Drôle d'affaire pour l'inspecteur 4

Drôle d’affaire pour l’inspecteur 4
Pour détendre l’atmosphère, l’inspecteur leur proposa un café mais ils déclinèrent l’offre.
Il commença alors son interrogatoire habituel : nom, prénoms, adresse, profession, liens avec la personne disparue… Les parents n’eurent pas grand-chose à dire. C’est le papa qui répondit le premier. Il était conducteur de poids lourds et d’engins de chantier. Il aidait à la pose de canalisations et était habitué à porter et manipuler des charges et du matériel. Il travaillait sur un chantier basé à Nancy.
Quant à Madame Grailly, elle était aide à domicile auprès des personnes âgées. Elle s’occupait de l’entretien de la maison et du repassage à raison de vingt  heures par semaine. C’est Monsieur Grailly qui avait emmené son fils sur son lieu de pêche favori.  Il était convenu qu’il le récupérât vers seize heures. Il faut dire qu’il fait très froid quand la nuit tombe et les inondations n’ont pas adouci les températures. Le printemps est tellement tardif, cette année !
« Il pêchait en 2ème catégorie et il avait la carte, Monsieur l’Inspecteur ! La pêche peut s'exercer jusqu'à une demi-heure après le coucher de soleil.  Il s’entraîne pour participer au concours qui aura lieu au mois de septembre. Il est très doué, vous savez et il a la passion. Malheureusement, à la dernière minute, j’ai eu un souci avec la voiture : elle n’a pas voulu démarrer. J’ai appelé mon fils sur son portable pour ne pas qu’il s’inquiète,  lui demandant de m’attendre. Il était content parce que cela lui laissait plus de temps pour pêcher. Et lorsqu’enfin la voiture voulut repartir, il était déjà dix-huit heures. Je l’ai rappelé pour l’en avertir afin qu’il se tînt fin prêt mais il n’a pas décroché. Alors, je me suis rendu là-bas et je ne l’ai pas trouvé  Je l’ai cherché partout, dans les buissons, sur le chemin, dans l’eau, derrière les talus, je l’ai appelé mais pas de Maxence en vue. J’étais paniqué parce que cela ne lui ressemblait pas. D’ordinaire, il est très ponctuel et obéissant. Je n’ai rien à lui reprocher, c’est un garçon épatant.  Il a une scolarité normale, il est en 3ème et il n’a que de bonnes notes avec d’excellentes appréciations des professeurs. Je n’ai rien touché, Monsieur l’Inspecteur,  j’ai tout laissé dans l’état et je suis retourné à la maison avertir ma femme. Nous avons essayé de le joindre sur son portable à nouveau  mais il ne répondait toujours pas. Comme il commençait à faire nuit, ma femme et moi avons  eu peur et nous sommes venus à la gendarmerie pour demander de l’aide. Voilà, je vous ai dit tout ce que je savais, Monsieur l’inspecteur. »
Madame Grailly fut plus laconique. Elle confirma les dires de son mari mais ajouta une petite information intéressante. Maxence avait une petite amie depuis peu, du nom de Cathie Lambert.
« Elle pourra vous en dire plus que nous sur ses fréquentations. Il ne nous parle pas souvent de ses relations, à part ses camarades de collège. C’est un garçon très discret et peu bavard. Monsieur l’inspecteur, retrouvez-le, je vous en supplie, c’est notre seul enfant. » Et elle s’effondra sur la chaise. Le mari lui serra la main mais il était, lui aussi, empli d’émotion : des larmes lui montèrent aux yeux et il détourna la tête, très pudique.
A cet instant précis, le téléphone sonna !
L’inspecteur décrocha le combiné pour mettre son interlocuteur en attente, le temps de congédier le couple Grailly qui était dans un état pitoyable. Il répondit au téléphone et ce n’était pas une bonne nouvelle, loin s’en faut ! C’était  Europol qui l’informait qu’un dangereux pédophile multi récidiviste avait été libéré, suite à une erreur dans la minute du procès. Il était suspecté de se trouver du côté de la frontière allemande et peut-être en Meurthe et Moselle. Des barrages avaient été mis en place, des recherches effectuées, les voitures fouillées  mais nulle trace du prédateur sexuel…

Lucienne le 06.01.2016