DEPUIS l’aube des premiers temps,
Le doux souci de nos ancêtres
Etait le retour du printemps,
Et son espoir de reconnaître
Le bon lit d’herbe où, l’an passé,
Le désir l’avait tracassé.
Ses espérances les plus vives
Augmentaient dans la volupté.
Il verra, pour être accepté,
Que les amours sont primitives.
C’est près du fleuve que, le soir,
Un jeune pâtre et ses bergères
Viennent sous les arbres s’asseoir.
Vigoureux bras, cuisses légères
Se mêlent en élans fougueux.
Les villageois disent : « les gueux
Pourraient aller sur d’autres rives ;
Quel exemple pour nos enfants ».
Ils ignorent, ces triomphants,
Que les amours sont primitives.
La bonne sœur, dans le couvent,
Prie à s’en faire éclater l’âme.
Elle écoute parfois le vent
Ranimer la lointaine flamme
Qu’inspirait son beau chevalier.
Il voulut être cordelier
Et psalmodiait sous les ogives,
Délaissant l’ingénue, hélas !
Elle chante au fardeau d’Atlas
Que les amours sont primitives.
ENVOI
Dames, prenez ce compliment
Et gardez vos âmes naïves :
Je sais, par mon comportement,
Que les amours sont primitives.