Les Deux Cortèges
Deux cortèges se sont rencontrés à l’église.
L'un est morne : il conduit le cercueil d’un enfant ;
Une mère le suit, presque folle, étouffant
Dans sa poitrine en feu le sanglot qui la brise.
L'autre, c’est un baptême. Au bras qui le défend
Un nourrisson gazouille une note indécise ;
Sa mère, lui tendant le doux sein qu’il épuise,
L'embrasse tout entier d’un regard triomphant.
On baptise, on absout, et le temple se vide
Les deux femmes alors, se croisant sous l’abside,
Échangent un coup d’œil aussitôt détourné ;
Et, merveilleux retour qu’inspire la prière,
La jeune mère pleure en regardant la bière,
La femme qui pleurait sourit au nouveau-né.