Adieu à la poésie
Mes pleurs sont à moi, nul au monde
Ne les a comptés ni reçus,
Pas un œil étranger qui sonde
Les désespoirs que j’ai conçus
L’être qui souffre est un mystère
Parmi ses frères ici-bas ;
Il faut qu’il aille solitaire
S’asseoir aux portes du trépas.
J’irai seule et brisant ma lyre,
Souffrant mes maux sans les chanter ;
Car je sentirais à les dire
Plus de douleur qu’à les porter
Paris, 1835
Louise Ackermann, Contes et poésies (1863)