Le premier jour de l'Éden
Regarde ! dans les cieux que sa lumière inonde
Le soleil rayonnant sur notre jeune monde
Pénètre au loin les airs de son regard de feu,
Comme un vivant reflet de la splendeur de Dieu.
Tout s'anime ; chaque être a frémi d'allégresse
Et boit, en respirant, la vie avec ivresse.
Sur nos fronts, au-dessus de l'air calme et profond,
Comme un fleuve muet, immobile et sans fond,
Le ciel de tous côtés enveloppant la terre
Partout pour horizon lui donne le mystère.
Sur sa courbe infinie et d'un bleu transparent
L'arbre détache en vert son feuillage odorant,
Et plongeant dans le sol ses pieds couverts de mousse
Fait flotter sur la terre une ombre fraîche et douce.
La brise en murmurant passe et courbe les fleurs.
Tout est plein de rayons, de parfums, de couleurs,
Et le fleuve sacré dont les eaux fugitives
Viennent en frissonnant baiser l'herbe des rives
Roule, et dans son flot clair, frais et silencieux
Reflète le soleil, les grands bois et les cieux5.