Ne jamais oublier...
J'ai visité la mort, en traversant le temps
Et me suis retrouvée dans un terrible camp
Où tant de souvenirs resteront sous la pierre
Trois générations sans aucun cimetière.
J'ai vu l’enfer des lieux, nos frères dans des cages
Debout se soutenant, des hommes de tous âges.
Comment ne pas haïr, revivant ces moments
Ces bourreaux devant soi se gorgeant de leur sang
Pouvoir ouvrir les yeux devant autant d'horreur
De tous ces malheureux, imaginer leur peur.
S’entassent les cheveux, les nombreuses chaussures
Toutes ces lunettes n'ayant plus belles allures.
Les boites en quinconce au gaz donnant la mort
Pour étouffer leur cri, et vivre sans remord
J’ai vu les trous béants au-dessus de leurs têtes
La peur de respirer, traiter comme les bêtes
Le four resté noirci crépite à mon oreille
Tous ces corps engourdis, la vie encore en veille
Au grand trou de la mort, ces squelettes jetés
Seront sur des photos, des trophées répétés.
Sur des planches dormir et toujours en souffrance
De soupe se nourrir au pain trop souvent rance
Pour un travail forcé, ne sachant jamais rien
Et redouter d’avoir à enterrer les siens !