André Laugier
Messages : 7157 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 82 Localisation : Marseille
| Sujet: La poésie lyrique (Marius LAUGIER) Lun 11 Mar - 18:59 | |
| Marius LAUGIER
LA POÉSIE LYRIQUE
J’ai lu Montaigne, Shakespeare, Rabelais dont il s’inspire, Les bons comme les mauvais, Les grands, les petits poètes, Les histoires, les bluettes, Enfin, ce que je pouvais.
Passant par l’esprit classique, Altéré d’antiquité, J’ai scandé cette musique Dans un air de bucolique Près de la réalité.
Disparaissez, mes émules, Virgile, Horace, Chénier ; Fuyez avec vos férules, Vos remontrances sont nulles, Vous ne pouvez le nier.
Enfourchant, d’un bond, Pégase, Je demeurais en extase En présence d’Apollon Qui me tendit une lyre, Avec son royal sourire, En m’appelant par mon nom.
Au pied de son trône immense Je remarquai la présence De Schiller, Goethe et Byron, D’Hugo, Musset, Lamartine, D’une pléiade divine De poètes en renom.
La cohorte romantique, Jeune, donnait la réplique Au colossal monument Classique en sa pure forme Dont quelque chose d’énorme Choquait son tempérament.
Les trois unités, dit-elle, En dilatant la prunelle, C’est beau, mais il ne faut pas Qu’avec leur dédain superbe, Sous les pieds, me coupant l’herbe, Me fauchent pour le trépas.
Otez, supprimez ce lange Qui donne une forme étrange A ce corps enveloppé D’une fine bandelette, Montant des pieds à la tête, Dont il est encore drapé.
Il faut qu’il se sente libre : Sous la main qui le délivre, Fécondant ses qualités, Donne au monde se mesure, Et pendant longtemps l’assure D’autant de réalités.
Ne prolongez pas le doute, Lorsque votre oreille écoute, L’œil tourné vers l’avenir : Ayez foi dans l’espérance Où l’âme, seule, s’élance Sans pourvoir y parvenir.
Poursuivez cette lumière, Qui ferme votre paupière, Avec les yeux de la foi ; Montez, montez vers la source, N’arrêtez pas votre course Pour vous demander pourquoi.
L’éternité vous commande De ne faire de demande Que vous ne soyez admis, Confondu dans le système Où va tout ce que l’on aime Quand le bon Dieu l’a permis.
Et si le doute demeure Même au seuil de leur demeure, Si les convives néants N’ont plus une forme humaine, Il faudra fuir leur domaine, Revenir vers les vivants,
Inculquer dans leur mémoire Que la mort n’a plus d’histoire, Qu’à sa borne tout finit : Mausolée ou pyramide, Simple tombeau, terre humide. Dieu, quand même, les bénit.
Écrit à Marseille, le 19 mai 1950.
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