Les Mots et les Maux de ma vie
Pour chanter, o douleur!, les maux
de ma vie je ne cherche jamais mes mots,
Ils me viennent en poignants refrains
s’abattant sur mes faibles rameaux
Comme une douce pluie printanière
cédant à l’ondulant rythme du Beau,
Sur le bleu bassin chantant je les recueille
trempés de leur première eau !
Je chante comme le vent mouvant
happant la blanche neige de l’aubépine,
Comme le clair ruisseau éparpillant
sa chanson sur la verte mousseline,
Et quand mon Luth souffre l’éclair
de tes yeux verts o bleue mandoline,
Sa voix gémit tel le frêle loriot
recevant sur le chaud l’aigre épine
En moi les mots s’aiment et s’entrelacent
sur ma basse en tendre harmonie,
Sur le vieux creux de mon Luth
ils s’en viennent souvent tisser leur nid,
Et quand dans mes yeux noirs sombre
le soir et perle la fine pluie,
De mon cœur qui s’écœure jaillit
et m’envahit la triste mélodie.
Ma Musique est l’écho plaintif que frôle
Le récif de mon errante âme,
Blessée à fond par les vagues tréfonds
de l’infidèle et du faux de femme,
Seul plié sur mon esquif je m’en allais
de mer en mer bravant la houle et la lame,
Et dans mon cœur en émoi fleurit et flamboie
l’antique fleur des flammes !
M’écoulant en préludes de fins filets,
j’oublie les philosophies du monde,
Et seule une idée me hante quand je chante
sous l’or tremblant de tes nattes blondes,
Lorsque tous deux harassés d’avoir trop dansé
l’envoûtante et tournoyante ronde,
Mourir ensemble dans le tendre et harmonieux
baiser où nos cœurs en sonate se fondent !
Luthoriental Le : 27/8/2008