Ô juin, mois de l’année où va ma préférence,
Mois des jours les plus longs et des jours les plus beaux,
De l’été qui s’en vient tu chantes l’espérance,
Du printemps qui s’en va tu fleuris le tombeau !
Il y a dans ton air un parfum de vacances ;
Il y a dans ton ciel un goût de volupté,
Dans tes prés reverdis des effluves d’enfance,
Et dans ton vent rieur un souffle de gaieté.
Ô juin, mois du soleil qui règne sans partage,
En seigneur de l’azur qui sur l’infini luit,
J’aime tes chaudes pluies et jusqu’à tes orages,
Pour goûter l’embellie qui tes colères suit !
Ô juin, j’aime ta nuit, car fût-elle si brève,
Elle enfante des jours qui tutoient l’éternel,
Tes précoces matins où la vie et le rêve
Ne font qu’un car le songe augure le réel !
J’aime encor tes midis ruisselants de lumière,
Quand sonne l’Angélus son antienne sans fin,
Que ceux qui croient au ciel entonnent leur prière,
Que ceux qui n’y croient pas assouvissent leur faim.
Ô juin des cris de joie à la fin de l’école,
Des feux de la Saint-Jean qui nos cœurs enflammaient,
Toi qui fus le témoin de ma jeunesse folle,
Juin, je t’aime qui fus le mois où j’ai aimé !