Drôle d'affaire pour l'inspecteur 3

Drôle d’affaire pour l’inspecteur 3
L’inspecteur avait la mine des mauvais jours. Non seulement cette pluie interminable l’agaçait, mais ses hommes n’étaient toujours pas arrivés sur le terrain. Il lui semblait que le temps défilait à toute allure et, pourtant, il n’était sur les lieux que depuis un quart d’heure. Il continua de chercher d’autres éléments et attendit : il ne pouvait pas partir tant que le secteur n’était pas interdit au public, ni avant que les affaires personnelles du jeune homme  n’eussent été répertoriées et mises sous scellés.  
Il en était là de ses réflexions et de son travail de recherche quand son portable sonna.  C’était un appel du commissariat. Les parents de Maxence, le jeune garçon,  l’attendaient dans son bureau.
Une voiture de policie arriva enfin, accompagnée du véhicule des gars du labo. Il donna des ordres en conséquence et repartit rapidement à son bureau. Sur le trajet, il réfléchit sur les éléments trouvés. Ce qui l’inquiétait, c’était le portable. Un adolescent ne s’en séparait jamais, quoiqu’il arriva. Même dans le collège où c’était interdit, il le mettait en mode vibreur ou silencieux. Alors pourquoi était-il encore dans la poche du blouson ? Que s’était-il passé dans cet endroit, à priori paisible et sûr ? Se pouvait-il qu’il fût tombé à l’eau et que le fort courant l’eût emporté ? Le Grémillon était un petit cours d’eau mais, avec les gros orages de ces derniers jours, il était en crue et dépassait son niveau habituel. Il avait débordé dans la commune d’Essey-Lès-Nancy le mois dernier et il avait fait d’énormes dégâts surtout matériels, heureusement. Il ne connaissait pas la corpulence du garçon mais, comment était-il arrivé avec tout son barda de pêche : à pieds, en voiture, en vélo, en scooter ? Il n’avait pas vu de traces de pneus mais le sol était si détrempé que ce fut improbable de les apercevoir ; il n’y avait pas de bicyclette ni de scooter non plus ; quant à venir de Nancy à pieds avec tout ce poids, cela aurait été un tour de force et demandé bien du courage, sans compter le retour avec la nasse pleine de poissons ! Etait-il venu tout seul ? Il y avait deux cannes à pêche, peut-être était-il accompagné par un copain ? Il devait éclaircir ce point en priorité avec les parents : c’était déterminant pour son enquête !
Il arriva à destination, monta les escaliers deux par deux, alla dans le vestiaire, se changea rapidement, se recoiffa vite fait avec les doigts et gagna son bureau.
En passant dans le couloir, il vit un jeune couple main dans la main, la mine très pâle, des larmes aux yeux et très fébriles. A n’en pas douter, ce devait être Madame et Monsieur Grailly. Ils étaient très mal à l’aise, vêtus assez modestement. A première vue, ils avaient l’air braves et honnêtes : des Français moyens, quoi ! Travail, famille et morale semblaient leur priorité mais, l’inspecteur ne s’en tint pas à ses impressions ni ses idées premières.  Ses enquêtes précédentes lui avaient appris à ne pas s’en tenir à la physionomie des personnes. Il avait failli faire de grosses erreurs d’appréciation et, il avait suffisamment de recul pour ne pas les réitérer. Il devait s’en tenir aux faits !
Il se présenta, leur serra la main et les fit rentrer dans son bureau. Ils s’assirent sur les chaises ; Ils étaient si nerveux qu’ils se tordaient les mains, ne sachant où les mettre et attendirent que l’inspecteur voulût bien les interroger…
Lucienne le 06.01.2016