L'inspecteur part en chasse 4

L’inspecteur part en chasse 4,
En attendant ses hommes et pour ne pas perdre de temps, l’inspecteur s’intéressa du plus près à son deuxième suspect. Son nom était Luc Chatier, âgé de 25 ans environ, de type Caucasien, mesurait 1m90 pour 85 kg, cheveux blonds, signe particulier yeux vairons. Celui -là était multi récidiviste et possédait un énorme dossier judiciaire. En fouillant dans les archives du FAED, il trouva ce qu’il cherchait. C’était un ancien éducateur spécialisé. Son rôle était d’aider les enfants et les adolescents en difficulté à retrouver leur autonomie pour mieux s’insérer dans la société. Il fut mis en examen en août 2010 puis incarcéré après dix plaintes de fillettes âgées de 7 et 8 ans qu’il encadrait dans un centre de loisirs. Les faits, avérés après enquête, avaient eu lieu en début d’année, lors de deux sorties, l’une dans un jardin botanique et l’autre dans un parc animalier.
Dès la première plainte, le parquet de Meurthe-et-Moselle avait confié l’enquête à la Brigade de protection des mineurs. Le jeune homme, alors âgé de 22 ans fut intercepté à son domicile puis déféré devant un magistrat instructeur pour répondre des faits graves reprochés : agressions sexuelles sur des mineurs de moins de 15 ans. Il fut également placé sous le statut de témoin assisté pour viol aggravé sur six petites filles, selon la source judiciaire. Il s'agit d'un statut intermédiaire entre celui de témoin simple et de mis en examen. En garde-à-vue, le suspect avait nié les faits en bloc. Une enquête avait été ouverte pour déterminer si d’autres enfants avait été victimes ou non.
Le jeune homme était alors inconnu des services de police et de justice. Il avait été placé en détention provisoire avec obligation de suivi et de soins et n’avait plus le droit d’être en contact avec les enfants. Mais le manque de place en psychiatrie publique, la réticence des soignants à prendre en charge une population à hauts risques de récidives et les échecs dans des soins qui requerraient l'entière participation des intéressés faisaient que quelques-uns d'entre eux replongeaient dans leurs pulsions. Et c’était le cas pour ce pédophile en mal d’enfants. Il se promenait en ville en toute impunité et sans surveillance rapprochée jusqu’à ce que son passé de pédophile le rattrape et qu’il récidive sur une jeune fille de 14 ans, à la sortie de son collège. Elle était seule et il faisait déjà nuit lorsque l’individu s’est jeté sur elle, l’avait violentée et s’était enfui en courant dans la rue piétonne. Heureusement, quelques passants ont réagi en signalant le fait divers à la police et son signalement qui correspondait de très près à Luc Chatier. Ils ont secouru la jeune adolescente et l’ont raccompagnée chez elle : c’est ainsi que les parents sont venus porter plainte pour agression sexuelle et violences avérées sur mineure. La jeune fille quant à elle dut être hospitalisée. Etant donné qu’elle était une personne vulnérable, le médecin signala les faits au procureur de la République. Par les faits graves constatés, il était délié de tout secret professionnel. Il s’avéra nécessaire d’orienter la victime vers une structure spécialisée pour une prise en charge plus adaptée et optimale.
L’inspecteur n’en finissait pas de compulser le dossier et il était sidéré. Comment se faisait-il que cet individu ne fut pas mis sous surveillance et dans l’obligation de soins ? Pour quelle raison ne portait-il pas un bracelet électronique pour pouvoir le localiser plus rapidement ? Il s’agissait d’un bracelet fixe, en relation avec une borne installée au domicile, permettant de vérifier que le pédophile respectait bien les horaires assignés par la justice : c’était un super contrôle judiciaire dans le but de désengorger les prisons et pour prévenir les récidives ou tout au moins retrouver ces agresseurs sexuels.
L’inspecteur comprenait mieux, après toutes ces informations mises à sa disposition, le sentiment d’horreur et la vindicte populaire. La violence sexuelle détenait à présent, et pour longtemps peut-être, le triste privilège d’être considérée comme la violence ultime. Et même en prison, les abuseurs sexuels étaient décrétés persona non grata…
Lucienne le 18.02.2016