Dernier abri
Dès l'aube réveillés, pour ne rien oublier…
L’heure de les laver, et de les habiller.
Condamnés au passé, devoir le faire revivre,
Dans des journées sans fin, à la nuit qui délivre.
Des années de labeur ont mortifié leurs membres,
On se traîne courbé, où donc est notre chambre ?
Leur regard est si flou, leur parole un refrain,
Toujours les mêmes mots, pour un même chagrin.
Pourquoi se raconter ?, où sont tous les désirs ?
Qui peut s'intéresser à tous leurs souvenirs.
Ce sont des étrangers aux larmes défendues,
Aux tristes mots muets, aux heures suspendues.
Leur sourire est figé, les lèvres en colère.
La solitude est bien, compagne de misère.
Plus aucun mouvement quand vous les abordez,
Le temps traîne son heure, il devient fatigué.
Seul, le profond sommeil permet encore de vivre,
Ne pas les réveiller, c'est les laisser poursuivre
Un rêve inachevé au fil d'un souvenir,
Racontant un passé qui ne veut point finir.
Il est souvent bien dur d'abandonner les siens,
On voit les bons côtés, on garde encore les liens...
Mais le temps d’un instant, le désespoir accable,
Un écho de leur voix, soudain insupportable :
"Il est temps désormais de quitter ta maison,
Écoute ce conseil, tu n'as plus ta raison.
C’est la solution, il faut que tu comprennes,
Nous passerons te voir, d'ici quelques semaines..."
Leurs cris sont égarés sortant du long couloir,
Comment peut-on avoir encore un peu d'espoir ?
Tous les mots répétés, resteront sans réponses,
Quand on vient vous parler, c’est à coups de semonces.
Cette attente devient, un terrible abandon,
La maladie arrive, enfin un horizon,
Sortir de cet endroit, de toutes ces souffrances,
Aller chercher ailleurs, d’éternelles vacances !