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| Les plus beaux poèmes sur les animaux. | |
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Auteur | Message |
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Flamme Admin
Messages : 5250 Date d'inscription : 04/01/2011 Age : 77 Localisation : Près Bordeaux
| Sujet: Re: Les plus beaux poèmes sur les animaux. Mer 5 Avr - 8:41 | |
| Je ne savais pas que Lamartine avait réalisé un tel poème, et qu'il était contre la mort des animaux pour s'en nourrir ! Merci André de nous en parler ! | |
| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: Les plus beaux poèmes sur les animaux. Mer 5 Avr - 11:28 | |
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| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: Les plus beaux poèmes sur les animaux. Lun 10 Avr - 18:45 | |
| Jean-Pierre Claris DE FLORIAN (1755-1794)
LES SERINS ET LE CHARDONNERET
Un amateur d'oiseaux avait, en grand secret, Parmi les œufs d'une serine Glissé l'œuf d'un chardonneret. La mère des serins, bien plus tendre que fine, Ne s'en aperçut point, et couva comme sien Cet œuf qui dans peu vint à bien. Le petit étranger, sorti de sa coquille, Des deux époux trompés reçoit les tendres soins, Par eux traité ni plus ni moins Que s'il était de la famille. Couché dans le duvet, il dort le long du jour A côté des serins dont il se croit le frère, Reçoit la becquée à son tour, Et repose la nuit sous l'aile de la mère. Chaque oisillon grandit, et, devenant oiseau, D'un brillant plumage s'habille ; Le chardonneret seul ne devient point jonquille, Et ne s'en croit pas moins des serins le plus beau. Ses frères pensent tout de même : Douce erreur qui toujours fait voir l'objet qu'on aime Ressemblant à nous trait pour trait ! Jaloux de son bonheur, un vieux chardonneret Vient lui dire : Il est temps enfin de vous connaître ; Ceux pour qui vous avez de si doux sentiments Ne sont point du tout vos parents. C'est d'un chardonneret que le sort vous fit naître. Vous ne fûtes jamais serin : regardez-vous, Vous avez le corps fauve et la tête écarlate, Le bec... Oui, dit l'oiseau, j'ai ce qu'il vous plaira ; Mais je n'ai point une âme ingrate, Et mon cœur toujours chérira Ceux qui soignèrent mon enfance. Si mon plumage au leur ne ressemble pas bien, J'en suis fâché ; mais leur cœur et le mien Ont une grande ressemblance. Vous prétendez prouver que je ne leur suis rien, Leurs soins me prouvent le contraire : Rien n'est vrai comme ce qu'on sent. Pour un oiseau reconnaissant Un bienfaiteur est plus qu'un père.
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| | | Flamme Admin
Messages : 5250 Date d'inscription : 04/01/2011 Age : 77 Localisation : Près Bordeaux
| Sujet: Re: Les plus beaux poèmes sur les animaux. Mar 11 Avr - 9:22 | |
| Une morale magnifique de ce chardonneret !!! Bien des enfants adoptés pourraient avoir le même sentiment ! je pense que c'est le cas bien souvent ! Un beau poème ! | |
| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: Les plus beaux poèmes sur les animaux. Mar 11 Avr - 12:39 | |
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| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: Les plus beaux poèmes sur les animaux. Mar 11 Avr - 12:50 | |
| LECONTE DE LISLE
LE CONDOR
Par delà l'escalier des raides Cordillères, Par delà les brouillards hantés des aigles noirs, Plus haut que les sommets creusés en entonnoirs Où bout le flux sanglant des laves familières, L'envergure pendante et rouge par endroits, Le vaste Oiseau, tout plein d'une morne indolence, Regarde l'Amérique et l'espace en silence, Et le sombre soleil qui meurt dans ses yeux froids. Du continent muet, elle s'est emparée : Des sables aux coteaux, des gorges aux versants, De cime en cime, elle enfle en tourbillons croissants, Le lourd débordement de sa haute marée. Lui, comme un spectre, seul au front du pic altier, Baigné d'une lueur qui saigne sur la neige Il attend cette mer sinistre qui l'assiège : Elle arrive, elle déferle et le couvre en entier. Dans l'abîme sans fond la Croix Australe allume Sur les côtes du ciel son phare constellé. Il râle de plaisir, il agite sa plume, Il érige son cou musculeux et pelé, Il s'enlève en fouettant l'âpre neige des Andes, Dans un cri rauque, il monte où n'atteint pas le vent, Et loin du globe noir, loin de l'astre vivant, Il dort dans l'air glacé, les ailes toutes grandes.
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| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: Les plus beaux poèmes sur les animaux. Ven 14 Avr - 19:58 | |
| Albert SAMAIN (1858-1900)
LA PETITE GRENOUILLE
En ramassant un fruit dans l'herbe qu'elle fouille, Chloris vient d'entrevoir la petite grenouille Qui, peureuse, et craignant justement pour son sort, Dans l'ombre se détend soudain comme un ressort, Et, rapide, écartant et rapprochant les pattes, Saute dans les fraisiers, et, parmi les tomates, Se hâte vers la mare, où, flairant le danger, Ses sœurs, l'une après l'autre, à la hâte ont plongé. Dix fois déjà Chloris, à la chasse animée, L'a prise sous sa main brusquement refermée ; Mais, plus adroite qu'elle, et plus prompte, dix fois La petite grenouille a glissé dans ses doigts. Chloris la tient enfin ; Chloris chante victoire ! Chloris aux yeux d'azur de sa mère est la gloire. Sa beauté rit au ciel ; sous son large chapeau Ses cheveux blonds coulant comme un double ruisseau Couvrent d'un voile d'or les roses de sa joue ; Et le plus clair sourire à ses lèvres se joue. Curieuse, elle observe et n'est point sans émoi À l'étrange contact du corps vivant et froid. La petite grenouille en tremblant la regarde, Et Chloris dont la main lentement se hasarde A pitié de sentir, affolé par la peur, Si fort entre ses doigts battre le petit cœur.
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| | | Flamme Admin
Messages : 5250 Date d'inscription : 04/01/2011 Age : 77 Localisation : Près Bordeaux
| | | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: Les plus beaux poèmes sur les animaux. Lun 17 Avr - 12:40 | |
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| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: Les plus beaux poèmes sur les animaux. Lun 17 Avr - 12:41 | |
| Auguste ANGELLIER (1848-1911)
LA CIGOGNE
Quand la blanche cigogne, à travers le ciel bleu, Frappant à larges coups d'air de sa puissante aile, Le col tendu, ses pieds roses pendant sous elle, Vole vers les climats d'or, d'azur et de feu,
Emportée à son rêve, et buvant dans l'éther L'ivresse des éclairs, elle perçoit à peine Le long déroulement de l'incessante plaine, Des fleuves, des forêts, des vallons, de la mer ;
Les champs et les coteaux, sortant de l'horizon, Disparaissent soudain dans une fuite infime ; Et les grandes cités, comme au fond d'un abîme, N'existent qu'un instant et s'éloignent d'un bond ;
Un jour lui fait franchir les bornes d'un pays ; Dans les vents quelle fend ou bien qu'elle devance, Infatigablement son fort désir la lance Vers les cieux aux soleils toujours épanouis.
Mais soudain son regard prodigieux a vu, Dans la fente d'un roc, sous un pied de fougère, Ramper le glissement furtif d'une vipère ; Son inflexible vol d'un coup s'est abattu.
Quand sa chute s'arrête et remonte en essor, Elle emporte, dans l'air frissonnant, le reptile, Et, dans son bec couleur d'aurore, le mutile, Tandis qu'en noirs replis il se noue et se tord.
Alors, songeant toujours aux éclatants soleils, Aux longues stations au bord des eaux sacrées, Ou sur les minarets aux coupoles dorées Où le soir lumineux ruisselle en flots vermeils,
Joyeuse, elle reprend, à la calme hauteur D'où les terres sans fin redeviennent lointaines, Son vol splendide, dont l'ourlet noir de ses pennes Isole dans l'azur l'éclatante blancheur. __________________
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| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: Les plus beaux poèmes sur les animaux. Jeu 20 Avr - 19:53 | |
| Victor HUGO (1802-1885)
LA CHANSON DES OISEAUX
Vie ! ô bonheur ! bois profonds, Nous vivons. L'essor sans fin nous réclame ; Planons sur l'air et les eaux ! Les oiseaux Sont de la poussière d'âme.
Accourez, planez ! volons Aux vallons, A l'antre, à l'ombre, à l'asile ! Perdons-nous dans cette mer De l'éther Où la nuée est une île !
Du fond des rocs et des joncs, Des donjons, Des monts que le jour embrase, Volons, et, frémissants, fous, Plongeons-nous Dans l'inexprimable extase !
Oiseaux, volez aux clochers, Aux rochers, Au précipice, à la cime, Aux glaciers, aux lacs, aux prés ; Savourez La liberté de l'abîme!
Vie ! azur ! rayons ! frissons ! Traversons La vaste gaîté sereine, Pendant que sur les vivants, Dans les vents, L'ombre des nuages traîne !
Avril ouvre à deux battants Le printemps ; L'été le suit, et déploie Sur la terre un beau tapis Fait d'épis, D'herbe, de fleurs, et de joie.
Buvons, mangeons ; becquetons Les festons De la ronce et de la vigne ; Le banquet dans la forêt Est tout prêt ; Chaque branche nous fait signe.
Les pivoines sont en feu ; Le ciel bleu Allume cent fleurs écloses ; Le printemps est pour nos yeux Tout joyeux Une fournaise de roses.
Tu nous dores aussi tous, Feu si doux Qui du haut des cieux ruisselles ; Les aigles sont dans les airs Des éclairs, Les moineaux des étincelles.
Nous rentrons dans les rayons ; Nous fuyons Dans la clarté notre mère ; L'oiseau sort de la forêt Et paraît S'évanouir en lumière.
Parfois on rampe accablé Dans le blé ; Mais juillet a pour ressource L'ombre, où, loin des chauds sillons, Nous mouillons Nos pieds roses dans la source.
Depuis qu'ils sont sous les cieux, Soucieux Du bonheur de la prairie, L'herbe et l'arbre chevelu Ont voulu Dans leur tendre rêverie
Qu'à jamais le fruit, le grain, L'air serein, L'amourette, la nichée, L'aube, la chanson, l'appât, Occupât Notre joie effarouchée.
Vivons ! chantons ! Tout est pur Dans l'azur ; Tout est beau dans la lumière ! Tout vers son but, jour et nuit, Est conduit ; Sans se tromper, le fleuve erre.
Toute la campagne rit ; Un esprit Palpite sous chaque feuille. - Aimons ! murmure une voix Dans les bois ; Et la fleur veut qu'on la cueille.
Quand l'iris a diapré Tout le pré, Quand le jour plus tiède augmente, Quand le soir luit dans l'étang Éclatant, Quand la verdure est charmante,
Que dit l'essaim ébloui ? Oui ! oui ! oui ! Les collines, les fontaines, Les bourgeons verts, les fruits mûrs, Les azurs Pleins de visions lointaines,
Le champ, le lac, le marais, L'antre frais, Composent, sans pleurs ni peine, Et font monter vers le ciel Éternel L'affirmation sereine !
L'aube et l'éblouissement Vont semant Partout des perles de flamme ; L'oiseau n'est pas orphelin ; Tout est plein De la mystérieuse âme !
Quelqu'un que l'on ne voit pas Est là-bas Dans la maison qu'on ignore ; Et cet inconnu bénit Notre nid, Et sa fenêtre est l'aurore.
Et c'est à cause de lui Que l'appui Jamais ne manque à nos ailes, Et que les colombes vont Sur le mont Boire où boivent les gazelles.
Grâce à ce doux inconnu, Adam nu Nous souriait sous les branches ; Le cygne sous le bouleau A de l'eau Pour laver ses plumes blanches.
Grâce à lui, le piquebois Vit sans lois, Chéri des pins vénérables, Et délivrant des fourmis Ses amis Les cèdres et les érables.
Grâce à lui, le passereau Du sureau S'envole, et monte au grand orme ; C'est lui qui fait le buisson De façon Qu'on y chante et qu'on y dorme.
Il nous met tous à l'abri, Colibri, Chardonneret, hochequeue, Tout l'essaim que l'air ravit Et qui vit Dans la grande lueur bleue.
A cause de lui, les airs Et les mers, Les bois d'aulnes et d'yeuses, La sauge en fleur, le matin, Et le thym, Sont des fêtes radieuses ;
Les blés sont dorés, les cieux Spacieux, L'eau joyeuse et l'herbe douce ; Mais il se fâche souvent Quand le vent Nous vole nos brins de mousse.
Il dit au vent : - Paix, autan ! Et va-t'en ! Laisse mes oiseaux tranquilles. Arrache, si tu le veux, Leurs cheveux De fumée aux sombres villes !
Celui sous qui nous planons Sait nos noms. Nous chantons. Que nous importe ? Notre humble essor ignorant Est si grand ! Notre faiblesse est si forte !
La tempête au vol tonnant, Déchaînant Les trombes, les bruits, les grêles, Fouettant, malgré leurs sanglots, Les grands flots, S'émousse à nos plumes frêles.
Il veut les petits contents, Le beau temps, Et l'innocence sauvée ; Il abaisse, calme et doux, Comme nous, Ses ailes sur sa couvée.
Grâce à lui, sous le hallier Familier A notre aile coutumière, Sur les mousses de velours, Nos amours Coulent dans de la lumière.
Il est bon ; et sa bonté C'est l'été ; C'est le charmant sorbier rouge ; C'est que rien ne vienne à nous Dans nos trous Sans que le feuillage bouge.
Sa bonté, c'est Tout ; c'est l'air, Le feu clair, Le bois où, dans la nuit brune, Ta chanson, qui prend son vol, Rossignol, Semble un rêve de la lune.
C'est ce qu'au gré des saisons Nous faisons ; C'est le rocher que l'eau creuse ; C'est l'oiseau, des vents bercé, Composé D'une inquiétude heureuse.
Il est puissant, étoilé, Et voilé. Le soir, avec les murmures Des troupeaux qu'on reconduit, Et le bruit Des abeilles sous les mûres,
Avec l'ombre sur les toits, Sur les bois, Sur les montagnes prochaines, C'est sa grandeur qui descend, Et qu'on sent Dans le tremblement des chênes.
Il n'eut qu'à vouloir un jour, Et l'amour Devint l'harmonie immense ; Tous les êtres étaient là ; Il mêla Sa sagesse à leur démence.
Il voulut que tout fût un ; Le parfum Eut pour soeur l'aurore pure ; Et les choses, se touchant Dans un chant, Furent la sainte nature.
Il mit sur les flots profonds Les typhons ; Il mit la fleur sur la tige ; Il apparut fulgurant Dans le grand ; Le petit fut son prodige.
Avec la même beauté Sa clarté Créa l'aimable et l'énorme ; Il fit sortir l'alcyon Du rayon Qui baise la mer difforme.
L'effrayant devint charmant ; L'élément, Monstre, colosse, fantôme, Par Lui, qui le veut ainsi, Radouci, Vint s'accoupler à l'atome.
On vit alors dans Ophir L'humble asfir Vert comme l'hydre farouche ; Le flamboiement de l'Etna Rayonna Sur l'aile de l'oiseau-mouche.
Vie est le mot souverain, Et serein, Sans fin, sans forme, sans nombre, Tendre, inépuisable, ardent, Débordant De toute la terre sombre.
L'aube se marie au soir ; Le bec noir Au bec flamboyant se mêle ; L'éclair, mâle affreux, poursuit Dans la nuit La mer, sa rauque femelle.
Volons, volons, et volons ! Les sillons Sont rayés, et l'onde est verte. La vie est là sous nos yeux, Dans les cieux, Claire et toute grande ouverte.
Hirondelle, fais ton nid. Le granit T'offre son ombre et ses lierres ; Aux palais pour tes amours Prends des tours, Et de la paille aux chaumières.
Le nid que l'oiseau bâtit Si petit Est une chose profonde ; L'oeuf ôté de la forêt Manquerait
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| | | Flamme Admin
Messages : 5250 Date d'inscription : 04/01/2011 Age : 77 Localisation : Près Bordeaux
| | | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: Les plus beaux poèmes sur les animaux. Dim 23 Avr - 11:50 | |
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| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: Les plus beaux poèmes sur les animaux. Dim 23 Avr - 11:59 | |
| Louise ACKERMANN
L'ABEILLE
Quand l’abeille, au printemps, confiante et charmée, Sort de la ruche et prend son vol au sein des airs, Tout l’invite et lui rit sur sa route embaumée. L’églantier berce au vent ses boutons entr’ouverts ; La clochette des prés incline avec tendresse Sous le regard du jour son front pâle et léger. L’abeille cède émue au désir qui la presse ; Ella aperçoit un lis et descend s’y plonger. Une fleur est pour elle une mer de délices. Dans son enchantement, du fond de cent calices. Elle sort trébuchant sous une poudre d’or. Son fardeau l’alourdit, mais elle vole encor. Une rose est là-bas qui s’ouvre et la convie ; Sur ce sein parfumé tandis qu’elle s’oublie, Le soleil s’est voilé. Poussé par l’aquilon, Un orage prochain menace le vallon. Le tonnerre a grondé. Mais dans sa quête ardente L’abeille n’entend rien, ne voit rien, l’imprudente ! Sur les buissons en fleur l’eau fond de toute part ; Pour regagner la ruche il est déjà trop tard. La rose si fragile, et que l’ouragan brise, Referme pour toujours son calice odorant ; La rose est une tombe, et l’abeille surprise Dans un dernier parfum s’enivre en expirant.
Qui dira les destins dont sa mort est l’image ? Ah ! combien parmi nous d’artistes inconnus, Partis dans leur espoir par un jour sans nuage, Des champs qu’ils parcouraient ne sont pas revenus ! Une ivresse sacrée aveuglait leur courage ; Au gré de leurs désirs, sans craindre les autans, Ils butinaient au loin sur la foi du printemps. Quel retour glorieux l’avenir leur apprête ! A ces mille trésors épars sur leur chemin L’amour divin de l’art les guide et les arrête : Tout est fleur aujourd’hui, tout sera miel demain. Ils revenaient déjà vers la ruche immortelle ; Un vent du ciel soufflait, prêt à les soulever. Au milieu des parfums la Mort brise leur aile ; Chargés comme l’abeille, ils périssent comme elle Sur le butin doré qu’ils n’ont pas pu sauver. __________________
M. DUSAUSOIR
L'ABEILLE ET LE FRÊLON
Une Abeille, dans la prairie, Se promenait sur mille fleurs. Elle respirait leurs odeurs , De toutes elle était chérie Et recevait quelques faveurs. Un Frelon l’observait, & sa jalouse rage Ne put long-tems se contenir; II s’approche, il fait grand tapage Et se prépare à la punir. Ah ! Frelon, quelle jalousie, Ou plutôt quelle cruauté, Dit l’Abeille en tremblant, calmez votre furie ; Mon travail appartient à la société, Et le peu de ces fleurs dont je me suis nourrie, Je le rends à l’humanité. J’en compose le miel ; je n’ai point d’autre envie, Et si je suis de quelque utilité, C’est tout le bonheur de ma vie, Et c’est ma seule vanité. A ce discours, le Frelon en colère Menace, il veut l’anéantir ; Et sous sa rage meurtrière L’Abeille était prête à périr, Lorsqu’un oiseau, témoin de la querelle, Vint la soustraire au barbare Frelon. O vous, dont la fureur toujours se renouvelle, Retenez bien cette leçon ; Dans les trésors du goût laissés puiser l’Abeille : Zoïles insensés, vous bourdonnez en vain ! Le Public seul est juge souverain ; Arbitre des talents, il est l’oiseau qui veille, Et pour vous écraser il a le foudre en main. __________________
Victor HUGO
LE MANTEAU IMPÉRIAL
O ! vous dont le travail est joie, Vous qui n’avez pas d’autre proie Que les parfums, souffles du ciel, Vous qui fuyez quand vient décembre, Vous qui dérobez aux fleurs l’ambre Pour donner aux hommes le miel,
Chastes buveuses de rosée, Qui, pareilles à l’épousée, Visitez le lys du coteau, Ô sœurs des corolles vermeilles, Filles de la lumière, abeilles, Envolez-vous de ce manteau !
Ruez-vous sur l’homme, guerrières ! Ô généreuses ouvrières, Vous le devoir, vous la vertu, Ailes d’or et flèches de flamme, Tourbillonnez sur cet infâme! Dites-lui: » Pour qui nous prends-tu ?
Maudit ! nous sommes les abeilles ! Des chalets ombragés de treilles Notre ruche orne le fronton ; Nous volons, dans l’azur écloses, Sur la bouche ouverte des roses Et sur les lèvres de Platon.
Ce qui sort de la fange y rentre. Va trouver Tibère en son antre, Et Charles neuf sur son balcon. Va! sur ta pourpre il faut qu’on mette, Non les abeilles de l’Hymette, Mais l’essaim noir de Montfaucon !
Et percez-le toutes ensemble, Faites honte au peuple qui tremble, Aveuglez l’immonde trompeur, Acharnez-vous sur lui, farouches, Et qu’il soit chassé par les mouches Puisque les hommes en ont peur ! _________________
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| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: Les plus beaux poèmes sur les animaux. Mer 26 Avr - 12:49 | |
| Jacques PELLETIER DU MANS (1517-1582)
L'ALOUETTE
Alors que la merveille aurore Le bord de notre ciel colore L'alouette, en ce même point, De sa gentille voix honore La faible lumière qui point.
Tant plus ce blanc matin éclaire Plus d'elle la voix se fait claire ; Et semble bien, qu'en s'efforçant, D'un bruit vif elle veuille plaire Au soleil qui se vient haussant.
Elle guindée de zéphire, Sublime, en l'air vire et revire Et déclique un joli cri Qui rit, guérit et tire l'ire Des esprits, mieux que je n'écris.
Soit que Junon son air essuie, Ou bien qu'elle se charge de pluie, En haut pourtant elle se tient. Et de gringotter ne s'ennuie, Fors quand le neigeux hiver vient.
Même n'a point la gorge close Pour avoir sa nichée éclose ; Et en ses chants si fort se plait Que vous diriez que d'autre chose Ses alouetteaux elle ne paît.
En plein midi, parmi le vide Fait défaillir l'oeil qui la guide, Puis tantôt comme un peloton, Subit en terre se dévide, Et pour un temps plus ne l'oit-on. _________________
Joseph AUTRAN (1813-1877)
L’ALOUETTE
Esprit de l'air, je te salue ! Je te salue, oiseau lointain, Qui montes, comme une âme élue Dans la lumière du matin.
Fuyant la plaine où ton nid reste, Où l'homme aussi demeure, hélas ! Tu remplis tout le bleu céleste De ta voix aux brillants éclats.
En plein azur ton vol s'élance, Tu vas chantant toujours plus fort ; Puis, tout à coup, tu fais silence, Et tu retombes comme mort.
Ainsi, dans sa brûlante fièvre Quand le poète aux deux gravit, L'hymne souvent meurt sur sa lèvre, Et l'homme seul enfin survit.
Petit oiseau qui tiens de l'ange, Messager de l'air, frais et doux, Ton nom, qui veut dire louange Te sied et me charme entre tous.
D'une joyeuse et forte race Tu fus le symbole autrefois : A la gaîté joignant l'audace, Tu devais plaire à nos Gaulois.
Je te salue, esprit sonore, Virtuose inspiré des cieux, Qui dans l'ivresse de l'aurore Répands ton cœur mélodieux !
De cette flamme qui t'anime Quel art divin sut t'embraser ? De qui tiens-tu ce chant sublime Que tu redis sans t'épuiser ?
Rien n'amortit ce zèle étrange, Rien ne fatigue cet essor : Dans son ciel de pourpre et d'orange, Le soir te voit flotter encore.
Autour de toi l'azur s'efface, La lumière même où tu cours : L'œil enfin te perd dans l'espace, Mais l'oreille te suit toujours.
De même s'éclipse une étoile Dans la clarté du jour naissant : Sous le bleu rideau qui la voile, On ne la voit plus, on la sent.
Ainsi de toi, lyre éthérée ! Souvent, à l'aube comme au soir, Dans les hauteurs de l'empyrée L'homme t'écoute sans te voir.
Que de fois, couché dans les gerbes, Quand l'œuvre, à midi, s'interrompt, J'entendis tes notes superbes Ruisseler du ciel sur mon front.
Je reprenais force et courage, A ce chant venu de si haut : — Debout ! Me disais-je, à l'ouvrage, Faible cœur, ne fais pas défaut !
Qui donc es-tu, chose légère ? J'admire en toi, divin chanteur, Moins un oiseau qu'une prière De la nature à son auteur.
Gomme une jeune et blonde reine Qui chante au créneau de sa tour, Du haut de l'air ta voix égraine L'immortelle chanson d'amour.
Et moi, de là-bas, je recueille Ces purs accents de ton gosier, Comme on récolte, feuille à feuille, La fleur qui tombe d'un rosier.
Frisson du vent sous une treille, Bruit du ruisseau dans le gazon, Rien pour le cœur ni pour l'oreille, Rien n'a l'attrait de ta chanson.
Le clairon sonne la victoire, Le luth s'inspire de l'amour : Toi, frêle oiseau, tu chantes gloire Au Dieu très-haut, père du jour !
Le Te Deum, l'épithalame, Le son des coupes d'un festin, Portent moins d'allégresse à l'âme Que tes cadences du matin.
Poète aux voix aériennes. Enseigne-nous ton art vainqueur : Toutes chansons auprès des tiennes Traînent et meurent de langueur.
Poursuis, poursuis ta stance folle ; Recommence-la mille fois. L'homme n'a pas une parole Qui vaille le son de ta voix.
De la vie épuisant les charmes. A la joie il s'efforce en vain : Un goût amer, le goût des larmes, Corrompt toujours son meilleur vin.
Même à côté d'une maîtresse, S'il veut chanter l'amour en fleur, L'ennui se mêle à son ivresse, Le chant s'éteint sous la douleur.
Il vit de misère et de hontes, Il rampe au niveau de son sol ; Toi tu t'élances, toi tu montes, Toi tu t'enivres de ton vol !
Toujours plus haut dans l'étendue, Tu resplendis au ciel vermeil, Comme une étincelle perdue Qui se détache du soleil !
Va donc ; laisse-nous la tristesse, Et garde à jamais ta gaîté, Et sois l'éclatante allégresse De chaque matin de l'été ! __________________
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| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: Les plus beaux poèmes sur les animaux. Mar 9 Mai - 19:21 | |
| Jules LEMAÎTRE (1853-1914)
LES MOUETTES
Par les couchants sereins et calmes, les mouettes Vont mêlant sur la mer leur vol entrecroisé, Tels des gris souvenirs pleines de douceurs secrètes Voltigeant dans un cœur souffrant, mais apaisé.
L’une, dans les clartés rouges et violettes, D’un coucher de soleil, fend le ciel embrasé, Une autre comme un trait, fond dans les eaux muettes Ou se suspend au flot lentement balancé.
Nul oiseau vagabond n’a de plus longues ailes De plus libres destins, ni d’amours plus fidèles Pour le pays des flots noirs, cuivrés, bleus ou verts
Et j’aime leurs ébats, car les mouettes grises Que berce la marée et qu’enivrent les brises Sont les grands papillons qui butinent les mers.
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| | | Flamme Admin
Messages : 5250 Date d'inscription : 04/01/2011 Age : 77 Localisation : Près Bordeaux
| Sujet: Re: Les plus beaux poèmes sur les animaux. Mer 10 Mai - 8:11 | |
| C'est joli "des papillons qui butinent les mers" Merci André de nous montrer l'attrait sur les animaux que beaucoup de poètes ont eu et de leurs beaux écrits ! | |
| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: Les plus beaux poèmes sur les animaux. Mer 10 Mai - 17:37 | |
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| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: Les plus beaux poèmes sur les animaux. Mer 10 Mai - 18:07 | |
| Jean-Henri FABRE [1823-1915]
LE GRILLON
L'histoire des bêtes rapporte Qu'autrefois un pauvre grillon, Prenant le soleil sur sa porte, Vit passer un beau papillon.
Un papillon à longues queues, Superbe, des mieux décorés, Avec rang de Lunules bleues Galons noirs et gros point dorés.
" Vole, vole, lui dit l'ermite, Sur les fleurs, du matin au soir : Ta rose ni ta marguerite Ne valent mon humble manoir ".
Il disait vrai. Vint un orage, Et le papillon est noyé Dans un bourbier : la fange outrage Le velours de son corps broyé.
Mais la tourmente en rien n'étonne Le grillon, qui dans son abri, Qu'il pleuve, qu'il vente, qu'il tonne, Vit tranquille et chante cri-cri.
Ah ! n'allons pas courir le monde Parmi les plaisirs et les fleurs ; L'humble foyer, sa paix profonde, Nous épargneront bien des pleurs.
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| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: Les plus beaux poèmes sur les animaux. Sam 13 Mai - 12:45 | |
| BERQUIN (1749-1791)
LE NID DE FAUVETTE.
Je le tiens ce nid de fauvette ! Us sont deux, trois, quatre petits ! Depuis si longtemps je vous guette; Pauvres oiseaux, vous voilà pris!
Criez, sifflez, petits rebelles, Débattez-vous; oh! c'est en vain: Vous n'avez pas encor vos ailes ; Comment vous sauver de ma main ?
Mais quoi ! n'entends-je point leur mère Qui pousse des cris douloureux? Oui, je le vois, oui, c'est leur père Qui vient voltiger autour d'eux.
Ah ! pourrais-je causer leur peine, Moi qui l'été dans les vallons Venais m'endormir sous un chêne Au bruit de leurs douces chansons ?
Helas ! si du sein de ma mère Un méchant venait me ravir, Je le sens bien, dans sa misère Elle n'aurait plus qu'à mourir.
Et je serais assez barbare Pour vous arracher vos enfants ! Non, non, que rien ne vous sépare; Non, les voici, je vous les rends.
Apprenez-leur dans le bocage A voltiger auprès de vous; Qu'ils écoutent votre ramage Pour former des sons aussi doux.
Et moi, dans la saison prochaine, Je reviendrai dans les vallons Dormir quelquefois sous un chêne Au bruit de leurs jeunes chansons.
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| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: Les plus beaux poèmes sur les animaux. Mer 17 Mai - 12:23 | |
| ANDRÉ THEURIET
CHANSONS D’OISEAUX
Hôtes des bois et de la plaine, Vous qui chantez à perdre haleine Dans la futaie et sur les eaux; Merles noirs et loriots jaunes, Pinsons, tarins amis des aunes, Linots, fauvettes des roseaux, Grives, légères alouettes, Et vous, rossignols, ô poètes, Salut! peuple heureux des oiseaux! Buveurs d'air aux ailes alertes, Ame et gaîté des forêts vertes, Vous êtes des consolateurs. A chaque retour de l'année, Votre musique d'hyménée Monte avec i'arome des fleurs. Et sur la terre reverdie Votre amoureuse mélodie Endort les humaines douleurs. Dans les taillis sans feuille encor. Les cornouillers et la saulée En leur mettent une envolée Salut, pinson, jeune allégresse De la forêt verte! Salut. Avril de la vie au début. Prime jeunesse Fitt! litt! tilt! Partout à la foi, Le pinson chante dan» les bois. __________________
ANDRÉ THEURIET
LE ROSSIGNOL
Le rossignol chante, et je rêve, Grisé par son chant, que je bois Un philtre fait avec la sève Et les vertes senteurs des bois. Sa voix monte, monte. J'écoute, Et je crois retrouver 1â route Des beaux jours perdus d'autrefois,
Ta musique est toujours pareille. Depuis des siècles, tes accents, Rossignol, enchantent l'oreille Des princes et des paysans. Ta chanson câline et sonore Résonnait de même à l'aurore Dans ces bois pleins de ta tendresse. Si tu rencontres ma jeunesse, Rends-la-moi, ne fût-ce qu'un jour ! _________________
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| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: Les plus beaux poèmes sur les animaux. Ven 26 Mai - 18:58 | |
| Paul VERLAINE
JE NE SAIS POURQUOI
Je ne sais pourquoi Mon esprit amer D’une aile inquiète et folle vole sur la mer. Tout ce qui m’est cher, D’une aile d’effroi Mon amour le couve au ras des flots.
Pourquoi, pourquoi ?
Mouette à l’essor mélancolique, Elle suit la vague, ma pensée, À tous les vents du ciel balancée, Et biaisant quand la marée oblique, Mouette à l’essor mélancolique.
Ivre de soleil Et de liberté, Un instinct la guide à travers cette immensité. La brise d’été Sur le flot vermeil Doucement la porte en un tiède demi-sommeil.
Parfois si tristement elle crie Qu’elle alarme au loin le pilote, Puis au gré du vent se livre et flotte Et plonge, et l’aile toute meurtrie Revole, et puis si tristement crie !
Je ne sais pourquoi Mon esprit amer D’une aile inquiète et folle vole sur la mer. Tout ce qui m’est cher, D’une aile d’effroi Mon amour le couve au ras des flots.
Pourquoi, pourquoi ? _________________
Jean RICHEPIN
Mouettes, gris et goélands Mêlent leurs cris et leurs élans.
Leur vol fou qui passe et repasse Tend comme un filet dans l’espace.
Mouettes, goélands et gris Mêlent leurs élans et leurs cris.
Parmi les mailles embrouillées Grincent des navettes rouillées.
Mouettes, gris et goélands Mêlent leurs cris et leurs élans.
Ces navettes à l’acier mince, C’est leur voix aiguë et qui grince.
Mouettes, goélands et gris Mêlent leurs élans et leurs cris.
On voit luire en l’air dans les mailles Des ors, des nacres, des écailles.
Mouettes, gris et goélands Mêlent leurs cris et leurs élans.
C’est un poisson que l’un attrape Et qu’au passage un autre happe.
Mouettes, goélands et gris Mêlent leurs élans et leurs cris.
Holà ! ho ! Du cœur à l’ouvrage ! La mer grossit. Proche est l’orage.
Mouettes, gris et goélands Doublent leurs cris et leurs élans.
Mais soudain, clamant la tempête, Le pétrel noir au loin trompette.
Mouettes, goélands et gris Brisent leurs élans et leurs cris.
Vite, vers leurs grottes fidèles Ils retournent à tire d’ailes.
Mouettes, gris et goélands Rentrent leurs cris et leurs élans.
Lui, sa clameur stridente augmente. Quand vient ce roi de la tourmente,
Mouettes, goélands et gris N’ont plus d’élans, n’ont plus de cris. __________________
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| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: Les plus beaux poèmes sur les animaux. Sam 3 Juin - 10:54 | |
| Théophile GAUTIER (1811-1872)
CE QUE DISENT LES HIRONDELLES
Déjà plus d'une feuille sèche Parsème les gazons jaunis ; Soir et matin, la brise est fraîche, Hélas ! les beaux jours sont finis !
On voit s'ouvrir les fleurs que garde Le jardin, pour dernier trésor : Le dahlia met sa cocarde Et le souci sa toque d'or.
La pluie au bassin fait des bulles ; Les hirondelles sur le toit Tiennent des conciliabules : Voici l'hiver, voici le froid !
Elles s'assemblent par centaines, Se concertant pour le départ. L'une dit : " Oh ! que dans Athènes Il fait bon sur le vieux rempart !
" Tous les ans j'y vais et je niche Aux métopes du Parthénon. Mon nid bouche dans la corniche Le trou d'un boulet de canon. "
L'autre : " J'ai ma petite chambre A Smyrne, au plafond d'un café. Les Hadjis comptent leurs grains d'ambre Sur le seuil d'un rayon chauffé.
" J'entre et je sors, accoutumée Aux blondes vapeurs des chibouchs, Et parmi les flots de fumée, Je rase turbans et tarbouchs. "
Celle-ci : " J'habite un triglyphe Au fronton d'un temple, à Balbeck. Je m'y suspends avec ma griffe Sur mes petits au large bec. "
Celle-là : " Voici mon adresse : Rhodes, palais des chevaliers ; Chaque hiver, ma tente s'y dresse Au chapiteau des noirs piliers. "
La cinquième : " Je ferai halte, Car l'âge m'alourdit un peu, Aux blanches terrasses de Malte, Entre l'eau bleue et le ciel bleu. "
La sixième : " Qu'on est à l'aise Au Caire, en haut des minarets ! J'empâte un ornement de glaise, Et mes quartiers d'hiver sont prêts. "
" A la seconde cataracte, Fait la dernière, j'ai mon nid ; J'en ai noté la place exacte, Dans le pschent d'un roi de granit. "
Toutes : " Demain combien de lieues Auront filé sous notre essaim, Plaines brunes, pics blancs, mers bleues Brodant d'écume leur bassin ! "
Avec cris et battements d'ailes, Sur la moulure aux bords étroits, Ainsi jasent les hirondelles, Voyant venir la rouille aux bois.
Je comprends tout ce qu'elles disent, Car le poète est un oiseau ; Mais, captif ses élans se brisent Contre un invisible réseau !
Des ailes ! des ailes ! des ailes ! Comme dans le chant de Ruckert, Pour voler, là-bas avec elles Au soleil d'or, au printemps vert !
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| | | Flamme Admin
Messages : 5250 Date d'inscription : 04/01/2011 Age : 77 Localisation : Près Bordeaux
| Sujet: Re: Les plus beaux poèmes sur les animaux. Dim 4 Juin - 10:07 | |
| Un magnifique poème sur nos oiseaux partant pour passer l'hiver au chaud ! J'aimerai, moi aussi, bien pouvoir les suivre ! Merci André, | |
| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: Les plus beaux poèmes sur les animaux. Mar 6 Juin - 21:09 | |
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| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: Les plus beaux poèmes sur les animaux. Jeu 8 Juin - 12:19 | |
| Louise MICHEL
HIRONDELLE
Hirondelle qui vient de la nue orageuse Hirondelle fidèle, où vas-tu ? dis-le-moi. Quelle brise t’emporte, errante voyageuse ? Écoute, je voudrais m’en aller avec toi,
Bien loin, bien loin d’ici, vers d’immenses rivages, Vers de grands rochers nus, des grèves, des déserts, Dans l’inconnu muet, ou bien vers d’autres âges, Vers les astres errants qui roulent dans les airs.
Ah ! laisse-moi pleurer, pleurer, quand de tes ailes Tu rases l’herbe verte et qu’aux profonds concerts Des forêts et des vents tu réponds des tourelles, Avec ta rauque voix, mon doux oiseau des mers.
Hirondelle aux yeux noirs, hirondelle, je t’aime ! Je ne sais quel écho par toi m’est apporté Des rivages lointains ; pour vivre, loi suprême, Il me faut, comme à toi, l’air et la liberté.
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| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: Les plus beaux poèmes sur les animaux. Ven 9 Juin - 12:12 | |
| Edouard GUINAND
LA CHANSON DES HIRONDELLES. Les hirondelles sont parties ! Hier, lorsque tombait la nuit, Autour de mes chéneaux blotties, Elles se rassemblaient sans bruit. Les hirondelles sont parties ! Elles tenaient un grand conseil : Vers quel point inconnu du monde, Vers quel site chaud et vermeil Irait leur course vagabonde?... Elles tenaient un grand conseil. Elles écoutaient les plus sages Parlant de vallons innommés, De blancs et d'odorants rivages Où leurs vols s'étaient embaumés. Elles écoutaient les plus sages. Toutes répondaient à la fois : « Gagnons l'Afrique aux lauriers roses, Ou la Provence aux rouges toits, Ou l'Espagne aux fenêtres closes. » Toutes répondaient à la fois. Enfin la plus vieille hirondelle, Coutumière des longs parcours, Franchit l'espace d'un coup d'aile Et fît taire les vains discours. C'était la plus vielle hirondelle. A son appel strident et sûr, La troupe s'est toute envolée, Et comme un nuage en l'azur, A fui dans la nuit étoilée, A son appel strident et sûr. Où sont-elles quand l'heure est sombre ? Quand les vents d'hiver embrumés Tiennent nos champs déserts dans l'ombre Et nos tristes logis fermés ?... Où sont-elles quand l'heure est sombre? Elles sont aux pays lointains Pleins de chaleur et de lumière, Suspendant leurs nids incertains A quelque joyeuse chaumière. Elles sont aux pays lointains. Elles sont où la brise est douce, Où, grâce à des climats meilleurs, Les bois verdissent sur la mousse Et les mimosas sont en fleurs : Elles sont où la brise est douce.
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| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: Les plus beaux poèmes sur les animaux. Lun 12 Juin - 12:42 | |
| Alphonse ESQUIROS
LE PEUPLE DES OISEAUX
Le peuple des oiseaux comme celui des hommes A des penchants divers ; Les uns quittent aussi les pays où nous sommes En fuyant les hivers ;
D’autres dans les sillons d’une mer orageuse Aiment à se croiser ; Et le nocher, pliant sa toile voyageuse, Voit leur ombre passer.
Quand la faux a tondu la blonde chevelure De nos champs moissonnés, Plusieurs glanent l’épi qui doit, sous la ramure, Nourrir leurs nouveaux nés.
L’un cherche le grand jour, l’autre fuit la lumière Et veut l’obscurité ; L’un au palais des rois, l’autre sous la chaumière Prend l’hospitalité.
Mais dans ce lieu d’exil pour compagne fidèle, Parmi tous les oiseaux, Mon cœur par sympathie a choisi l’hirondelle Qui vole sur les eaux.
Comme elle nous passons, comme elle dans ce monde Cherchons des cieux meilleurs, Et nous allons tous deux, rasant la mer profonde, Nous reposer ailleurs !
Tu cherches le printemps, hirondelle légère, Et l’homme le bonheur, Tu dois l’aller trouver sur la rive étrangère. Et lui dans le Seigneur.
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| | | Flamme Admin
Messages : 5250 Date d'inscription : 04/01/2011 Age : 77 Localisation : Près Bordeaux
| Sujet: Re: Les plus beaux poèmes sur les animaux. Jeu 15 Juin - 12:16 | |
| Superbe ! Quand je vois que ces tueries continuent de + en + cela m'écoeure, me révulse !!! la joie de ces tortionnaires dans les arènes sur ces pauvres taureaux me révolte ! Je vais le publier dans FB pour constater que ce n'est pas d'aujourd'hui que cela répugne bien des gens et des plus connus ! Merci André de trouver de nos excellents poètes leurs avis et leurs combats pour ces horreurs ! | |
| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: Les plus beaux poèmes sur les animaux. Sam 17 Juin - 19:29 | |
| - Flamme a écrit:
- Superbe ! Quand je vois que ces tueries continuent de + en + cela m'écoeure, me révulse !!! la joie de ces tortionnaires dans les arènes sur ces pauvres taureaux me révolte !
Je vais le publier dans FB pour constater que ce n'est pas d'aujourd'hui que cela répugne bien des gens et des plus connus ! Merci André de trouver de nos excellents poètes leurs avis et leurs combats pour ces horreurs ! Il faut que ce salon consacré aux animaux, ainsi qu'à leur défense, devienne un vrai "bestiaire". Je vais l'étoffer au fil des mois pour que nous nous constituions une sorte d'encyclopédie poétique et didactique, non seulement sur nos amies les bêtes, mais également que ce topic soit un espace dédié à l'éthologie.
Comme tu le dis, c'est la pleine saison des corridas, et je pense que le combat mené par toutes les associations de défense des animaux auront, hélas, beaucoup de mal à les faire interdire, tant dans certains région ce spectacle barbare est une véritable institution qui rapporte gros aux villes organisatrices.
NOS PLUS AFFECTUEUX À VOUS DEUX DE NOUS TROIS !
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