Petite Anne...

C'est au beau mois de juin, que tu ouvris les yeux,
En cette année vingt-neuf, tout allait pour le mieux,
Tu étais le bleuet, qui égaie les grands blés,
Tes parents et Margot, ravis, étaient comblés.

Tu grandis dans la joie, mais le vent froid souffla,
Le claquement d'un fouet, perfide, s'approcha.
La fuite commençait , la valise était prête.
Et c'est en trente-trois, que commença la quête.

Alors aux Pays-bas, tu fleuris sans encombres
Mais la botte arriva, les jours devenaient sombres.
L école tu quittas, l'étoile tu portas.
Et les non-dits pour toi sonnaient comme le glas.

Juillet quarante deux, la porte s'est fermée
Le soleil s'est couché, l'espérance entamée
Sur ton petit cahier, couvert de rouge et blanc
Tu posais la question, qui écorche les flancs,

Pourquoi sommes-nous là vivant telles des ombres,
Le parfum du lilas se meurt sous les décombres,
Mes rêves sont partis vers un monde inconnu,
Je vois un train d'humains, aux âmes presque nues.

Ma robe en broderie, celle, que j'aimais tant,
Est partie en fumée comme le beau de printemps,
Lors avec mon crayon je partage ma peine,
Pourquoi ? qu'avons-nous fait pour subir tant de haine.

Entends-tu la mésange à travers le wagon,
Elle est libre, elle au moins... Margot ma sœur tiens bon,
Je vois comme un château avec des miradors,
Je ne sens plus ta main, moi aussi je m'endors.