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| La Bretagne vue par les poètes | |
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André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: La Bretagne vue par les poètes Mar 5 Juil - 19:01 | |
| LA BRETAGNE VUE PAR LES POÈTES
(COMPILATION) "Bretagne est univers". cette phrase de Saint-Pol ROUX est bien agréable à nos oreilles, mais il faut l'entendre avec modestie. Oui, la Bretagne permet de passer, comme on passe d'île en île dans le golfe du Morbihan, d'un état de ferveur à un état de grâce. Elle favorise tous les passages vers l'Imaginaire. Le patrimoine littéraire breton est assez méconnu. On peut pourtant tout exprimer en breton et des grands noms l'ont fait. La Bretagne a aussi accueilli de très grands écrivains de langue française, le temps d'un livre, d'un poème. C'est d'abord un patrimoine culturel où s’incarnent les pensées, les points de vue, les talents et les partis pris des auteurs, eux-mêmes immergés dans leur temps. C’est une nécessité de replacer ces écrivains dans leur époque dont ils partagent les obsessions, les idéaux voire les égarements. A côté des plus grands (Anatole Le BRAZ, Charles Le GOFFIC), on voit des "écoles" regroupant des auteurs plus ou moins connus. Ce qui frappe tout d’abord, quand on étudie par exemple la poésie bretonne du XVIIe siècle, c’est le prolongement de l’école du XVIe, et ce qu’on pourrait appeler la fidélité à RONSARD. La Bretagne, affirmant une fois de plus sa ténacité proverbiale, donne un dernier asile à la "Pléiade proscrite", battue en brèche de tous côtés, et, jusqu’en 1625, en plein triomphe et trois ans avant la mort de MALHERBE, le "ronsardisme" y fleurit à l’aise. François AUFFRAY tente maladroitement de transporter dans le drame les complications mythologiques, la métaphysique abstraite de la Franciade, mais il épure sa forme et trouve sa vraie voie dans ses Hymnes et Cantiques, éloquents à la façon des "Discours" sur les misères de ce temps. Nicolas DADIER jonche de fleurs parfumées, prises au bouquet de Rémi BELLEAU, le sanctuaire de sa Parthenice Mariane ; le dernier des élèves de RONSARD, en la personne de Du BARTAS, trouve un fervent adepte dans Alexandre de RIVIERE, poète baroque par excellence. Cependant la Bretagne, pour rétive qu’elle soit aux nouveautés, laisse pénétrer la réforme de MALHERBE, car elle accepte le joug de BOILEAU. Elle fait sa paix avec la poésie régulière et mesurée. Le poète qui scelle cet accord est resté le plus connu de cette période : c’est René Le PAYS ((1634-1690) ; il y a plus et mieux en lui qu’un Vincent VOITURE de province ; le bon sens narquois, l'enjouement piquant se font jour presque à chaque page de ses trois volumes, et ont à leur service une langue pleine de souplesse et de verdeur. A côté de Le PAYS, le Croisicais René GEN TILHOMME, sieur de LESPINE, s’essaie agréablement dans la poésie de cour, et le sémillant marquis de MONTPLAISIR nous laisse entrevoir ses jolis vers pour nous faire regretter qu’il se soit jugé trop grand seigneur pour les publier lui-même. On était encore sous LOUIS XIII et RICHELIEU, quand un poème, où la louange était trop vraiment nationale pour paraître excessive, et s’exprimait dans un style ferme et élevé, méritait de faire vivre le nom de Du BOIS-HUS. Les femmes - cette galanterie est un simple hommage à la vérité - tiennent un rang fort honorable sur le Parnasse breton du XVIIe siècle. La noble voix qui s’élève, qui célèbre en accents plaintifs la mort de HENRI IV, est celle de la princesse Anne de ROHAN. Elle lisait couramment le latin, le grec, et l'hébreu. Catherine DESCARTES, quant à elle, dédia son œuvre poétique à la mémoire de son oncle, ce qui lui vaut d'attirer les bonnes grâces d'autres femmes de lettres de l'époque telles que Madame de SÉVIGNÉ, Anne de La VIGNE et Madeleine de SCUDERY. Elle collabora au Parnasse des dames. Elle est morte célibataire à Rennes en 1706. Henriette de CASTELNEAU, comtesse de MURAT, croise les élégances parisiennes sur le costume breton dont sa personne et ses écrits aiment à se parer. Julienne CUQUEMELLE a été appelée la "Cynthie des Bretons" ; il semble que sa piété et sa modestie l’aient seules empêchée de devenir l’égale d’Anne de SCHURMANN ou d’Olympia MORATA. Plus près de nous, il convient de citer François De CHATEAUBRIAND, Tristan CORBIÈRE, Théophile BRIANT et Alfred JARRY, pour ne citer que les plus connus. Anne DE ROHAN (1584-1646)
Je ne repose nuit ny jour Je me brusle, je meurs d'amour, Tout me nuit, personne ne m'aide, Ce mal m'oste le jugement, Et plus je cherche de remède Moins je trouve d'allégement : Je suis désespérée, j'enrage ; Qui me veult consoler m'outrage; Si je pense à ma guérison, Je frémis en ceste espérance ; Je me fâche en ma prison El me plains de ma délivrance. __________________
BOTREL (1868-1925)
Salut à toi, Bretagne, ô pays que saint Yves, Saint Corentin, saint Pol et Sainte Anne on Béni ! O pays des chansons et des âmes naïves! O pays des clochers et des fronts de granit !
Salut à toi, Bretagne, ô pays des calvaires ! O pays des Pardons mystiques et joyeux, Des durs ajoncs masquant les douées primevères, Et des sourcils froncés sur la douceur des yeux!
Salut à toi, pays des menhirs gigantesques, Des vieux druides levant vers Dieu leur front chenu, Des lourds dolmens, couchés par des mains titanesques, Comme des sphynx muets au seuil de l'Inconnu !
Salut à toi, pays des candides prières, Ou l'ajonc desséché que l'on brûle, le soir, Fumant droit vers le .ciel, au-dessus des chaumières, Semble le pur encens d'un immense encensoir !
Salut à toi, pays des fontaines sacrées Dont, seul, un vrai Breton comprend le double babil, Dont les tendres chansons à peine murmurées Nous hantent toujours sur les routes de l'exil !
Salut à toi, pays taillé comme un navire, Dont Rennes est l'arrière et dont Brest est l'avant, Vaisseau toujours battu qui jamais ne chavire, Et que ne font trembler la houle ni le vent !
Salut à toi, pays des fines coiffes blanches, Des femmes au front pur, au cœur fier, à l'œil bleu, Dont le torse impeccable ondule sur les hanches, Tel un bateau qui tangue et roule un tant soit peu !
Salut à toi, pays des rivières charmantes : Isole, Iroise, Elle, Scorf au nom si câlin, Odet capricieux, Vilaine aux eaux dormantes, Rance dont on baigna le front de Du Guesclin !
0 pays des marins aux robustes épaules, Laboureurs de la mer aux labours incessants, Dont les socs éventreùrs ont, entre les deux pôles, Creusé tous les sillons de tous les Océans !
Salut à toi, salut, terre sainte chérie ! A ton seul nom, je pleure et ris comme un dément! Nul pays n'est aimé comme toi, ma Patrie ! . Nulle mère adorée autant que toi... Maman! ___________________
Sophie HUE (?-1893)
Viens, ma Bretagne chérie, Viens te mirer dans mes vers, Avec ta lande fleurie, Tes grands sapins toujours verts ;
Tes bruyères, tes silènes, La neige de tes blés noirs, L'été blanchissant tes plaines, Autour de tes vieux manoirs ;
Tes belles filles accortes, Cœurs chastes, fronts rougissants, Debout sur le seuil des portes, Disant bonjour aux passants ;
Tes gars têtus et robustes, Que Paris n'attire pas, Laboureurs aux larges bustes, Gais marins, vaillants soldats ;
Tes vieillards, la foi dans l'âme, Tes matrones d'autrefois, Qui sur le pain qu'on entame Font le signe de la croix.
Donne, ma Bretagne antique, A ces vers de toi remplis Le charme mélancolique De tes doux horizons gris,
De tes grèves aux joncs rosés, Où le vent du gouffre amer Vient murmurer tant de choses Dans les rumeurs de la mer.
Mêlés de rayons et d'ombres, Qu'ils gardent dans leur essor La fraîcheur de tes bois sombres, Les parfums de tes fleurs d'or.
Donne-leur la grâce fière Qu'imprimèrent les aïeux A la dentelle de pierre De tes clochers merveilleux.
Sache que pour toi je prie, Que, sans regret ni désir, Je t'aurais pour ma patrie Choisie, en pouvant choisir.
Par Dieu bientôt réclamée, Je mets mon espoir en toi, Et pour t'avoir tant aimée, O ma Bretagne, aime-moi.
Je ne cherche pas la gloire Des poètes en renom, Mais un coin dans ta mémoire, Où demeure écrit mon nom. __________________
François-René de CHATEAUBRIAND
ROMANCE
Combien j’ai douce souvenance Du joli lieu de ma naissance ! Ma sœur, qu’ils étaient beaux les jours De France ! O mon pays, sois mes amours Toujours !
Te souvient-il que notre mère, Au foyer de notre chaumière, Nous pressait sur son coeur joyeux, Ma chère ? Et nous baisions ses blancs cheveux Tous deux.
Ma sœur, te souvient-il encore Du château que baignait la Dore ; Et de cette tant vieille tour Du Maure, Où l’airain sonnait le retour Du jour ?
Te souvient-il du lac tranquille Qu’effleurait l’hirondelle agile, Du vent qui courbait le roseau Mobile, Et du soleil couchant sur l’eau, Si beau ?
Oh ! qui me rendra mon Hélène, Et ma montagne et le grand chêne ? Leur souvenir fait tous les jours Ma peine : Mon pays sera mes amours Toujours ! __________________
À SUIVRE... | |
| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: La Bretagne vue par les poètes Mer 6 Juil - 8:00 | |
| LA BRETAGNE VUE PAR LES POÈTES
(COMPILATION) José-Maria de HEREDIA (1842-1905)
BRETAGNE
Pour que le sang joyeux dompte l'esprit morose, Il faut, tout parfumé du sel des goëmons, Que le souffle atlantique emplisse tes poumons ; Arvor t'offre ses caps que la mer blanche arrose.
L'ajonc fleurit et la bruyère est déjà rose. La terre des vieux clans, des nains et des démons, Ami, te garde encor, sur le granit des monts, L'homme immobile auprès de l'immuable chose.
Viens. Partout tu verras, par les landes d'Arèz, Monter vers le ciel morne, infrangible cyprès, Le menhir sous lequel gît la cendre du Brave ;
Et l'Océan, qui roule en un lit d'algues d'or Is la voluptueuse et la grande Occismor, Bercera ton cour triste à son murmure grave. ___________________
José Maria de HEREDIA
LE COUCHER DE SOLEIL
Un coucher de soleil sur la côte bretonne Les ajoncs éclatants, parure du granit, Dorent l'âpre sommet que le couchant allume. Au loin, brillante encore par sa barre d'écume, La mer sans fin, commence où la terre finit !
A mes pieds, c'est la nuit, le silence. Le nid Se tait. L'homme est rentré sous le chaume qui fume ; Seul l'Angélus du soir, ébranlé dans la brume, A la vaste rumeur de l'Océan s'unit.
Alors, comme du fond d'un abîme, des traînes, Des landes, des ravins, montent des voix lointaines De pâtres attardés ramenant le bétail.
L'horizon tout entier s'enveloppe dans l'ombre, Et le soleil mourant, sur un ciel riche et sombre, Ferme les branches d'or de son rouge éventail. __________________
Sully PRUDHOMME
À DOUARNENEZ EN BRETAGNE
On respire du sel dans l'air, Et la plantureuse campagne Trempe sa robe dans la mer, À Douarnenez en Bretagne.
À Douarnenez en Bretagne, Les enfants rôdent par troupeaux ; Ils ont les pieds fins, les yeux beaux, Et sainte Anne les accompagne.
Les vareuses sont en haillons, Mais le flux roule sa montagne En y berçant des papillons, À Douarnenez en Bretagne.
À Douarnenez en Bretagne, Quand les pêcheurs vont de l'avant, Les voiles brunes fuient au vent Comme hirondelles en campagne.
Les aïeux n'y sont point trahis ; Le coeur des filles ne se gagne Que dans la langue du pays, À Douarnenez en Bretagne. ___________________ Charles Le GOFFIC fut enseignant à Évreux, Nevers et au Havre. En 1886, il fonde avec Maurice BARRÈS et Raymond de La TAIHEDE la revue littéraire Les "Chroniques". Proche de Charles MAURRAS, il collabore à la Revue "d'Action française" (1899), qui deviendra "L'Action française" (quotidien) (1908), ainsi qu'à "La Revue critique des idées et des livres". Bien que républicain convaincu, son régionalisme militant et ses idéaux traditionalistes lui font appuyer le projet maurrassien de restauration monarchique comme en témoigne sa lettre publiée dans "L'Enquête sur la monarchie" (1900) du chef de file de "l'Action française".
Il prend la vice-présidence de l'Union régionaliste bretonne, créée en 1898, et lui sert de relais parisien en suscitant la parution d'articles dans la presse.
Parlant parfaitement le breton, il ne voulait pas l'utiliser à l'écrit de peur "de se montrer inférieur à sa réputation".
Il est barde d'honneur de la "Gorsedd de Bretagne" sous le nom d'Eostik ar GARANTE (Le Rossignol de l'Amour).
Le GOFFIC est élu membre de l'Académie française en 1930 au 12e fauteuil. Il publia plusieurs recueils de poésie et des romans, parmi lesquels on peut citer, notamment : "Amour breton", "Morgane", "Passions celtes", "Ventôse", "Le Pirate de l’île Lern", "L’Abbesse de Guérande", "L’Illustre Bobinet", "Madame Ruguellon", "La Tour d’Auvergne", "Les Amours de la Tour d’Auvergne", "Les Contes de l’Armor et de l’Argoat", "Quelques ombres", "Brocéliande".
Amoureux de sa Bretagne natale, Charles Le GOFFIC la célébra à travers toute son œuvre.Charles Le GOFFIC (1863-1932)
PRINTEMPS DE BRETAGNE
Une aube de douceur s'éveille sur la lande : Le printemps de Bretagne a fleuri les talus. Les cloches de Ker-Is l'ont dit jusqu'en Islande Aux pâles « En-Allés » qui ne reviendront plus.
Nous aussi qui vivons et qui mourrons loin d'elle, Loin de la douce fée aux cheveux de genêt, Que notre cœur au moins lui demeure fidèle : Renaissons avec elle à l'heure où tout renaît.
Ô printemps de Bretagne, enchantement du monde ! Sourire virginal de la terre et des eaux ! C'est comme un miel épars dans la lumière blonde : Viviane éveillée a repris ses fuseaux.
File, file l'argent des aubes aprilines ! File pour les landiers ta quenouille d'or fin ! De tes rubis. Charmeuse, habille les collines ; Ne fais qu'une émeraude avec la mer sans fin.
C'est assez qu'un reflet pris à tes doigts de flamme, Une lueur ravie à ton ciel enchanté, Descende jusqu'à nous pour rattacher notre âme A l'âme du pays qu'a fleuri ta beauté ! ___________________ À SUIVRE... | |
| | | André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: Re: La Bretagne vue par les poètes Jeu 7 Juil - 8:14 | |
| LA BRETAGNE VUE PAR LES POÈTES
(COMPILATION) Jean-Baptiste-Théodore-Marie BOTREL, né le 14 septembre 1868 à Dinan, mort le 26 juillet 1925 à Pont-Aven en Bretagne où il est inhumé, est un auteur-compositeur-interprète français. Il est l'auteur de "La Paimpolaise" et de plus de 800 poèmes et chansons. Son goût pour la poésie et son désir d’apprendre l’ont amené jusqu’au théâtre. Il n’eut de cesse de poursuivre ses tournées tant en France qu’à l’étranger, au service de la charité et de la philanthropie.
Couronné 3 fois par l’Académie Française, le barde breton fut l’ambassadeur de la Bretagne à New York dès 1903 puis au Canada, en Suisse en 1906 et en Belgique.
Il vécut à Saint-Méen-le-Grand au Parson, chez sa grand-mère Fanchon jusqu'à l'âge de sept ans, puis rejoignit à Paris ses parents partis quelque temps auparavant pour tenter d'y faire fortune. Originaire de Haute-Bretagne (la partie de la Bretagne où l'on parle le gallo, une langue romane), il n'apprit le breton (parlé en Basse-Bretagne) que sur le tard, et la quasi-totalité de son œuvre est en français.
En 1905, Théodore BOTREL eut la poétique idée de fonder en Bretagne une série de « pardons fleuris » pour exalter les traditions bretonnes. Il plaça son rêve sous le patronage de Frédéric MISTRAL, le père de "Mireille" .
BOTREL
S'il veut renaître en une crèche, Dans un petit nid d'herbe fraîche, Près d'un bœuf au pelage roux, Nous lui trouverons cette crèche Chez nous. S'il veut une Cour bien rustique, Au cœur tendre, à l'âme mystique, De bergers sonneurs de binious, II aura sa Cour bien rustique Chez nous. S'il veut de calmes paysages : Vallons ombreux et verts pacages, Fleuris de genêts et de houx, II est de calmes paysages Chez nous. S'il veut des simples pour apôtres; Choisis, comme il choisit les autres, Chez les pêcheurs graves et doux, Jésus trouvera ses Apôtres Chez nous. S'il veut d'autres Samaritaines A l'écouter près des fontaines, Ou sous les pommiers, à genoux, II aura des Samaritaines Chez nous. Mais s'il lui faut un nouveau traître, Un Judas pour livrer son Maître, Qu'il renaisse ailleurs, voyez-vous : II ne trouverait pas un traître Chez nous. ___________________
Julien Pélage Auguste BRIZEUX, poète romantique breton, est né le 12 septembre 1803 à Lorient (Morbihan) et est mort le 3 mai 1858 à Montpellier (Hérault).
En 1831, son premier recueil Marie, d'abord publié comme « roman » et sans nom d'auteur, rencontre immédiatement un vif succès. Alfred de VIGNY et SAINTE-BEUVE en vanteront les mérites. En réalité, ce poème narratif est inspiré par les souvenirs de son enfance et ses premières amours dans la campagne bretonne. Le demi-frère du poète, ainsi qu'Auguste BARBIER reconnaîtront aisément la jeune et réelle Marie Renée Pellan d'ARZANÔ, muse du poète, qui finira par se marier avec un cultivateur ; La tombe de cette BEATRIX bretonne est encore visible près de l'église de Guilligomarc'h. Cependant, Marie est aussi une allégorie de la Bretagne natale à laquelle l'homme et le poète resteront à jamais attachés malgré l'éloignement. Quelques semaines après la parution de son recueil, BRIZEUX part pour l'Italie en compagnie d'Auguste BARBIER, qui vient lui aussi de rencontrer un certain succès avec la publication de ses "Iambes".
En 1834, BRIZEUX, fort de sa gloire, est nommé à l'Athénée de Marseille, en remplacement de Jean-Jacques AMPERE (1800-1864), historien, écrivain et voyageur français qui l'a désigné pour lui succéder. Après plusieurs voyages, dont l'un en Italie en 1847-1848, BRIZEUX meurt à Montpellier, emporté par la tuberculose, chez son ami Saint-René TAILLANDIER.
BRIZEUX occupera parmi les poètes du XIXe siècle une place plus haute que celle qu'il a tenu pendant sa vie. Il en est de plus grands sans doute, mais il n'est le disciple d'aucun d'eux, il ne doit rien, ni à LAMARTINE, ni à HUGO, ni à MUSSET ; il a su garder intacte son originalité. Parce que la Bretagne est immortelle, BRIZEUX restera son grand poète national. Mais ce n'est pas assez dire. Il a enrichi la littérature française d'une branche nouvelle : la poésie intime, familière, basée sur l'amour du sol natal, du foyer domestique, et dans ce genre qu'il a créé, où la foule des rimeurs le suit aujourd'hui, il est demeuré le maître. Il appartient à la France entière, à tous les cœurs épris du bien et du beau, à tous ceux qui savent goûter la délicatesse des sentiments, l'élévation de la pensée, le charme et la mélodie du langage
Auguste BRIZEUX
LE PAYS
0h! ne quittez jamais, c'est moi qui vous le dis, Le devant de la porte où l'on jouait jadis, L'église où, tout enfant, et d'une voix légère, Vous chantiez à la messe auprès de votre mère ; Et la petite école où, traînant chaque pas, Vous alliez le matin, oh ! ne la quittez pas ! Car une fois perdu parmi ces capitales, Ces immenses Paris, aux tourmentes fatales, Repos, fraîche gaîté, tout s'y vient engloutir, Et vous les maudissez sans pouvoir en sortie Croyez qu'il sera doux de voir un jour peut-être Vos fils étudier sous votre bon vieux maître, Dans l'église avec vous chanter au même banc, Et louer à la porte où l'on jouait enfant. ___________________
Auguste BRIZEUX
0h! ne quittez jamais, c'est moi qui vous le dis, Le devant de la porte où l'on jouait jadis, L'église où, tout enfant, et d'une voix légère, Vous chantiez à la messe auprès de votre mère ;
Et la petite école où, traînant chaque pas, Vous alliez le matin, oh ! ne la quittez pas ! Car une fois perdu parmi ces capitales, Ces immenses Paris, aux tourmentes fatales,
Repos, fraîche gaîté, tout s'y vient engloutir, Et vous les maudissez sans pouvoir en sortie Croyez qu'il sera doux de voir un jour peut-être Vos fils étudier sous votre bon vieux maître, Dans l'église avec vous chanter au même banc, Et louer à la porte où l'on jouait enfant. ___________________
Jean-Luc AOTRET (Autret pour l'état civil), est né à Bourges le 8 novembre 1956.
Poète contemporain d'origine bretonne, il est également d’ascendance italienne par sa grand-mère paternelle. Issu d’une formation technologique, il est un des agents du ministère de la Santé chargés du contrôle de l’eau de consommation.
Féru de symbolisme et de mythologie, il arpente les sites archéologiques en quête d’imaginaire. Voyageur, dès sa plus tendre enfance, il continue de sillonner la France et l’Europe sur les pas des artistes qui l’inspirent. Passionné de Moyen Âge, il s’attache plus particulièrement à l’histoire et à la culture du XVe siècle où il s’alimente à la source des grands rhétoriqueurs.
L’HIVER J’ERRE
Je suis un enfant de l’hiver que vent mauvais jamais n’atteint mais qui sur les cendres d’hier souffle déjà tôt le matin
bravant le temps qui me veut taire et ces esprits par trop chagrins je suis un enfant de l’hiver que vent mauvais jamais n’atteint
mon seul désir en bandoulière je continue sur ce chemin voulant croire que sur la terre il est toujours un lendemain je suis un enfant de l’hiver que vent mauvais jamais n’atteint __________________ Quelques poètes célèbres ayant laissé dans leurs œuvres des morceaux choisis sur la région bretonne :
François-René de CHATEAUBRIAND
Tristan CORBIÈRE
Théophile BRIANT
Alfred JARRY __________________
FIN
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| | | fripou Admin
Messages : 3365 Date d'inscription : 17/10/2010 Age : 60 Localisation : Gironde
| Sujet: Re: La Bretagne vue par les poètes Mer 20 Juil - 9:39 | |
| Je t'incite à découvrir une bretonne d'exception que rien ne prédestinait à écrire des poèmes Anjela DUVAL... Il est juste dommage de ne pas savoir maîtriser le breton pour savourer son talent dans sa langue originelle. Clichés Lenaïg aux cheveux couleur de lune Aux yeux profonds qui interrogent… Pourquoi est-ce qu’on ne lui apprend pas la langue de Francis Le vieux journalier qui ne parle que breton ? Virgile ! Virgile ! Si j’avais été Virgile ! Je me serais fait apporter une poignée De cette terre vivante qu’ils charroient Pour combler les creux humides. Et que je vois tous les jours depuis mon lit Ah, respirer par les narines Le parfum de la terre vivante ! Quatre-vingt-dix ans aujourd’hui À cette heure les cloches de Tonquédec célébraient La messe de mariage de mon père et de ma mère Comment était le temps. Comment étaient les gens J’invente les images de 1891. Les bois de Trorozeg S’agrippent à la montagne Plongée dans la brume Pas une feuille pas une herbe ne bouge Fantômes blancs sous les parapluies Multicolores comme des fleurs énormes qui marchent. Sur la petite table un sac de papier brun Froissé et défroissé, à l’intérieur un trésor Plus précieux que s’il était d’or et d’argent : Quatre poires de Traoñ-an-Dour. 13 et 14 octobre 1981. Poèmes de nuit, poèmes de jour Si j’écris à l’ombre de ma lampe Des vers maladroits et creux Avec ce petit outil mal assuré dans ma main lasse Si j’écris le soir au dos d’enveloppes Des poèmes humbles : camelote Où l’on ne trouve que des fleurs sauvages… Et quelques miettes d’amour. Car tout cela je le fais pour ceux que j’aime. Mais j’écris, moi, d’autres poèmes Et ce n’est pas à l’ombre de ma lampe Mais à la lumière du soleil Ce n’est pas au dos d’enveloppes Mais sur la poitrine nue de Celui que j’aime Sur la peau nue du Pays que j’aime Ce n’est pas avec un outil que j’écris Mais avec des instruments d’acier. Je ne parle pas de lance ou d’épée Mes instruments sont de paix et de culture. Je n’écris pas des vers de douze pieds En comptant sur mes doigts Mais de douze fois douze enjambées… et plus. Mes vers, je les écris avec l’acier tranchant de ma faux Andain après andain dans les cheveux blonds de mon Pays Le soleil en fait des poèmes aromatiques Que mes vaches ruminent pendant les nuits d’hiver Mes vers je les écris avec le soc de la charrue Dans la chair vivante de ma Bretagne, sillon après sillon — J’y dissimule des graines d’or — Le Printemps en fera des poèmes : Mers d’émeraude ondulant dans la brise L’été en fera des étangs d’épis Le vent d’août les mettra en musique Et le chœur de la batteuse me chantera Les journées ardentes du huitième mois Les journées de peine de poussière de sueur. Mes Poèmes sacrés et… méprisés ! Janvier 1966 Une petite fleur d’ajonc parlait — Tu étais pressée de me cueillir, hein ? Et tu t’es piquée le doigt à mes épines ! Un petit peu de rouge a coulé Sur mon habit doré Et tu t’es dit : voilà qui est bien ! Et tu m’as enfermée dans ta lettre… Si tu avais fait un petit trou dans l’enveloppe J’aurais pu voir pendant le voyage. Les royaumes celtiques d’outre-mer Et j’aurais salué Le chardon d’Écosse Avec ses bruyères roses Le trèfle d’Irlande et mes sœurs jaunes M’auraient répondu à coups de parfum Que j’aurais emporté là-bas Chez les Celtes en Exil Au bout du Monde : — En toi se mêlent tous les parfums de la Celtie Ton cœur de miel doux dans l’âpreté des épines. 30 janvier 1971 | |
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