Les mots de décembre

Paysage d’hiver
L’hiver s’en vient déjà avec grande froidure
La gelée du matin fraîchit le beau coteau
Qui frissonne soudain couvert d’un blanc manteau
De flocons de neige posés sur sa bordure

Dans le ciel étoilé, Monsieur Noël endure
Le souffle du blizzard qui geint en boqueteau
Il porte les cadeaux grimpant sur le faîteau
Des maisons endormies, la coutume perdure

Les enfants sont blottis près du joli sapin
Où reposent sabot ou joli escarpin
Afin d’y déposer de tendres papillotes

Mais dans les ramures siffle encore le vent
Sa longue litanie fait s’assoupir les hôtes
Des petites maisons qui rêvent de l’avent
Lucienne le 05.12.2016

C’est bientôt Noël
Les flocons de neige dans la gelée de l’aube
Semblent des diamants au soleil qui s’endort
Car la rude froidure est en total accord
Avec Monsieur Hiver, l’automne se dérobe

C’est l’avent aujourd’hui à chaque coin du globe
Les cadeaux sont blottis sous le beau sapin d’or
Brillent les étoiles dans chaque petit port
Qui frissonne à l’autan, au mistral qui enrobe

Les frêles ramures cachées sous les auvents
Craquèlent et se brisent poussées par les forts vents
Qui gémissent sans fin vers les blanches montagnes

Mais les cœurs sont en fête en veille de Noël
Les âtres flambent fort dans les belles campagnes
S’apprêtant au festin de ce rite annuel
Lucienne le 05.12.2016

Potion de jouvence ?
Dans le ciel hivernal, frissonnent les étoiles
C’est signe de froidure et de neige en flocons
Noël s’en vient déjà et de nombreux balcons
Brillent comme cadeaux plus jolis que des toiles

Les vieux se blottissent devant l’âtre du poêle
Se réchauffant les mains, remplissant des flacons
D’alcool de génépi en grands secrets abscons
Qu’ils ne divulguent pas, qu’ils cachent dans des voiles

La gelée de l’aube les verra ivres morts
De ce breuvage ancien servant de réconforts
Pour les jours à venir dans le froid de décembre

Et dans les ramures que le givre blanchit
Quand le vif de l’hiver en tempête se cambre
Las les vieux s’endorment dans cet air qui fraîchit
Lucienne le 05.12.2016

La nuit de Noël
Dans la gelée du soir, tous les enfants se couchent
Bien blottis dans leur lit à la chaleur des feux
A frissonner encor en pensant à leurs jeux
Ces superbes cadeaux qu’il ne faut pas qu’ils touchent

Tardant à s’endormir, les bruits les effarouchent
Le bris des ramures les rendent si peureux
Qu’ils en oublient presque l’étoile dans leurs yeux
A chercher le sommeil, les ouïes ils se bouchent

Dehors les vents du nord commencent à faiblir
La froidure revient sous les toits s’établir
Et des flocons de neige enduisent les façades

Lors dorment les enfants au calme revenu
Demain est jour de fête en joyeuses bourgades
Enfants rêvez en paix, Noël est advenu
Lucienne le 06.12.2016

Le loup solitaire
La gelée du matin apporte la froidure
Sur la plaine du lac blotti au creux du mont
De délicats flocons arrivent en amont
De la belle vallée où le vent vif perdure

Les fines ramures plient sous la neige dure
Et le loup esseulé qui vient du Piémont
Se sustente à peine, plus fier que rodomont
A rechercher sa proie dans les sacs à ordure

Noël n’est pas pour lui, il n’y a de cadeau
Pour la bête affamée, pas même un outardeau
Sur le lac endormi par le gel de décembre

Alors il s’en repart comme il était venu
Suivant son étoile dans le froid qui le cambre
Il se sent trop frustré de l’hiver advenu.
Lucienne le 07.12.2016

Le chasseur de bois,
Lorsqu’arrivent l’hiver et les flocons neigeux
Noël n’est pas bien loin devant les vives flammes
Qui calment la froidure et endorment les âmes
Blotties devant l’âtre hors du ciel orageux

La neige tombe drue, les chemins sont fangeux
Et la gelée du soir quelques biches affame
Frissonnant dans le vent au loin un daguet brame
Pris dans les ramures d’un cerf trop ombrageux

Les bois cliquettent fort au silence de l’aube
De vouloir la femelle, aucun ne se dérobe
La lutte est forcenée dans le petit matin

A faire leur combat, ils en oublient l’aurore
Les faons sont aux abois du retour de Martin
Le chasseur aguerri que la gloire dévore.
Lucienne le 05.12.2016

L’inspecteur dans le monde interlope,
Dans la froidure de l’aube, l’inspecteur marchait d’un pas rapide en direction de la ville. Il n’était pas très content ni volontaire. Il s’était endormi tôt sur le matin et avait été réveillé en sursaut par son téléphone portable. C’était la gendarmerie du coin qui l’appelait pour un double assassinat commis dans les quartiers sensibles. La neige maintenant tombait à gros flocons. Les étoiles du ciel avaient disparu, cachées par une nappe de brouillard laiteuse. Le fin limier frissonnait dans son trench-coat et il avait hâte d’atteindre la caserne pour se blottir à la chaleur des radiateurs. La gelée crissait sous ses pas et les ramures des arbres se courbaient au poids de la neige. Ce jour était veille de Noël et il n’avait préparé aucun cadeau : manque de finance très certainement et d’idée aussi. Il n’aimait pas ce genre de fête, trop commercialisée et de plus en plus difficile à gérer pour les plus démunis dont le nombre grossissait en permanence. Il avait du mal à s’amuser quand il pensait à la misère aux portes de la ville. Il était évident que les pauvres s’appauvrissaient et n’avait pas même un casse-croûte à se mettre sous la dent, pas de toit pour s’abriter, pas de travail, souvent plus de famille ni d’amis à part ceux de la rue, juste quelques bouteilles de vin pour se réchauffer un peu. Et justement, les meurtres concernaient deux de ces marginaux. Pour l’inspecteur, l’affaire était déjà entendue ; il s’agissait certainement d’une bagarre qui avait mal tournée. Mais l’heure n’était pas aux supputations et il atteint au pas de charge le commissariat. Il fut reçu aimablement par son homologue d’un bonjour chaleureux et d’une tasse de café bien chaude. Son alter ego lui raconta brièvement le fait-divers. Il s’agissait de deux SDF retrouvés tués par arme blanche retrouvés sur le quai du port au petit matin. Pas de trace de lutte évidente ni de lésions de défense : à n’en pas douter, ils avaient été abattus par surprise pendant leur sommeil. Il serait difficile de trouver le ou les coupables dans ce monde du silence et du non-dit. Ces gens-là ne causaient pas avec le reste de la population. Ils s’étaient mis peut-être volontairement au ban de la société. L’inspecteur avait déjà eu affaire avec des clochards et il savait pertinemment trouver les bons arguments pour délier les langues, même les plus fermées. Quand le commissaire eut fini de raconter l’évènement sordide, l’inspectant ne dérogeant à ses règles, annota vite fait son agenda de poche pour n’oublier aucun détail. Puis les deux hommes se dirigèrent vers le quai du port pour essayer d’en savoir un peu plus sur les deux hommes assassinés. Le commissaire laissa son homologue mener l’enquête et l’interrogatoire des personnes présentes. Ce dernier connaissait ce monde interlope de la rue pour y avoir élucidé plusieurs enquêtes avec succès. Il était très bon psychologue et fort intuitif. Il maniait ces questions à la perfection, sans heurter ni effaroucher l’interlocuteur : il arrivait toujours à ses fins. Il savait tourner autour du sujet sans poser de questions directes ni personnelles qui pouvaient braquer le sujet. Et il eut gain de cause encore une fois. Les deux victimes s’appelaient respectivement Marcel Touchard et Victor Gomez. Ils vivaient sous les ponts depuis une quinzaine d’année, vivaient du RSA et s’étaient abouchés avec trois autres clochards très vindicatifs. C’était la guerre du territoire depuis leur arrivée et des querelles en permanence à coups de culots de bouteille, de madriers trouvés sur le port, de pierres desserties du pavé, de barres de fer et autres objets contondants. Il ne passait pas un jour où il n’y eut grosse dispute. Les deux victimes étaient devenues des souffre-douleur. Trop avinés pour se défendre, ils supportaient les coups sans mots dire et se laissaient dépouiller de leur argent mensuel et de leurs clopes. Mais l’affaire avait tourné court : les deux hommes s’étaient regimbés pour une fois et cela avaient déplu aux trois lascars. Des coups de couteau mortels avaient été portés alors qu’ils dormaient. Ils étaient morts dans l’instant sans possibilité de se défendre.
Ne restait plus aux policiers qu’à retrouver les coupables évaporés dans la nature. C’était du ressort de l’officier de police. L’inspecteur avait terminé son travail : il pouvait aller se recoucher au chaud pour finir sa nuit. Il avait sauvé son jour de Noël !
Lucienne le 08.12.2016

L’amour est de passage
Les flocons de neige recouvraient les ramures
Des pinèdes gelées par vents qui soufflaient fort
Enveloppant de froid, de givre et d’inconfort
Le superbe trois-mâts qui bordait les amures

L’hiver s’en revenait de ses grandes froidures
Mais le vieux loup de mer en abordant le port
Frissonnait de plaisir à penser au transport
De son cœur amoureux oubliant ses gelures

D’étoiles dans les yeux en regard bienheureux
Il voulait que Noël fût blotti dans le creux
De tous les corps transis que la foi abandonne

Alors s’endormiraient les maux dans des rondeaux
Glorifiant l’amour en désir qui bourdonne
Leur offrant le bonheur en bien tendres cadeaux
Lucienne le 09.12.2016

Un Noël en enfer
La froidure du vent frissonne les étoiles
Du sapin décharné là-haut dans le jardin
A ce blanc cotonneux du givre du matin
Où tressaille l’enfant presque nu sous ses voiles

Les parents vivent là blottis devant les poêles
Quand la gelée rougit leur teint incarnadin
Les esprits se font las au chemin clandestin
Pour échapper au feu qui pénètre les moelles

Ce soir fête Noël et leur plus beau cadeau
Serait de s’endormir sans l’horrible fardeau
Des balles qui sifflent par-dessus la muraille

Même les ramures souffrent de cet enfer
Alourdies de flocons, brisées par la mitraille
De ces feux trop nourris, de ces canons de fer
Lucienne le 11.12.2016

Solitude
A la gelée d’hiver, le parc s’est endormi
Blotti dans les allées, un petit banc frissonne
Il se trouve bien seul et quand la cloche sonne
Se réveille en sursaut au vent enfin calmi

Mais des flocons de neige ont lentement blêmi
Ses veines de bois brun où la gelée festonne
Du fil de dentelle que le soleil laitonne
La douceur de ses rais y fait doux tatami

Les ramures des ifs de mille feux scintillent
Décorées pour Noël où quelques cadeaux brillent
De belles étoiles luisent au firmament

L’heure est à la fête quand l’allée se déserte
Lors dans la froidure, le banc est en tourment
A languir le printemps sur son assise offerte
Lucienne le 12.12.2016

Dans le froid de l'hiver



Ce jour l'hiver s'en vient sur la tendre ramure
Où la neige en flocons dépose son manteau
Sur le toit des maisons, sur le bord du coteau
Qui frissonnent soudain gelés par la froidure

La bise s'est levée sur la pâle nature
Qui s'endormait blottie sous ce blanc paletot
A se laisser bercer par le clair lamento
Du vent qui soufflait frais venant de la pâture

Les volets des maisons se ferment peu à peu
Les enfants se lèvent s'approchant du grand feu
Profitant de Noël pour faire la grand fête

Les étoiles aux yeux, ils savourent l'instant
A ouvrir les cadeaux, du bonheur plein la tête
Ce soir ils sont heureux hors du froid persistant
Lucienne le 16,12,2016

Le retour de Noël


La froidure du vent mordille mon visage
Et je vais me blottir à l'abri d'un muret
Qui jouxte la maison où je tombe en arrêt
En face d'un vieux monsieur qui me dévisage

Il semble frissonner en ce froid paysage
Dans son habit rouge, son air est guilleret
ll porte des cadeaux dans un joli coffret
Que des flocons neigeux enrobent au passage

Lors devant mon regard quelque peu endormi
Il file dans le ciel par le mur renformi
Touchant les étoiles, flirtant avec la lune

Quand dans les ramures, la gelée s'en revient
Noël est de retour et la campagne brune
Brille de mille feux dans le vent qui s'en vient
Lucienne le 17,12,2016