LA DAME AUX CHEVEUX BLANCS PARLAIT SEULE......

Et ELLE attendait, là, au bout de ces années.
A quatre-vingt-dix ans, ON est un peu fanée.
Pire reste l'attente, pire est d'être isolée.
Seule, à toutes ces heures, et ces longues journées.

Nettoyer ce carreau pour regarder dehors,
« Jamais rien se passe », un petit quelque chose...
Si quelqu'un, par hasard, se trompera de « port »,
Tapera à la porte, fabriquera la pause...

Alors, nous parlerons de tout ce qui se passe :
« Du temps, de la vie chère, des ceux qui nous oublient...
Et le temps fout le camp, et ce temps-la nous casse.
Voyez ! Même les nôtres sont occupés, pardi !

Nous n'avons que le droit d'aborder le passé,
ELLE avait un mari, et puis il est parti ;
Laissant ses souvenirs, si lourds, pour en pleurer.
Et la vieille se plaint de rester seule en vie...

Et ce corps, en souffrance, n'offre plus d'intérêt...
Il reste un petit coin, face à la cheminée,
Où des photos, jaunies, et quelques fleurs, séchées,
Tombent en particules de poussières effacées.

Tout demeure en attente...L'attente persécute.
ELLE froisse un mouchoir dans ses doigts tremblotants.
Seule...et la grande armoire, qui la tue, l'exécute.
Alors... »ON LA DÉCIDE », poussée par les enfants.

ON signe des papiers, ON prépare un bagage...
Ho, ces larmes qui brulent en quittant cet « avant »,
Pour essayer de croire que la faute est bien l'âge.
Les siens font des projets, et la Maison se vend.

L'hospice la bafoue du peu de temps à vivre.
ELLE, formule un vœu : « Que la mort me délivre ».