VERLAINE s'inscrivait dans le déni du sentimentalisme romantique, marqué, qui plus est, par une idéologie positiviste de son époque. "Je suis l'Empire à la fin de la décadence", aimait à dire VERLAINE...
Pour en revenir à ces poèmes sur Noël, et qui sont le principal sujet de ce topic, j'ai désiré réunir toutes les époques, allant de l'épanouissement de la Renaissance à celle de la Décadence vers la Modernité, en passant par le Baroque à la Préciosité, sans oublier la réaction Classique puis le siècle des Lumières, auxquels ont fait suite le Romantisme, le Parnasse et les Grands Initiateurs. On y trouvera, par conséquent, des œuvres anciennes écrites en ancien français, jusqu'au poètes du début du XXe siècle.
Une compilation, en quelque sorte, et dans une grande diversité de sensibilité artistique, de forme et d'écriture.
FLAMME pour tes intéressants développements qui ne peuvent que rendre plus attrayants et dynamiques, ces vers de nos Illustres prédécesseurs.
DE GROS ET UNE DOUCE JOURNÉE À TOI.
CARPE DIEM
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| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: NOËL POUR TOUS. 2016 (Compilation de poèmes) Jeu 15 Déc - 12:23 | |
| François BRIAND
NOËL
Tous les regrets quoncques furent au monde Esmoy, soucy, ostez nous et tristesse, Voicy le jour ou toute joye habonde, Voicy soulas, voicy toute liesse.
Ô pastoureaux chantez en voix parfonde, Harpes et luctz, le hault roy de noblesse Vous salurez, par qui est sorty lunde Qui a lavé de péché la rudesse.
Ô Baltazar, ô ta langue faconde, Or présentas demonstrant la richesse, Mais maintenant la bonté t’en redonde, Tu estois veil, tu reviens en jeunesse.
Et toy, Jaspart, ô ton mir qui est monde Bien demonstras qu’il soufferoit opresse. Homme il estoyt, pourquoy rayson se fonde Qu’il est mortel, non obstant sa haultesse.
Il est décent que chascun don responde Selon celuy à qui le don s’adresse. Donc Melchior, qui est roy de Sabonde Offrit encens, comme roy de sagesse,
Prince des cieulx, de voulenté parfonde, De cueur contrict, en petite simplesse, Te supplions que ta bonté confonde De l’ennemy l’astuce et la finesse. Amen. Nouel. __________________
Simon PELLEGRIN (1663-1745)
VENEZ, DIVIN MESSIE
Venez, divin Messie, Sauver nos jours infortunés ; Venez, source de vie, Venez, venez, venez.
Ah ! descendez, hâtez vos pas, Sauvez les hommes du trépas, Secourez-nous, ne tardez pas. Venez, divin Messie, Sauver nos jours infortunés ; Venez, source de vie, Venez, venez, venez.
Ah ! désarmez votre courroux ; Nous soupirons à vos genoux ; Seigneur, nous n'espérons qu'en vous. Pour nous livrer la guerre, Tous les enfers sont déchaînés ; Descendez sur la terre, Venez, venez, venez.
Que nos soupirs soient entendus ! Les biens que nous avons perdus Ne nous seront-ils point rendus ? Voyez couler nos larmes. Grand Dieu, si vous nous pardonnez, Nous n'aurons plus d'alarmes ; Venez, venez, venez.
Eclairez-nous, divin flambeau ; Parmi les ombres du tombeau, Faites briller un jour nouveau. Au plus affreux supplice Nous auriez-vous abandonnés ? Venez, Sauveur propice, Venez, venez, venez.
Si vous venez en ces bas-lieux, Nous vous verrons victorieux Fermer l'enfer, ouvrir les cieux. Nous l'espérons sans cesse ; Les cieux nous furent destinés ; Tenez votre promesse, Venez, venez, venez.
Ah ! Puissions-nous chanter un jour, Dans votre bienheureuse cour, Et votre gloire, et votre amour ! C'est là l'heureux partage De ceux que vous prédestinez ; Donnez-nous-en le gage, Venez, venez, venez. _________________
Jean RICHEPIN
NOËL MISERABLE
Noël ! Noël ! À l’indigent Il faudrait bien un peu d’argent, Pour acheter du pain, des nippes. Petits enfants, petits Jésus, Des argents que vous avez eus Il aurait bourré bien des pipes.
Noël ! Noël ! Les amoureux Sont bien heureux, car c’est pour eux Qu’est fait le manteau gris des brumes. Sonnez, cloches ! cloches, sonnez ! Le pauvre diable dans son nez Entend carillonner les rhumes.
Noël ! Noël ! Les bons dévots S’en vont chanter comme des veaux, Près de l’âne, au pied de la crèche. Notre homme trouverait plus neuf De manger un morceau de boeuf, Et dit que ça sent la chair fraîche.
Noël ! Ça sent les réveillons, Les bons grands feux pleins de rayons, Et la boustifaille, et la joie, Le jambon rose au bord tremblant, Le boudin noir et le vin blanc, Et les marrons pondus par l’oie.
Et le misérable là-bas Voit la crèche comme un cabas Bondé de viande et de ripaille, Et dans lequel surtout lui plaît Un beau petit cochon de lait... C’est l’enfant Jésus sur sa paille.
Noël ! Noël ! Le prêtre dit Que Dieu parmi nous descendit Pour consoler le pauvre hère. Celui-ci voudrait bien un peu Boire à la santé du bon Dieu ; Mais Dieu n’a rien mis dans son verre,
Noël ! On ferme. Allons, va-t’en ! Heureux encore si Satan, Qui chez nous ces jours-là s’égare, Te fait trouver dans le ruisseau Quelque os où reste un bon morceau Et quelque moitié de cigare !
Noël ! Noël ! Les malheureux N’ont rien pour eux qu’un ventre creux Qui tout bas grogne comme un fauve, Si bien que le bourgeois, voyant Leur oeil dans l’ombre flamboyant, Au lieu de leur donner, se sauve. _________________
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| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: NOËL POUR TOUS. 2016 (Compilation de poèmes) Ven 16 Déc - 12:05 | |
| Honorat de RACAN
NOËL
Maintenant que l’astre doré Par qui le monde est éclairé A cédé la place aux étoiles, Par un miracle non pareil La nuit au milieu de ses voiles A vu naître un nouveau soleil.
Un bienheureux enfantement Remplit l’enfer d’étonnement, Réjouit les âmes captives Et rend le Jourdain glorieux De voir naître dessus ses rives Le Roi de la terre et des cieux.
Ce roi des astres adoré N’est point né dans un lieu paré Où la pompe étale son lustre : Un haillon lui sert au besoin Et n’a pour dais ni pour balustre Qu’une crèche pleine de foin.
Ces petits bras emmaillotés Sont ces mêmes bras redoutés Du ciel, de l’onde et de la terre ; Ils se sont à notre aide offerts, Et ne s’arment plus du tonnerre Que pour foudroyer les enfers.
Voyez que son divin pouvoir Surpasse tout humain savoir De quiconque le considère : Dieu de son corps est créateur. Une vierge enfante son Père Et l’œuvre produit son auteur. __________________
Wilfrid LALONDE
MARIE PRÈS DE LA CRÈCHE
Avec précaution, de peur de la répandre, Ainsi que dans une urne on garde une liqueur, Tout ce dont elle souffre et de voir et d’entendre, Marie, avec amour, le compare en son cœur ;
À côté de la crèche où Dieu voulut descendre Elle voit s’agiter le prétoire moqueur ; Le repos de l’Enfant Jésus lui fait comprendre Qu’un jour d’un tel sommeil Il sortira Vainqueur ;
Son front qu’une divine auréole environne Paraît déjà courbé sous l’affreuse couronne, Et ses pieds semblent joints pour le crucifiement !
Demande-t-elle au Ciel d’être un peu moins sévère Qu’elle voit, dans un coin sombre du firmament, Se dessiner la Croix sanglante du Calvaire ! __________________
FAGUS
NOËL
Tant l’on crie Noël Qu’à la fin nous vient. Tout mon cœur appelle Noël, Noël ! Tout mon cœur appelle, Tant il se souvient.
Dame neige est en voyage Sur les routes de l’hiver ; Les oiseaux du voisinage Se sont enfuis par les airs.
Seul, le rouge-gorge appelle Avec sa fluette voix ; Il fait : Noël et Noël, À tous les échos des bois.
Tant l’on crie Noël, Noël, Noël! Tant l’on crie Noël Qu’enfin on le voit.
L’espérance est en voyage ; Dans les bois flambe le houx ; Le petit enfant bien sage Rêve au bonhomme aux joujoux.
Tant l’on crie Noël, Noël, Noël, Tant l’on crie Noël Qu’il s’en vient à nous. __________________
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| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: NOËL POUR TOUS. 2016 (Compilation de poèmes) Sam 17 Déc - 17:53 | |
| Arthur de BUSSIÈRES.
CHANT DE NOËL
J’adore ta venue, enfant, frère des mondes, – Œuvre de votre amour, ô Père, ô Saint Esprit ! – Sublime agneau, victime et sauveur, Jésus-Christ, Dont le front doit blêmir à nos douleurs profondes.
Je t’adore, ô Promis de toute éternité ! Je t’adore en mes cris, je t’adore en ma joie ; D’une âme que le feu de ses désirs rougeoie, Je t’adore en mon rêve et mon humanité.
Je t’adore !... Car j’ai compris ton beau sourire : Sur ta lèvre divine où ses plis sont posés Comme en un grand miroir, bouche et traits convulsés, Le Prodige inouï du Calvaire se mire...
Ô divin Rédempteur ! Flambeau des Paradis Que la chair et la vie agitent devant l’Être ; Ô Sauveur ! apprends-moi ce que je dois connaître Pour dompter la chimère et ses envols maudits !
Car je veux, avec Toi, grandir dans l’humble enceinte ; Comme Toi, je veux mettre à mon front le roseau ; Je veux m’agenouiller auprès de ton berceau, Pour expirer plus tard aux pieds de la Croix sainte. _________________
Joachim du BELLAY
DU JOUR DE NOËL
La Terre au Ciel, l’Homme à la Deïté, Sont assemblés d’un nouveau mariage. Dieu prenant corps, sans faire au corps outrage, Nait aujourd'hui de la virginité.
La Vierge rend à la Divinité Son saint dépôt, dont le Monde est l’ouvrage, Mais aujourd'hui il a fait d’avantage, S’étant vêtu de notre humanité !
Il a plus fait : car si du corps humain Tenant la vie et la mort en sa main, Il s’est rendu mortel par sa naissance,
Ne s’est-il pas lui-même surmonté ? Cette œuvre là démontre sa puissance, Et celle-ci démontre sa bonté. _________________
Patrice de LA TOUR DU PIN
CHANSON DU RAMONEUR
Je suis fils de ramoneurs Qui n’ont De père en fils, de cœur en cœur, qu’une seule destinée, Et c’est de se perdre au fond, Au fin fond des cheminées !
Les plus belles, de châteaux... À l’aube, On s’est glissé sous leurs rideaux ; De tout le jour on ne sort, Tout le jour, un jour de taupes Courant dans leurs corridors.
On revient passé le soir, Les yeux Fumés, vagues et tout noirs, Mais gardant le clair des chambres Où dorment des gens heureux... – Sur la route de décembre.
À l’autre Noël, perdu Par chance, Je ne suis pas redescendu : Petit ramoneur glacé Perché sur des toits immenses À voir la Noël passer... __________________
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| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: NOËL POUR TOUS. 2016 (Compilation de poèmes) Dim 18 Déc - 18:25 | |
| Charles FRÉMINE
NOÊL
Coupez le gui ! Coupez le houx ! Feuillage vert, feuillage roux, Mariez leurs branches ; Perles rouges et perles blanches,
Coupez le gui ! Coupez le houx ! C’est la Noël, fleurissez vous ! Chassez les grives et les merles, Chassez les mésanges au dos bleu
Du gui dont les fleurs sont des perles, Du houx dont les fleurs sont du feu ! Courez à la forêt prochaine, Courez à l’enclos des fermiers ;
Coupez le gui sur le grand chêne, Coupez le gui sur les pommiers. Coupez le houx le long des haies Qui bordent le chemin des bois ;
Coupez le houx sous les futaies Où sont nos vieux temples gaulois ? … Et coupez-les par tas, par piles ! Liez en gerbes leurs rameaux,
Et qu’on en pavoise les villes, Qu’on en pavoise les hameaux ! Coupez le gui ! Coupez le houx ! Feuillage vert, feuillage roux,
Mariez leurs branches ! Perles rouges et perles blanches ; Coupez le gui ! Coupez le houx ! C’est la Noël ! Fleurissez-vous ! __________________
Arthur RIMBAUD
LE MATIN DES ÉTRENNES
Ah ! quel beau matin, que ce matin des étrennes ! Chacun , pendant la nuit, avait rêvé des siennes Dans quel songe étrange où l'on voyait joujoux, Bonbons habillés d'or, étincelants bijoux,
Tourbillonner, danser une danse sonore, Puis fuir sous les rideaux, puis reparaître encore ! On s'éveillait matin, on se levait joyeux , La lèvre affriandée, en se frottant les yeux ...
On allait, les cheveux emmêlés sur la tête, Les yeux tout rayonnants, comme aux grands jours de fête, Et les petits pieds nus effleurant le plancher,
Aux portes des parents tout doucement toucher ... On entrait ! ...puis alors les souhaits ... en chemise, Les baisers répétés, et la gaieté permise ! __________________
José-Maria de HEREDIA (1842-1905)
ÉPIPHANIE
Donc, Balthazar, Melchior et Gaspar, les Rois Mages, Chargés de nefs d'argent, de vermeil et d'émaux Et suivis d'un très long cortège de chameaux, S'avancent, tels qu'ils sont dans les vieilles images.
De l'Orient lointain, ils portent leurs hommages Aux pieds du fils de Dieu, né pour guérir les maux Que souffrent ici-bas l'homme et les animaux ; Un page noir soutient leurs robes à ramages.
Sur le seuil de l'étable où veille saint Joseph, Ils ôtent humblement la couronne du chef Pour saluer l'Enfant qui rit et les admire.
C'est ainsi qu'autrefois, sous Augustus Caesar, Sont venus, présentant l'or, l'encens et la myrrhe, Les Rois Mages Gaspar, Melchior et Balthazar. __________________
Dernière édition par André Laugier le Mar 20 Déc - 19:00, édité 2 fois | |
| | | Flamme Admin
Messages : 5250 Date d'inscription : 04/01/2011 Age : 77 Localisation : Près Bordeaux
| Sujet: Re: NOËL POUR TOUS. 2016 (Compilation de poèmes) Lun 19 Déc - 8:51 | |
| 2 grand poètes avec Rimbaud et Hérédia pour admirer leurs vers en ce temps de Noël ! Oui, en effet, on ne peut que trouver magnifiques ces 2 poèmes !!! L'un dans la joie du matin de Noël, qui est exactement l'excitation des enfants et parents devant les cadeaux, pas encore habillés : "On s'éveillait matin, on se levait joyeux , La lèvre affriandée, en se frottant les yeux ... On allait, les cheveux emmêlés sur la tête, Les yeux tout rayonnants, comme aux grands jours de fête," et sur l'arrivée des Rois Mages apportant des trésors à l'enfant Jésus ! Très beau et beaucoup d'émotion ! | |
| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: NOËL POUR TOUS. 2016 (Compilation de poèmes) Lun 19 Déc - 11:41 | |
| - Flamme a écrit:
- 2 grand poètes avec Rimbaud et Hérédia pour admirer leurs vers en ce temps de Noël ! Oui, en effet, on ne peut que trouver magnifiques ces 2 poèmes !!!
L'un dans la joie du matin de Noël, qui est exactement l'excitation des enfants et parents devant les cadeaux, pas encore habillés :
"On s'éveillait matin, on se levait joyeux , La lèvre affriandée, en se frottant les yeux ...
On allait, les cheveux emmêlés sur la tête, Les yeux tout rayonnants, comme aux grands jours de fête,"
et sur l'arrivée des Rois Mages apportant des trésors à l'enfant Jésus !
Très beau et beaucoup d'émotion !
Oui, FLAMME, je reconnais que les poèmes consacrés à Noël ne sont pas tous du même niveau. Certains sont naïfs, d'autres, comme tu le dis, comprennent de nombreuses répétitions ou sont exagérément longs. Enfin, il y a ceux qui sont relativement enfantins et assez désuets.
J'ai composé une petite compilation et, bien entendu, les degrés poétiques varient énormément de l'un à l'autre. Je crois que tous, cependant, sont chargés de cette "magie" particulière qui les font se fondre les uns dans les autres, car ce sont des poèmes de foi et d'enthousiasme.
UN GRAND , en tout cas, de venir régulièrement les lire et les commenter.
TRÈS BONNE SEMAINE ET DE GROS de nous TROIS.
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| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: NOËL POUR TOUS. 2016 (Compilation de poèmes) Lun 19 Déc - 11:53 | |
| ANONYME
LE VIEUX NOËL
Ainsi qu'ils le font chaque année, En papillotes, les pieds nus, Devant la grande cheminée Les petits enfants sont venus.
Tremblants dans leur longue chemise, Ils sont là... Car le vieux Noël, Habillé de neige qui frise, A minuit descendra du ciel.
Quittant la guirlande des anges, Le Jésus de cire et les Rois, Transportant des paquets étranges, Titubant sur le bords des toits,
Le vieux bonhomme va descendre ... Et, de crainte d'être oubliés, Les enfants roses, dans la cendre, Ont mis tous leurs petits souliers
Ils ont même, contre une bûche Qui venait de rouler du feu, Rangé leurs pantoufles à ruche Et leurs bottes de vernis bleu.
Puis, après quelque phrase brève, Ils s'endormirent en riant Et firent un si joli rêve Qu'ils riaient encore en dormant.
Ils rêvaient d'un pays magique Où l'alphabet fut interdit ; Les ruisseaux étaient d'angélique, Les maisons de sucre candi ;
Et dans des forêts un peu folles, Tous les arbres, au bord du ciel, Pleins de brillantes girandoles, Etaient des arbres de Noël.
Dans ce pays tendre et fidèle, Les animaux parlent encore, L'Oiseau Bleu vient quand on l'appelle ; La Poule a toujours des oeufs d'or.
... Mais comme venait d'apparaître Peau d'Ane en un manteau de fleurs, Le jour entrant par la fenêtre A réveillé tous les dormeurs.
C'est un talon qu'on voit descendre ! C'est un pied nu sur le parquet ! Les mains s'enfoncent dans la cendre, Comme un bourdon dans un bouquet !
"Une armure avec une épée ! - Un navire ! Un cheval de bois ! - Oh ! la merveilleuse poupée Et qui parle avec une voix !
- Que la bergerie est légère ! - Et comme le troupeau est blanc ! - Le loup ! - le berger ! - la bergère !" Tout tremble au bord du coeur tremblant...
Oh ! Bonheur ! Noël de la vie, Laisse-nous quelques fois, le soir Aux cendres de mélancolie, Mettre un petit soulier d'espoir ! _________________
Tristan KLINGSOR
LE BONHOMME DE NEIGE
Les enfants ont fait un bonhomme de neige; L'hiver aux toits de chaume blancs Pend ses chandelles de glace et ses cierges Et les saules ont l'air de mendiants tremblants.
Les enfants s'en vont aux chaumines closes Manger leurs tartines sans doute, Leurs tartines beurrées de bonnes choses, Et le bonhomme de neige reste seul sur la route.
Mais le fou qui passe, cheveux roux, Bouche bleuie et bâton trop court, Le fou dont la culotte a plus de trous Que les filles n'ont de sourires d'amour.
Le fou dont toute la pitié naïve s'éveille Doucement couvre de ses guenilles décousues Avec des soins de bonne vieille Ce doux bonhomme blanc et beau comme un Jésus. __________________
Jules BARBIER
CHANTEZ NOEL
Montez à Dieu, chants d'allégresse ! Ô cœurs brûlés d'un saint amour. Chantez Noël ! voici le jour Le ciel entier frémit d'ivresse ! Que la nuit sombre disparaisse ! Voici le jour ! voici le jour ! Montez à Dieu, chants d'allégresse !
Ô Vierge mère, berce encore L'enfant divin, et dans ses yeux Aspire la clarté des cieux ! De son regard, céleste aurore, Sur ton front pur qui se colore. Une auréole semble éclore ! Une auréole semble éclore !
Ô Dieu sauveur, ma voix t'appelle, De tes enfants j'entends le chœur Remplir les cieux d'un chant vainqueur ! Laisse à mon âme ouvrir son aile ! Qu'elle s'envole et sente en elle Qu'elle s'envole et sente en elle Rayonner ta flamme éternelle. _________________
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| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: NOËL POUR TOUS. 2016 (Compilation de poèmes) Mar 20 Déc - 18:51 | |
| Tristan DEREME
BONNE ANNÉE
Voici la nouvelle année Souriante, enrubannée, Qui pour notre destinée, Par le ciel nous est donnée : C'est à minuit qu'elle est née. Les ans naissent à minuit L'un arrive, l'autre fuit. Nouvel an ! Joie et bonheur ! Pourquoi ne suis-je sonneur De cloches, carillonneur, Pour mieux dire à tout le monde À ceux qui voguent sur l'onde Ou qui rient dans leurs maisons, Tous les vœux que nous faisons Pour eux, pour toute la Terre Pour mes amis les enfants Pour les chasseurs de panthères Et les dompteurs d'éléphants. _________________
Henri-Frédéric AMIEL
UN NOËL D'ALLEMAGNE
Enfants et fleurs, vous, grâce de la vie, Calices purs d'innocence et d'amour, Voici Noël ! Noël tous nous convie, Mais vous surtout êtes rois en ce jour. Au ciel, enfants, dérobez son sourire, Fleurs, à la terre empruntez vos couleurs ; Notre allégresse auprès de vous s'inspire, Enfants et fleurs !
Enfants et fleurs, ô suave rosée, D'un Dieu clément envoi mystérieux, Vous ignorez pour toute âme embrasée Quelle fraîcheur vous distillez des cieux ! Un vent plus doux vient caresser la lyre, Du cœur blessé vous calmez les douleurs ; Tout reverdit à votre aimable empire, Enfants et fleurs !
Enfants et fleurs, par quels magiques charmes, Vous, chers aux bons, mais aux méchants jamais, Au repentir arrachez-vous des larmes, A l'espérance apportez-vous la paix ? Serait-ce hélas ! que, miroirs sans nuage, Purs de toute ombre et non ternis de pleurs, D'un ciel perdu vous reflétez l'image, Enfants et fleurs ?
Sainte au front pâle et couronné d'étoiles, A l'œil profond comme l'éternité, Fille de Dieu qui lis en Dieu sans voiles, Descends vers nous, chaste Sérénité ; Sur un berceau tu mis ton auréole, Dans un rayon consume nos langueurs ; Et, pur encens, que notre âme à Dieu vole, Enfants et fleurs. _________________
Édouard TAVAN
DE JANVIER À NOËL
Janvier grelottant, neigeux et morose, Commande la ronde éternellement ; Déjà Février sourit par moment ; Mars cueille frileux une fleur éclose. Avril est en blanc, tout ruché de rose Et Mai, pour les nids, tresse un dais clément ; Dans les foins coupés, Juin s'ébat gaîment, Sur les gerbes d'or, Juillet se repose. Derrière Août qui baille au grand ciel de feu Se voile Septembre en un rêve bleu ; Le pampre couronne Octobre en démence. Novembre, foulant du feuillage mort, Fuit l'âpre Décembre au souffle qui mord. Et le tour fini - sans fin recommence.
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| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: NOËL POUR TOUS. 2016 (Compilation de poèmes) Mer 21 Déc - 19:11 | |
| Madeleine MORIZE
CHANSON D'HIVER
Les flocons, loin du ciel sévère, S'en sont allés, tout en dansant, Bien pressés d'atteindre la terre Qui les attirait doucement. Menant une ronde joyeuse, Ils semblent un duvet léger Échappé d'une aile soyeuse Et que le vent fait voltiger. Petits et clairs, dans la tourmente, Ils ont l'allure de lutins Qui se frôlent dans la descente Aussi caressants que mutins. Mais la glace emprisonne et gèle Les jolis flocons blancs si fous. La mort étend sur tout son aile. Cœurs qui souffrez, endormez-vous ! Et maintenant, dans le mystère, Sous l'épaisseur du manteau blanc, C'est le grand travail de la terre ! Elle prépare dans son flanc Toutes les richesses futures : Les fleurs si douces du printemps, De l'été, les vertes ramures, De l'automne, les tons ardents. Et pourtant, elle semble morte ; Les charmes sont ensevelis ; Chaque neige que le vent porte Du linceul alourdit les plis. Cette blancheur s'immobilise Sous le ciel gris, en contours flous Et toute forme est imprécise. Oh ! Cœurs qui dormez, rêvez-vous ? Mais voici que dans la nature Viennent à passer des frissons. Peu à peu s'en vont la froidure, La neige pâle et les glaçons. Écartant son voile superbe, La terre apparaît et sourit ; Des rubans d'eau courent dans l'herbe Qui, sous leurs baisers, reverdit. Et, là-bas, voilà que s'éveille La voix profonde des forêts Et que s'ouvre, pure merveille, La clochette des blancs muguets. La vie, en tout, fleurit et chante Et l'air est infiniment doux. Il se lève une aube charmante. Cœurs qu'on croit morts, réveillez-vous ! __________________
Jean RICHEPIN
LA NEIGE EST BELLE
La neige est belle. Ô pâle, ô froide, ô calme vierge, Salut ! Ton char de glace est traîné par des ours, Et les cieux assombris tendent sur son parcours Un dais de satin jaune et gris couleur de cierge.
Salut ! dans ton manteau doublé de blanche serge, Dans ton jupon flottant de ouate et de velours Qui s'étale à grands plis immaculés et lourds, Le monde a disparu. Rien de vivant n'émerge.
Contours enveloppés, tapages assoupis, Tout s'efface et se tait sous cet épais tapis. Il neige, c'est la neige endormeuse, la neige
Silencieuse, c'est la neige dans la nuit. Tombe, couvre la vie atroce et sacrilège, Ô lis mystérieux qui t'effeuilles sans bruit ! __________________
Georges RODENBACH
L'HIVER
Ô neige, toi la douce endormeuse des bruits Si douce, toi la sœur pensive du silence, Ô toi l'immaculée en manteau d'indolence Qui gardes ta pâleur même à travers les nuits,
Douce ! Tu les éteins et tu les atténues Les tumultes épars, les contours, les rumeurs ; Ô neige vacillante, on dirait que tu meurs Loin, tout au loin, dans le vague des avenues !
Et tu meurs d'une mort comme nous l'invoquons, Une mort blanche et lente et pieuse et sereine, Une mort pardonnée et dont le calme égrène Un chapelet de ouate, un rosaire en flocons.
Et c'est la fin : le ciel sous de funèbres toiles Est trépassé ; voici qu'il croule en flocons lents, Le ciel croule ; mon cœur se remplit d'astres blancs Et mon cœur est un grand cimetière d'étoiles ! _________________ | |
| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: NOËL POUR TOUS. 2016 (Compilation de poèmes) Jeu 22 Déc - 12:28 | |
| Théophile GAUTIER
LA DERNIÈRE FEUILLE
Dans la forêt chauve et rouillée Il ne reste plus au rameau Qu'une pauvre feuille oubliée, Rien qu'une feuille et qu'un oiseau.
Il ne reste plus en mon âme Qu'un seul amour pour y chanter, Mais le vent d'automne, qui brame Ne permet pas de l'écouter ;
L'oiseau s'en va, la feuille tombe, L'amour s'éteint, car c'est l'hiver. Petit oiseau, viens sur ma tombe Chanter, quand l'arbre sera vert ! __________________
Fernand MAZADE
ATTENTE
Il neige. La source écume et frissonne Avant que d'aller mourir dans la mer. Un seul arbre est vert : c'est un chêne-vert. Le jour se dissipe et l'angélus sonne. Le village tousse et s'encapuchonne. Aucune chanson ne réchauffe l'air : Les chardonnerets n'aiment point l'hiver. Sur les sentiers blancs ne passe personne. Le beau mois de mai quand reviendra-t-il ? Pourrons-nous bientôt cueillir le myrtil ? Et des papillons voir les arrivées ?
Sous le chêne vert, trois enfants blottis Chevelures d'or tout ébouriffées Yeux écarquillés, membres engourdis, Trois petits enfants attendent les fées. __________________
Francis YARD
LA NEIGE AU VILLAGE
Lente et calme, en grand silence, Elle descend, se balance Et flotte confusément, Se balance dans le vide, Voilant sur le ciel livide L'église au clocher dormant. Pas un soupir, pas un souffle, Tout s'étouffe et s'emmitoufle De silence recouvert... C'est la paix froide et profonde Qui se répand sur le monde, La grande paix de l'hiver. __________________
| |
| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: NOËL POUR TOUS. 2016 (Compilation de poèmes) Ven 23 Déc - 11:58 | |
| Maurice CARÊME
LE GIVRE
Mon dieu comme ils sont beaux Les tremblants animaux Que le givre a fait naître La nuit sur ma fenêtre !
Ils broutent des fougères dans un bois plein d'étoiles, Et l'on voit la lumière À travers leur corps pâles.
Il y a un chevreuil Qui me connaît déjà ; Il soulève pour moi Son front d'entre les feuilles,
Et quand il me regarde, Ses grands yeux sont si doux Que je sens mon cœur battre Et trembler mes genoux.
Laissez-moi, ô décembre ! Ce chevreuil merveilleux. Je resterai sans feu Dans ma petite chambre. __________________
Victor HUGO
LA BISE
Va-t'en, me dit la bise, C'est mon tour de chanter. Et tremblante, surprise, N'osant pas résister,
Fort décontenancée Devant un Quos ego, Ma chanson est chassée Par cette Virago.
Pluie. On me congédie Partout, sur tous les tons. Fin de la comédie. Hirondelles, partons.
Grêle et vent. La ramée Tord ses bras rabougris ; Là-bas fuit la fumée Blanche sur le ciel gris.
Une pâle dorure Jaunit les coteaux froids. Le trou de ma serrure Me souffle sur les doigts. __________________
Madeleine MORIZE
CHANSON D'HIVER
Les flocons, loin du ciel sévère, S'en sont allés, tout en dansant, Bien pressés d'atteindre la terre Qui les attirait doucement. Menant une ronde joyeuse, Ils semblent un duvet léger Échappé d'une aile soyeuse Et que le vent fait voltiger.
Petits et clairs, dans la tourmente, Ils ont l'allure de lutins Qui se frôlent dans la descente Aussi caressants que mutins. Mais la glace emprisonne et gèle Les jolis flocons blancs si fous. La mort étend sur tout son aile.
Cœurs qui souffrez, endormez-vous !
Et maintenant, dans le mystère, Sous l'épaisseur du manteau blanc, C'est le grand travail de la terre ! Elle prépare dans son flanc Toutes les richesses futures : Les fleurs si douces du printemps, De l'été, les vertes ramures, De l'automne, les tons ardents. Et pourtant, elle semble morte ; Les charmes sont ensevelis ; Chaque neige que le vent porte Du linceul alourdit les plis. Cette blancheur s'immobilise Sous le ciel gris, en contours flous Et toute forme est imprécise.
Oh ! Cœurs qui dormez, rêvez-vous ?
Mais voici que dans la nature Viennent à passer des frissons. Peu à peu s'en vont la froidure, La neige pâle et les glaçons. Écartant son voile superbe, La terre apparaît et sourit ; Des rubans d'eau courent dans l'herbe Qui, sous leurs baisers, reverdit. Et, là-bas, voilà que s'éveille La voix profonde des forêts Et que s'ouvre, pure merveille, La clochette des blancs muguets. La vie, en tout, fleurit et chante Et l'air est infiniment doux. Il se lève une aube charmante.
Cœurs qu'on croit morts, réveillez-vous ! __________________
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| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: NOËL POUR TOUS. 2016 (Compilation de poèmes) Sam 24 Déc - 11:34 | |
| Alfred de MUSSET
LE PREMIER FRISSON DE L’HIVER
Que j'aime le premier frisson d'hiver ! le chaume, Sous le pied du chasseur, refusant de ployer ! Quand vient la pie aux champs que le foin vert embaume, Au fond du vieux château s'éveille le foyer ;
C'est le temps de la ville. - Oh ! lorsque l'an dernier, J'y revins, que je vis ce bon Louvre et son dôme, Paris et sa fumée, et tout ce beau royaume (J'entends encore au vent les postillons crier),
Que j'aimais ce temps gris, ces passants, et la Seine Sous ses mille falots assise en souveraine ! J'allais revoir l'hiver. Et toi, ma vie, et toi !
Oh ! dans tes longs regards j'allais tremper mon âme Je saluais tes murs. Car, qui m'eût dit, madame, Que votre cœur sitôt avait changé pour moi ? _______________________
Émile NELLIGAN
SOIR D’HIVER
Ah ! comme la neige a neigé ! Ma vitre est un jardin de givre. Ah ! comme la neige a neigé! Qu'est-ce que le spasme de vivre À la douleur que j'ai, que j'ai !
Tous les étangs gisent gelés , Mon âme est noire: Où vis-je ? Où vais-je ? Tous ses espoirs gisent gelés : Je suis la nouvelle Norvège D'où les blonds ciels s'en sont allés.
Pleurez, oiseaux de février, Au sinistre frisson des choses, Pleurez, oiseaux de février, Pleurez mes pleurs, pleurez mes roses, Aux branches du genévrier.
Ah! comme la neige a neigé ! Ma vitre est un jardin de givre. Ah! comme la neige a neigé ! Qu'est-ce que le spasme de vivre À tout l'ennui que j'ai, que j'ai ! ... ______________________
Alexandre POUCHKINE
SOIR D’HIVER
Ciel de brume ; la tempête Tourbillonne en flocons blancs, Vient hurler comme une bête, Ou gémit comme un enfant, Et soufflant soudain pénètre Dans le vieux chaume avec bruit, Elle frappe à la fenêtre, Voyageur pris par la nuit.
La chaumière est triste et sombre, Chère vieille, qu'as-tu donc A rester dans la pénombre, Sans plus dire ta chanson ? C'est la bise qui résonne Et, hurlant, t'abasourdit ? Ou la ronde monotone Du fuseau qui t'assoupit ?
Mais buvons, compagne chère D'une enfance de malheur ! Noyons tout chagrin ! qu'un verre Mette de la joie au cœur ! Chante comme l'hirondelle, Doucement vivait au loin ; Chante-moi comme la belle Puisait l'eau chaque matin.
Ciel de brume ; la tempête Tourbillonne en flocons blancs, Vient hurler comme une bête Ou gémit comme un enfant. Mais buvons, compagne chère D'une enfance de malheur ! Noyons tout chagrin ! qu'un verre Mette de la joie au cœur ! _______________________
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